
Éva a lu pour vous ..
Chroniques littéraires
Le journal de ma disparition
Camilla Grebe
Calmann-Lévy Noir
2018
425 pages traduites par Anne Postel
Thriller
Chronique
16 janvier 2019

« Qui sème le vent récolte la tempête » proverbe bosniaque.
Ce thriller très réussi commence comme une averse devient orage puis ouragan tumultueux. Imprévisible, empli de fureur et de coups de tonnerre. Une toute petite ville perdue comme décor, oubliée de tous et des autorités suédoises en premier lieu. Le chômage, le désespoir y règnent en maîtres depuis de longues années. Mais pourtant dans ce lieu désert, où il n'y a rien à faire sauf boire des bières et partir en balade en voiture, le gouvernement décide d'y envoyer en résidence des réfugiés politiques, souvent bosniaques. L'incompréhension de la population est totale face à ces nouveaux venus qui bénéficient d'aide. C'est trop injuste ! Une situation insupportable telle une poudrière prête à exploser est ainsi favorisée par l'inconscience de l'État et le désespoir des habitants de souche.
Tout commence donc à Ormberg en 2009, trois adolescents, Kenny, sa petite amie Malin et un de leur copain se rendent de nuit pour boire et zoner au lieu-dit le monticule de pierres où certains disent avoir entendu les gémissements d'un nourrisson. Certainement une légende créée de toutes pièces par des ombergiens désoeuvrés. Malin s'éloigne pour satisfaire un besoin pressant, elle entraperçoit entre les fougères comme un champignon géant, mais... Évidemment la découverte est bien plus macabre.
8 ans plus tard, Malin devenue policière, est appelée à enquêter dans sa ville dont elle s'est échappée à la faveur de sa formation professionnelle. La voilà à nouveau chez sa mère et dans ce Ormberg qu'elle voulait tant fuir. Le destin s'amuse quelques fois de nos désirs. L'enquête sur le cold case de la petite fille, dont elle-même a découvert le squelette, est réouverte.
Manfred commande l'équipe formée de Andreas et Malin. Également, à la demande de Manfred, se joignent ses amis la profileuse Hanne, dont le pseudo est « la sorcière », tant elle est douée, âgée d'une soixantaine d'années, et son compagnon de dix ans son cadet, Peter.
Un dernier personnage entre en scène, Jake, adolescent mal dans sa peau, remarquablement intelligent, vivant avec son père au chômage, veuf et alcoolique et sa sœur. Il est le souffre douleur des petits caïds du lycée en raison de son côté effémininé.
Mais un soir où il s'est laissé aller chez lui à sa « passion honteuse et secrète », il voit émerger du bois qui entoure la maison une vieille femme paniquée, les pieds en sang, aux propos inintelligibles. Elle laisse tomber un carnet avant de monter dans une voiture.... Voici Jake entré dans la ronde infernale par le biais de ce journal...
Peter a disparu et Hanne est incapable d'aider ses collègues policiers. Passé, présent, tout se mélange dans la mémoire de la profileuse, mais aussi dans celle de chaque acteur de cette histoire... Une conclusion insoupçonnable, monstrueuse, comme une leçon de vie....
Extraits des notes de l'auteure :
« Nous vivons une époque obscure....
Si le village d'Ormberg que je dépeins n'a pas de réalité géographique, il existe tout de même - partout autour de nous. Peutêtre y vivez-vous sans en avoir conscience ; peut-être le traversez-vous en allant travailler ou rendre visite à votre vieille maman. Ormberg est une situation plutôt qu'un lieu- une situation qui découle d'un grand bouleversement, tel un incendie forestier qui brûle tout sur son passage.»