Éva a lu pour vous ..
Chroniques littéraires
Le Crépuscule et l'Aube
Ken Follett
Robert Laffont
17 septembre 2020
852 pages traduites par Cécile Arnaud, Jean-Daniel Brèque, Odile Demange, Nathalie Gouyé-Guilbert, Dominique Haas
Historique
Chronique
17 avril 2022
Présentation de l'éditeur :
Avant Les Piliers de la Terre...
Le Crépuscule et l’Aube revient sur l’origine de Kingsbridge, à la fin du premier millénaire.
Ouverture de ce récit :
« Avec le déclin de l'Empire romain, la Grande-Bretagne régressa. Tandis que les villas romaines s'effondraient, les Anglais construisaient des habitations de bois d'une seule pièce, sans cheminée. La technologie de la céramique romaine - essentielle pour la conservation des aliments - sombra presque intégralement dans l'oubli. L'analphabétisme regagna du terrain.
Certains qualifient cette période du Haut Moyen Âge d'âge des Ténèbres ; pendant cinq cents ans, les progrès furent terriblement lents.
Et puis, enfin, les choses commencèrent à changer... »
Voici 852 pages de pur bonheur pour tout amoureux des récits historiques et épiques, des grands romans d'amour, solidement bâtis sur une documentation que l'on imagine gigantesque ; animé par la passion de nous conter le destin fabuleux de trois personnages emblématiques, un bâtisseur, une jeune femme noble normande et un prêtre, Ken Follett réussit à nous faire appréhender, sous différentes prises de vue, la métamorphose qui s'opère en Grande-Bretagne au tournant du millénaire. Ces trois héros devront affronter la misère, l'injustice, la douleur afin de se construire un avenir meilleur, afin de se hisser vers la lumière, d'obtenir le respect et la sécurité dans un monde incertain, brutal, d'une cruauté sans borne envers les plus pauvres et les femmes.
Dans une société se situant entre christianisme et respect des règles barbares ou païennes, où l'esclavage est toujours de mise ainsi que la polygamie, où des religieux ne respectent en rien leurs vœux de pauvreté, de chasteté, d'humilité, où le Roi acculé par les attaques incessantes des Vikings a bien du mal à se faire respecter des seigneurs de provinces éloignées, où l'organisation administrative et fiscale est défaillante, où enfin la discrimination entre les êtres humains est permanente, être visionnaire, être un bâtisseur ne peut qu'agacer au plus haut point tous ceux qui profitent honteusement des faiblesses et manquements du système.
Tous, tel Sisyphe, devront inlassablement remettre l'ouvrage sur le métier, hisser une pierre énorme en haut de la montagne et trouver le moyen de l'y stabiliser afin qu'elle ne redescendent pas, inlassablement, détruisant tout sur son passage. Un trio infernal de frères aidé par quelques âmes damnées s'oppose à nos champions de la justice et du progrès. On ressent à quel point ces aïeux ont du être braves, entêtés, persévérants et intelligents pour réussir malgré tout à créer un monde meilleur, à ouvrir le chemin vers le progrès.
Un merveilleux récit impossible à lâcher, difficile à quitter et qui reste très longtemps en mémoire sitôt la dernière page tournée.
Un vibrant hommage à tous les architectes d'une société égalitaire et à tous les utopistes. Des exemples inspirants à suivre en ces temps incertains.
Magnifique ouvrage et ouverture à la saga de Kingsbridge, qui peut parfaitement se lire indépendamment des autres tomes déjà parus.
Respect !