top of page
IMG20230707173456_edited.jpg

Éva a lu pour vous ..

Chroniques littéraires

Les Dames de Fontanges

Albert Ducloz

De Borée Terres d'écriture

13 janvier 2021

272 pages

Historique

Chronique

12 janvier 2022

« Un conte où le courage des paysans s'oppose au mépris des nobles. »


Un conte bien noir, un thriller historique également sur fond de jacqueries, de désespoir d'un peuple, de paysans, hurlant leur haine contre l'injustice et la cruauté des seigneurs. On pourrait se croire en une période moyenâgeuse tant les descriptions de la survie quotidienne de labeurs et de malheurs de ces pauvres gens sont terribles. Les conditions d'existence sont innommables. Et pourtant, l'action se déroule en cet été brûlant de 1661 : Louis XIV est roi depuis peu, éloigné des réalités, fort mal informé, sur son piédestal auto-proclamé.


Le feu est mis aux poudres à la suite de la mort d'un jeune garçon renversé par un cavalier. Une interdiction royale pour les seigneurs de traverser, lors de chasses à courre, les champs au moment des travaux, remontant au grand père du monarque, n'est toujours pas respectée par cette aristocratie qui se croit tout permis. C'en est trop.


Les villageois se révoltent sous la direction d'anciens combattants devenus paysans. Les rejoignent des contrebandiers armés et aguerris. Le marquis de Fontanges, son épouse et leurs invités sont bien loin de se douter de ce qu'une colère longtemps réprimée, devenue fureur à force de mutisme et de souffrance, peut accomplir.


Pris entre les deux, un enfant innocent est piégé. Celui des Seigneurs de Fontanges. Ceux-ci vont-ils comprendre que le vent tourne, que celui qui se lève deviendra tempête et annonce déjà la fin de certains privilèges de leur caste ? La reconstitution détaillée du quotidien extraordinairement difficile et cruel de ce microcosme villageois au pied du pays de Salers, comme coupé du monde extérieur, soumis aux caprices de sociopathes de la pire espèce sous la magnificence de leurs habits, ne peut vous laisser indifférent. Le courage incroyable de ces humbles qui cette fois crient à l'injustice, non plus.


J'ai été également très intéressée par l'évocation du rôle des béates, " femmes qui avaient pour mission d'assurer en milieu rural, l'aide aux parturientes, le catéchisme, l'instruction des enfants, l'assistance aux malades ". La béate de ce roman est dentellière à ses heures, car non rémunérée et vivant dans un grand dénuement comme ses voisins. Elle est sous l'autorité du curé et donc de l'Eglise ; elle est intouchable, ayant fait vœu de chasteté et de pauvreté.


L'auteur évoque aussi à nouveau Les Dames blanches qui furent les héroïnes de son ouvrage de 2013 aux Éditions de Borée. Des femmes mystérieuses, douées du pouvoir de " couper le feu ", vivant avec leurs compagnons charbonniers dans des clairières au milieu des forêts.

Avec ces figures presque magiques l'impression d'être revenu au temps de Merlin l'enchanteur est accentuée, en ce pays où la plus triviale réalité peut être chassée par le merveilleux.

Et les protagonistes de ce récit épique auront besoin de toutes les forces terrestres et semble-t-il "surnaturelles" pour se sauver de la vengeance des seigneurs de Fontanges sans foi ni loi. Mais qui sont ces dames de Fontanges évoquées dans le titre ?


Un très beau livre, haletant, qui vous fera frissonner de peur et de révolte, rendant hommage à tous ceux pour qui le mot « impossible » est inacceptable et qui se battent pour leur liberté et la justice.

Quatrième de couverture

Nous sommes au début du règne de Louis XIV, à Fontanges, petit village sis au pied de la citadelle médiévale de Salers, dans le Cantal Au cours d'une chasse à courre donnée pour ses invités par le marquis de Fontanges, le cheval du jeune baron François de Vic, amoureux transi de Diane, la marquise, renverse et blesse mortellement le jeune Bertrand, fils d'un couple de paysans. Le garçon ne survit pas Les moissonneurs se révoltent et enlèvent le marquis et la marquise pour les obliger, devant tous les villageois réunis, à traverser le village, pieds nus et en chemise, à implorer le pardon des parents de Bertrand. Sitôt libéré par les jacques, le marquis fait appel aux troupes royales pour une vengeance impitoyable. Bien
mal lui en prendra.

bottom of page