
Éva a lu pour vous ..
Chroniques littéraires
Le combat de l'ombre
Walter Lucius
JC.Lattès / Le Masque
2017
412 pages traduites par Yvonne Pétrequin et Brigitte Zwerver-Berret
Thriller
Chronique
28 décembre 2018

Deuxième tome de la trilogie comprenant déjà « Un papillon dans la tempête » paru en 2016, couronné dès sa sortie du prix prestigieux Schaduwprijs (prix du meilleur roman policier aux Pays-Bas).
Walter Lucius est également scénariste, producteur et réalisateur, ce qui explique l'angle de vue particulier par lequel il décide de regarder une scène, le caractère très cinématographique de sa construction chorale, la minutie avec laquelle cette histoire a été imaginée dans les moindres détails. Un travail d'orfèvre donc pour un chef d'œuvre de thriller d'action dans les arcanes des pouvoirs politiques et économiques en quatre lieux différents de la planète : Amsterdam, Moscou, Djakarta, Johannesburg.
De la haute voltige maîtrisée, un sujet mené à son terme de main de maître, un dépaysement garanti dans une course effrénée et épuisante contre le temps, contre l'omnipotence de certains oligarques, sûrs que le monde leur appartient et que les humains ne sont que des insectes insignifiants. Sous prétexte donc d'obtenir toujours plus de pouvoir, de puissance, d'argent, ici dans le domaine du nucléaire et de l'énergie, ils sont prêts à sacrifier des vies, à mettre en place des gouvernements à leurs bottes, malgré les dangers de pollution évidents, tout en obéissant, dans une certaine mesure, à un dictateur en particulier, dans cette fiction celui de Russie.
Évidemment ce récit est un brûlot dénonçant assez clairement les exactions sur le plan mondial de grandes compagnies bien connues de tous avec la complicité de politiques un peu partout sur la planète. Cela donne le vertige au final car malheureusement ce roman est encore en dessous de la vérité.
Je souligne une scène étonnante de révolte populaire dans Djakarta où les citoyens pour défendre la démocratie se parent de blanc lors d'une manifestation pacifique où les forces de l'ordre, bien qu'ayant un arsenal de gaz lacrymogènes et d'armes à disposition, refusent de tirer et s'allient à la foule, troublant ! Et j'insiste sur la qualité de la description psychologique des différents héros de ce récit, Paul, Edward, Anya, Farah, journalistes, et des policiers aux Pays-Bas, Radjen et Esther. La fin promet une suite sur les chapeaux de roues ... À guetter...