
Éva a lu pour vous ..
Chroniques littéraires
Le lagon noir
Arnaldur Indridason
Métailié
3 mars 2016
320 pages traduites par Eric Boury
Thriller et polar
Chronique
7 avril 2017

Reykjavik 1979, pleine guerre froide, présence des américains sur Kamp Knox comme au Groenland, à Thulé et ailleurs pour soit disant surveiller les soviétiques. C'est un élément essentiel de cette histoire que cette omnipotence des USA depuis la fin de la seconde guerre mondiale jusqu'à aujourd'hui. Les islandais sont alors très divisés quant à cette « invasion » américaine.
Cependant, une partie de la population de la région travaille dans le camp militaire, ce qui crée des tensions et une ambiance très anxiogène et paranoïaque.
Ainsi quand un ingénieur Kristvin, salarié sur la base, est retrouvé mort dans le lagon bleu, les tensions sont palpables.
Entre le jeune inspecteur Erlendur et Marion enquêtrice plus aguerrie, et la hiérarchie américaine qui semble avoir beaucoup de choses à cacher, les relations seront de force, tendues. De plus, de mystérieux vols d'avions énormes US à la cargaison inconnue entre le Groenland et Reykjavik viennent encore plus multiplier les pistes pour notre tandem. Heureusement, Caroline jeune afro-américaine, ( femme et noire en 1979, situation très confortable ! ) de la police militaire va les aider à élucider ce meurtre.
En parallèle, Erlendur que l'on sait particulièrement sensible de par son passé traumatisant, cherche à comprendre la disparition d'une jeune fille Dagbjört non loin de Kamp Knox dans les années 50.
C'est une bonne histoire, très dépaysante aussi, concernant entre autres le mode de vie en Islande entre 1950 et 1980. Cette présence américaine également pour les pays nordiques est lourde de conséquences, insupportable, et a inspiré bien des oeuvres littéraires ou visuelles ( exemple la série Borgen consacrant tout un épisode à ce sujet épineux).
J'ai aussi aimé découvrir quelques particularismes, comme le fait que les femmes gardent leur nom de jeune fille après le mariage, que les annuaires présentaient alphabétiquement en premier les prénoms puis les noms, secondaires pour eux, que la raie faisandée dans de la graisse de mouton est un plat typique ( Marion a autant la nausée que moi lors de son dîner avec Erlendur qui déguste son poisson pourri, j'en ai encore des frissons) etc..... C'est le premier policier de cet auteur que je lis, je l'ai beaucoup apprécié. Le traducteur est Eric Boury ( 6 ou 7 fois est revenue l'expression « chute vertigineuse » , maladresse de l'auteur ou du traducteur ?) . 410 pages, édité par France Loisirs avec l'autorisation des Editions Métailié. L'auteur est diplômé d'histoire, journaliste et critique de cinéma, ses livres sont vendus dans 37 pays.