Éva a lu pour vous ..
Chroniques littéraires
Les derniers jours de Rabbit Hayes
Anna McPartlin
Cherche Midi
2016
343 pages traduites par Valérie Le Plouhinec
Roman
Chronique
2 janvier 2018
Ce roman tragi-comique est comme la couverture, beau, le fond est sombre rehaussé de couleurs vives et de fleurs joyeuses symboles de vie. Donc un bel objet en soi. Préparez tout de même la boîte de mouchoirs car là on n'y coupe pas, que ce soit d'émotion et de tristesse autant que de rire.
Difficile d'écrire un livre sur les neuf derniers jours de Mia " Rabbit" Hayes atteinte d'un cancer du sein en stade IV. Anna McPartlin fit d'abord une carrière dans le stand up, ceci explique cela. Style percutant, drôle, direct limite cru, imagé, exit le larmoyant facile, bienvenu le drame à l'irlandaise sans faux semblants et langue de bois. Du pragmatique, du tendre, du bouleversant, un sourire triste qui s'accroche au visage. Hors de question de s'apitoyer, de toute façon la situation est déjà suffisamment grave.
Alors oui le début fait craindre le pire puisque Molly, septuagénaire triomphante et de caractère, accompagne sa fille dans une clinique de soins palliatifs. Après des années de lutte contre cette saloperie de cancer, Rabbit perd la bataille. Métastases et atteinte des os, c'est fini.
Donc neuf petits jours pendant lesquels nous allons l'accompagner mais aussi toute sa famille, composée du père Franck, du frère Davey, de la sœur Grace mariée et mère de quatre fils, sans oublier la plus essentielle aux yeux de Rabbit, sa fille de douze ans, Juliet. Toute aussi primordiale est la meilleure amie d'enfance, Marjorie, toujours le mot juste pour rire et dédramatiser.
Sauf évidemment que, cette fois, la faucheuse attend, qu'il n'y aura pas d'échappatoire, il va falloir affronter l'inéluctable. Tout le chemin de croix jusqu'à ces ultimes heures a été raconté par Rabbit, journaliste, dans son blog : La joie de la rémission après une mastectomie du sein gauche, puis la rechute, les métastases...
Là encore l'auteure n'édulcore pas, sans tomber non plus dans le trash. On admire le courage de tous, la malade, la fille, toute la famille, le personnel soignant.
En parallèle, l'enfance, la jeunesse et le grand amour de Rabbit pour son Johnny reviennent comme des flashs causés soit par les médicaments, soit par une nécessité de l'inconscient de faire lâcher prise, enfin, pour accepter de passer à l'étape suivante.
La question de la religion, de la croyance en une autre vie sont abordés également avec délicatesse.
C'est le mot qui me reste en fin de compte la Délicatesse. Beau, mêlant crudité des faits et onirisme. Un livre qui me restera en mémoire, c'est certain.