
Éva a lu pour vous ..
Chroniques littéraires
Le pouvoir au féminin - Marie-Thérèse d'Autriche 1717-1780, l'impératrice reine
Elisabeth Badinter
Flammarion
2016
332 pages hors annexes et notes
Biographie
Chronique
2 décembre 2018

J'étais totalement persuadée que ce livre venait de sortir et je suis toute étonnée. Quoiqu'il en soit, il est tellement d'actualité pour nous toutes, femmes d'aujourd'hui, que s'en est troublant. Je ne connaissais cette figure illustre qu'à travers sa fille Marie-Antoinette ayant dû mener énormément de recherches et récolter beaucoup de documentations sur la dernière reine française dans le cadre de mon travail. Par deux fois, en 2006 puis en 2015, je repris ma copie, d'autant plus que de nouvelles correspondances avaient été mises en lumière. Un nouvel éclairage indispensable pour ne pas juger sans savoir de la vie d'un personnage historique qui, de par cette spécificité, tombe presque dans le domaine public, objet de toutes les interprétations fausses, pas forcément avec de mauvaises intentions d'ailleurs. Mais enfin, doit-on pour autant ne pas respecter leur vie privée et leur réputation sous prétexte que morts, ils ne peuvent plus répondre. Déjà pour Marie-Antoinette, cela me fut très pénible, c'est pourquoi j'aime particulièrement que dans ce récit, Elisabeth Badinter précise bien immédiatement les limites de son ouvrage, qui n'est pas une biographie telle qu'on l'entend. Du coup, je l'ai trouvé passionnant, aisé à lire, clair, juste, et tout à fait éclairant sur les évènements de ce temps, et ce qui advint ensuite sur le plan européen. Quelle femme !!!! Quelles force, énergie, intelligence et modernité ! Elle préfigure tout à fait la femme contemporaine mais à un paroxisme rarement atteint. J'ai adoré l'épisode où est expliqué comment, en fin stratège et parfaite comédienne, elle passe du rôle de la femme d'état "virile" à celui de pauvre victime ayant besoin de protection, afin d'obtenir les appuis et alliances indispensables à son règne, à son empire. Image du matriarcat parfaitement assumé, gestion des affaires de l'état, de politiques intérieures et extérieures avec une clairvoyance et une sûreté de jugement étonnantes, seize maternités menées à terme en même temps que toutes les batailles et guerres, un amour hors norme pour un mari adoré mais disons-le, pas vraiment à sa hauteur, des méthodes d'éducation avancées, un sens de la communication autour de la famille en son ensemble, filles et garçons à égalité, dans une représentation presque bourgeoise.... Je pourrais continuer longtemps.... Une fin de vie qui fait tout de même monter les larmes aux yeux, et une figure illustre qui devient simplement une femme de chair et de sang grâce à Elisabeth Badinter. D'ailleurs je préfère lui laisser la place.