
Éva a lu pour vous ..
Chroniques littéraires
Le vol de Lucrèce
Luce Marmion
Pavillon Noir Marque de Corsaire
2016
351 pages
Polar
Chronique
24 avril 2018

Si vous voulez un polar, gonflé à la testostérone du mâle Alpha au physique de Viking, aux yeux turquoises et aux tablettes de chocolat, qu'est le personnage principal Adrien Magadur, vous êtes à la bonne adresse. Non je plaisante.... à moitié.... cet ancien du 36 à la brigade des stups, aujourd'hui détective privé pour une agence ayant pignon sur rue, a une sacrée part d'ombres, beaucoup de fragilité, qui l'ont amené à consommer la came gardée dans les locaux de la police. Pas une grande idée ! Quant à se regarder dans la glace et arrêter de jouer à l'autruche, pas cap ou pas encore.
Pour lui : sa belle gueule, son intelligence, son pragmatisme, sa loyauté aussi pour ceux qu'il aime... Alice Sommeville, sa collègue d'investigation et sa fillette Marie, son ancien équipier Sofien Yabrir, ainsi que la famille de ce dernier. C'est déjà beaucoup.
Tout un groupe de personnages attendrissants, parfaitement bien décrits et campés psychologiquement. Ajoutons à cela, la gouaille parigote ou des quartiers... rafraîchissante même dans les situations les plus difficiles ou dramatiques.
Un roman policier énergique, drôle, rapide, épicé comme un bon tagine, qui nous mène de Paris à Amsterdam, à Deauville, à Londres, à Menton....
Un thriller aussi, qui d'un simple vol de tableau nous fait plonger dans un univers sombre et malsain, où la vie humaine ne vaut pas grand chose. Une clef pourtant existe pour se libérer de ce piège et ouvrir les portes, celle-ci est tracée sur l'œuvre elle-même par Cranach.
Donc une peinture célèbre, « La mort de Lucrèce » du XVIe siècle, représentant le suicide de la belle romaine après avoir été violée par un invité de son père, épisode maintes fois utilisé par les artistes et, en particulier, par Cranach dans notre histoire, a été subtilisée très adroitement à un particulier. Sa compagnie d'assurance mandate l'Agence Demorsy sur l'affaire. Son directeur désigne Maga et Alice pour la résoudre.
Une première filature de la fille, Francesca, du propriétaire du Lucrèce les mène à une mystérieuse Dolorès. Celle-ci sous couvert d'amitié avec la jeune fille étudiante aux beaux arts comme elle, arrive à s'infiltrer dans la famille et même à entretenir des relations très très proches avec le papa. Maligne, rusée et pro, elle a disparu avec le tableau remplacé par une copie. Une toute petite erreur, pourtant capitale, a trahi la substitution. Le sceau du peintre, un dragon couronné avec dans la gueule une bague. Normalement en bas à gauche du cadre, il n'est pas conforme.
Une telle copie n'a pu être réalisée que dans une ville, grâce à des technologies de pointe : Amsterdam.... Direction Gare du Nord et le Thalys...
De plus, l'attitude du propriétaire de l'oeuvre, le flou artistique qui entoure le financement de l' achat chez Christie's pour la modique somme de un million, met la puce à l'oreille de Maga. Blanchiment d'argent ? Ça pue sérieusement. Il appelle à l'aide son ami de toujours au 36 ...
J'ai beaucoup aimé cette course poursuite « virile », les moments noirs comme ceux plus humains ou "hots" . Un vrai polar dans la lignée des plus grands, actualisé évidemment, fort bien écrit, cocasse, joyeux, malgré l'obscurité qui gagne du terrain peu à peu. De belles scènes d'amitié, une valeur indispensable, de flirt, de troubles, de luttes, de rires. Une belle découverte pour ce premier thriller vraiment abouti et bien construit de l'auteure. Un deuxième est paru depuis.