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Éva a lu pour vous ..

Chroniques littéraires

Les Cendres d'Angela

Frank McCourt

Belfond

1997

429 pages traduites par Daniel Bismuth

Autobiographie

Chronique

12 juin 2020

Titre original : Angela's Ashes

Les Irlandais ont un talent fou pour réussir à nous faire rire et pleurer en même temps dans les situations les plus indicibles, catastrophiques ou extraordinaires.

C'est un petit garçon qui s'adresse à vous en employant le présent et le Je.... Et vous allez grandir avec lui, si courageux, si patient, si conscient, si fragile, jusqu'à ses dix neuf ans où enfin sa rage et sa colère vont s'exprimer face aux injustices de cette enfance misérable, face à la faiblesse et la résignation de sa mère Angela, mariée à un irlandais du Nord alcoolique et grotesque dont elle accepte trop, au détriment de ses enfants. Et finalement le retour espéré, fantasmé vers New York, où il est né, et dont il avait été exilé à quatre ans afin de rejoindre cahotiquement la terre natale de sa mère.


Il respire avec joie et soulagement l'air de l'Amérique en cette fin de biographie composée chronologiquement d'anecdotes et d'histoires truculentes ou terribles, qui nous font éclater de rire ou nous brisent le cœur, racontant sa vie à Brooklyn puis Limerick avec ses yeux d'enfant. Des yeux qui à force de voir ce qu'ils ne devraient pas voir sont malades, infectés de cette poussière de charbon, de misère, de malheur. Si Angela avait repris sa vie en main sans plus intégrer son époux au tableau, que de souffrances auraient été évitées.

Mais cependant pas une fois, sauf brièvement à la fin, Frank ne tombe dans le piège de l'aigreur, de la haine, du désir de revanche et de faire mal. Au contraire, il est présent auprès de sa mère et ses frères, il endosse des responsabilités qui ne sont pas de son âge, même à cette époque.

Son combat contre la pauvreté, les problèmes d'alcool de son père et les tentatives de sa mère pour garder la famille unie, sont à l'instar de l'existence de tous les irlandais pauvres sous domination anglaises pendant plus de huit cents ans.


Le désespoir du père se noyant dans l'alcool tout en braillant des chansons du pays trouve son origine dans cette colonisation ignominieuse par les anglais qui considèrent les irlandais comme des inférieurs. Malachy n'arrive pas à surmonter sa honte, sa colère, mais son fils, lui, va pouvoir le faire. Ce fils exceptionnel ne va pas le condamner et gardera en mémoire les instants, au petit matin, partagés avec son vrai papa, le gentil, le bienveillant.


La saga familiale ici retracée pendant les premières années de vie de Frank McCourt dresse ainsi le portrait d'un monde disparu, d'une société irlandaise dans une petite ville catholique avec brio, humour, ironie, tendresse, précision. l'Eglise omniprésente est bien peu miséricordieuse, ajoutez au tableau les queues pour obtenir de l'aide auprès de personnes qui vous rabaissent, le chef de famille qui tente de garder un travail, réussissant pour peu de temps à garder le bateau à flot, mais qui soudainement est repris par sa dépression et son envie irrépressible de se noyer, d'oublier... Et puis la Mort en permanence présente, fauchant les enfants, les miséreux, les hommes à la guerre lointaine...

J'ai d'ores et déjà trouvé le deuxième opus de cette trilogie, " C'est comment l'Amérique ?" ainsi que le troisième " The teacher, un jeune prof à New York". Nous allons donc pouvoir découvrir la suite des aventures de Frank et des siens écrites alors qu'il avait plus de 66 ans !


Ce livre a remporté le prix Pulitzer de la biographie ou de l'autobiographie et fut adapté au cinéma en 1999 par Alan Parker sous le même nom. La suite du livre, « C'est comment l'Amérique? », a été publiée en 1999, et a été suivie par « Teacher Man, un jeune prof à New York » en 2005.

Quatrième de couverture

« Quand je revois mon enfance, le seul fait d'avoir survécu m'étonne. Ce fut, bien sûr, une enfance misérable : l'enfance heureuse vaut rarement qu'on s'y arrête. Pire que l'enfance misérable ordinaire est l'enfance misérable en Irlande. Et pire encore est l'enfance misérable en Irlande catholique. »

« Ainsi débutent les incroyables Mémoires de Franck McCourt, né à Brooklyn en pleine Dépression, de parents irlandais récemment immigrés : sa mère, Angela, vient du Sud, et son farouche patriote de père, Malachy, du Nord. Leur première rencontre, un "tremblé de genoux", annonce une longue série de grossesses pour Angela. Mais il n'y a pas d'argent pour nourrir les enfants, et les rares fois où Malachy travaille, il boit son salaire aussitôt après.
Quand meurt la petite sœur de Franck, Angela et Malachy, accablés de chagrin, décident de retourner en Irlande. Mais les ruelles crasseuses et humides de Limerick font rétrospectivement paraître Brooklyn comme une sorte de paradis. Avec des pièces de pneus de bicyclette clouées à ses chaussures en guise de semelles, une tête de cochon pour le repas de Noël et du charbon ramassé sur le bas-côté des routes pour allumer le feu du foyer, Franck supporte la plus misérable des enfances - mais survit pour raconter son histoire avec exubérance et, chose remarquable, sans la moindre rancune.
L'inoubliable récit de McCourt réchauffe le cœur aussi facilement qu'il le brise. Superbement écrit, Les Cendres d'Angela a été salué comme un véritable phénomène littéraire. »

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