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Éva a lu pour vous ..

Chroniques littéraires

Le cousin

Michèle Aubrière

Editions des Femmes Antoinette Fouque

11 janvier 2024

157

Roman autobiographique

Chronique

12 janvier 2024

Une histoire hors norme d'une grande banalité ! 

On croit que les monstres sont des entités extraordinaires et puis non, ils n'ont rien de rare, d'original. Les monstres sont lâches, obéissent toujours au même rituel, ont toujours le même mode opératoire, les mêmes justifications, les mêmes mensonges, les mêmes limites car oui, ce sont tous des faibles qui ne s'attaquent qu'aux plus fragiles. 


Un crime donc banal qui grossira, prendra toute la place dans la vie, dans l'esprit de Camille. Qui orientera beaucoup de décisions prises par la femme ensuite, construisant avec courage son existence, se battant quotidiennement contre les effets en écho du passé, contre l'instinct de la vigie d'hier toujours sur le qui vive, toujours en apnée au moindre soupçon de danger. Ce livre fut porté longtemps dans le cœur, le corps de l'autrice. L'enfant violée est toujours à côté de l'adulte, l'adulte est toujours l'enfant, comme si Camille s'était scindée en deux, l'une continuant son parcours vaille que vaille tandis que l'autre est figée. 

Et puis, assourdissant, insupportable, le silence..... Celui du père, des témoins, l'aveuglement de la mère... 


La solitude totale face à l'indicible, l'inconcevable... La sidération face à la violence, à l'impunité du criminel, sa façon de refaire l'histoire et de croire à sa version délirante.


Un texte court, dense, complet, recréant avec énormément de talent par le vocabulaire, le style, les dialogues, une certaine atmosphère vintage de ces années cinquante - soixante.

On se croirait dans un film en noir et blanc, c'est bluffant. Parfaitement mené de bout en bout sans tomber dans un pathos dérangeant, ce roman extrêmement personnel, intime, est également furieusement contemporain car les violences faites aux filles, aux femmes, participent d'une tragédie intemporelle qu'aujourd'hui nous refusons et dénonçons, heureusement. 

La guerrière Camille symbolise toutes les petites victimes ; une fois adulte, en regardant une photographie d'elle à 12 ans, elle ne comprend pas comment un homme, ce cousin, a pu s'attaquer à elle. Ce faisant, elle prend la distance nécessaire pour nommer le crime. Très vite, il lui faut connaître les tenants et aboutissants de ce drame, recontextualiser les faits pour trouver une sorte de paix, de libération. 


Camille est nous toutes dans sa singularité et sa ressemblance. Merci.

Quatrième de couverture

Un premier roman sensible et sans détour sur l’inceste
Après le décès de son grand frère, Camille se sent abandonnée. L’arrivée d’un cousin éloigné redonne de la joie à sa vie solitaire. Remplaçant le mécanicien de l’entreprise de son père, il est logé sur place et joue le dimanche avec la fillette. Mais ces jeux innocents n’ont qu’un temps. Elle vient d’avoir onze ans quand le jeune homme de vingt-trois ans la viole. Ces abus se répètent pendant trois années sans que la petite fille n’ose en parler. Les Trente Glorieuses apparaissent bien silencieuses concernant les viols d’enfants.
Dans une langue sensible mais n’atténuant pas la cruauté des actes décrits, Michèle Aubrière livre le récit poignant d’une enfance brisée par trois fois : la mort, le viol et le silence. Un ouvrage fort pour lutter contre ces crimes et l’indifférence qui les entoure. Car, malgré la loi, il n’y a jamais de prescription pour les victimes.

Ce qu’elle vient de vivre lui semble irréel, une séquence dénuée de sens : son cousin subitement transformé en un type bizarre et dégoûtant comme certains, croisés dans le métro, qui ont les mains baladeuses. Et l’obligeant, elle Camille, à jouer un rôle, à être sa “partenaire”. Tous deux dédoublés, radicalement “autres”, dans cette pantomime absurde. Elle s’aperçoit qu’elle ne respire pas normalement, se sent oppressée. Elle ne sait pas encore que sa vie vient de basculer. M. A.

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