Éva a lu pour vous ..
Chroniques littéraires
Le cartographe des Indes boréales
Olivier Truc
Métailié
2019
637 pages
Historique
Chronique
21 décembre 2019
Splendide ! J'avais été très bousculée par un roman ténébreux, fascinant, en apnée : « Les prophètes du Fjord de l'éternité » de Kim Leine... Le roman de Olivier Truc est d'une même noire beauté et facture d'exception... On doit mériter ce texte, non pas comme je le pensais par erreur, en faisant un effort pour venir à bout d'un « si » long roman, mais au contraire en s'y abandonnant, en lâchant prise.... Et alors, comme le souligne l'éditrice dans la seconde de couverture, en ayant le courage de s'oublier, de monter à l'arrière du moto-neige conduit par l'auteur à toute vitesse, le miracle s'accomplit, le temps s'efface, les frontières géographiques disparaissent, notre âme d'enfant, d'être humain, retrouve sa place... ce qui fait notre unicité, notre essence se rappelle à nous. Tout devient plus vaste, le ciel s'ouvre, les limites entre les différentes dimensions de ce monde et celui des disparus deviennent poreuses. On revient à l'essentiel.
Mais en plus d'être un récit fantastique aux qualités de chemin initiatique, philosophique, c'est aussi un grand roman d'aventures, d'action et d'amour. Je n'en suis pas sortie indemne, profondément révoltée, choquée, touchée comme toujours par les actes de bonté, de générosité, ou monstrueux, inacceptables dont l'être humain est capable.
Toute colonisation a engendré, et crée encore de nos jours, des injustices, induit des crimes perpétrés contre l'humanité sous couvert de religion, de dogmes, de civilisation. Encore et toujours, la définition de la barbarie ou de la sauvagerie est bien difficile à comprendre, à rédiger, à accepter. Original, fruit d'un travail de documentation historique énorme dans un souci de vérité, de rendre audible les voix des disparus, ce roman est un incontournable de la littérature française contemporaine... Respect !
Enfin j'ai adoré découvrir ce métier de cartographe, qui m'a toujours fascinée, et revenir au Pays Basque, cher à mon coeur. À vous de pousser la porte..... Vous voici à Stockholm face à la magnificence du navire le Vasa.... Regardez bien, un gamin vous fixe....son nom Izko....