
Éva a lu pour vous ..
Chroniques littéraires
Les gardiens de la lagune
Viviane Moore
10/18 Grands Détectives
Janvier 2019
336 pages
Polar historique
Chronique
17 décembre 2019

Certains titres de « La saga de Tancrède le Normand » sont évoqués dans ce texte.
Un roman policier historique dans la Venise du XIIe siècle, débutant par la présentation de la sérénissime et particulièrement du quartier de la Piazza San Marco, sera forcément passionnant et dépaysant. Car tout est différent de ce que nous connaissons, du palais des doges encore dans les limbes du futur, comme les ponts et tout l'urbanisme de la cité si souvent décrite dans des romans plus souvent situés pendant la Renaissance.
J'ai adoré suivre les protagonistes dans les ruelles, sur les îles, dans les demeures, sur les bateaux et barques en jonc, au marché, dans les palais d'inspiration byzantine, à la cour du doge, à sa table ou dans son intimité. J'ai littéralement avalé ce roman sans pouvoir m'arrêter alors même qu'une coupure de courant sur mon quartier m'obligeait à lire à la lueur des bougies, hasard providentiel.... Le retour à la modernité fut difficile, je l'avoue.
Après ce tour du décor, nous assistons à une traque dans le quartier pauvre du Zattere et au meurtre d'un jeune homme, dit Andrea l'égyptien, par un représentant de la haute société vénitienne accompagné de deux sbires...
Enfin, c'est l'arrivée de Sicile d'un bateau très attendu par tous, et en particulier par le fils du doge. En effet, après de nombreuses péripéties plus dramatiques les unes que les autres, enfin, Hugues de Tarse et son épouse Eleonor de Fierville débarquent avec leurs deux enfants et leurs gens de maison, sains et saufs, prêts à commencer une nouvelle vie. Une des maisons du doge est mise à leur disposition et bien vite Hugues se rend auprès de ce dernier qui souhaite lui donner une mission. Voici notre héros conseiller de l'homme le plus puissant de Venise lancé aux trousses d'un ou plusieurs tueurs....
Les morts se multiplient, la brume et le mystère prennent possession de la cité, le danger et l'angoisse planent sur tous.
Une installation en fanfare pour notre couple d'amoureux, enregistrant la moindre information, le moindre détail, tant sur le plan des évènements passés, des liens qui unissent chaque acteurs du drame, que de l'architecture et des us et coutumes.
J'ai adoré ce roman qui regroupe toutes les qualités que j'attends d'un tel ouvrage. Une visite extraordinaire de Venise, une profonde envie d'y retourner vite... Une réussite !
Extraits : « - Chez nous, messire, on dit que la brume est le souffle de la Bête. Elle vit tapie dans les profondeurs boueuses de la lagune. D'autres affirment que c'est un dragon, d'autres que c'est la Bête de l'Apocalypse. Quand elle est en colère, le brouillard jaillit des flots et nous enveloppe d'un manteau glacé qui colle à la peau.....
Le chevalier chercha dans sa mémoire des bribes du texte de Saint Jean : "... Je vis monter de la mer une bête qui avait dix cornes et sept têtes, et sur ses cornes dix diadèmes, et sur ses têtes des noms de blasphème. »
... Si la Bête représentait l'argent et le commerce sur lesquels ces derniers voulaient asseoir la puissance de la Venise future, les gardiens de la Lagune seraient-ils suffisants pour contenir son appétit et ses envies de destruction ?