Éva a lu pour vous ..
Chroniques littéraires
Les échos du souvenir
Albert Bertran Bas
City Editions
12 avril 2023
448 pages traduites par Martine Desoille
Historique
Chronique
25 avril 2023
« Mon nom est Homère et j'ai perdu ma famille pendant la guerre. À quinze ans, j'ai pris le chemin de l'exil et traversé les Pyrénées à pied. Orphelin, j'ai grandi dans les rues de Barcelone et frôlé la mort dans les cachots de l'Uruguay. J'ai trinqué avec Hemingway, salué Hitler et fait l'amour dans la voiture de Franco. On m'a tiré dans le dos, on m'a tiré dans le cœur. J'ai subjugué le Molino et reçu un baiser de la belle Dorita. J'ai tenu dans ma main le couteau de Sitting Bull. Je suis allé là où le vent meurt, j'ai dormi parmi des trésors perdus. On m'a fusillé. J'ai inspiré des génies, j'en ai croisé quelques autres. J'ai bu jusqu'à en tomber et ri jusqu'à en pleurer, j'ai volé, j'ai tué. Et je me suis épris. Trois fois. À chaque fois de la même femme. Cette histoire est mon odyssée. »
Stupeur admirative en refermant ce premier roman de toute beauté. Immense histoire d'Amour et thriller de guerre terrifiant !
Décidément j'aime la littérature catalane ! Je ne peux que constater combien Barcelone inspire aux auteurs les plus variés et essentiels à nos cœurs des textes incontournables, superbes, habités par la Passion, la Poésie, l'Amour. Ainsi, grâce à ces trois armes, pouvons-nous poursuivre notre lutte contre la barbarie, la sauvagerie, la malhonnêteté, en un mot le Mal absolu.
Albert Bertran Bas est dans la lignée de Lluis Llach, de Carlos Ruiz Zafon, de Aro Sainz de la Maza... Je me sens si pleine de gratitude envers lui !
Il nous emporte dans un monde de violence absolue, de terreur, un enfer créé de toutes pièces par des fous en mal de pouvoir, et, de cette tragédie sans âge, il réussit pourtant à nous plonger dans un univers onirique, pur, ressuscitant en nous la volonté de croire en l'absolu, d'espérer le triomphe du Bien sur l'obscurité. Nous assistons tout au long du déroulement de ce "conte initiatique" à la lutte de Saint Michel terrassant le Dragon. Et il n'use pas d'une épée mais de l'Amour absolu, trois fois révélé à notre héros, Homère le bien nommé, pour la même femme, Chloé.
Guerrière, opiniâtre, entêtée, elle est celle pour/par qui le jeune homme va se dépasser, se remettre en question, s'oublier. Le contexte de la guerre civile espagnole et du franquisme est important, évidemment. Il nous fait frissonner mettant en scène nombre de sadiques et de serial killers, dont un particulièrement, qui n'aura de cesse de traquer Chloé et Homère inlassablement. Une figure monstrueuse symbolisant à elle seule tous les criminels de guerre et génocidaires.
Mais j'insiste sur le fait que réellement ce texte est intemporel, universel.
Que la beauté puisse toujours émerger de la boue est un miracle fabuleux. L'auteur vous offre l'occasion d'en être le témoin privilégié. Bravo également à la traductrice.
Heureuse je suis ! J'attends le prochain opus de cet écrivain en devenir certes, mais dont le talent mature est d'une évidence aveuglante.