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Éva a lu pour vous ..

Chroniques littéraires

Le Bourreau de Gaudí

Aro Sáinz De la Maza

Actes Sud Actes Noirs

Septembre 2014

672 pages traduites par Serge Mestre

Thriller Polar

Chronique

11 décembre 2021

Pour une première incursion dans le monde du thriller policier ce fut un coup de maître. Cet épisode initiant la série consacrée à Milo Malart, inspecteur de police à Barcelone, est moins crépusculaire que les suivants "Les Muselés" et "Docile" où la chute du personnage devient vertigineuse à l'instar de celle de la société toute entière, mais pose déjà les jalons d'une œuvre singulière, d'une suite de polars politiques, sociétaux, inspirée par la beauté obsédante et terrifiante, par certains aspects, de Barcelone.


D'une magnifique facture littéraire, ce texte est également une dénonciation politique des actes d'expropriation et de vol que la Ville a perpétré contre des familles afin de poursuivre la transformation de la cité ogresse avant les Jeux Olympiques de 1992 puis pour ouvrir de nouvelles voix d'accès. Comme dans toute l'Espagne, la spéculation immobilière a mené le pays au chaos, a mis des foyers à la rue, les brisant, les massacrant, les sacrifiant au profit facile, aux apparences de la cité catalane où s'étalent les joyaux architecturaux imaginés par Gaudí.


La crise économique, sociale, et donc morale frappe Barcelone de plein fouet : pendant qu'une minorité s'enrichissent, d'autres crèvent et leur cris ne sont entendus de personne... Sauf peut-être de cet écorché vif et ultra empathique Milo Malart qui ressent au plus profond de son âme, jusque dans ses os, le désespoir et la fureur des laissés pour compte.


Un être à part, réfractaire à toute hiérarchie, issu d'une famille dont les membres masculins développent la schizophrénie, il vient d'enterrer son neveu Marc, jeune de quinze ans s'étant suicidé avec son arme de service. Depuis rien ne va plus, il ne supporte plus rien et surtout pas la bêtise crasse de certains collègues et supérieurs. Enfant terrible des forces de l'ordre, il est suspendu et doit passer devant une cours.


Mais le destin se charge de le remettre en selle très rapidement. La juge Susana Cabot, amie de longue date, ancienne maîtresse, le charge d'une enquête qui met toute la cité en émoi tant le crime est épouvantable et spectaculaire. Un édile de Barcelone a été retrouvé voici quelques jours accroché à la rambarde du premier étage de La Pedredra, brûlé vif. Une vidéo monstrueuse devient virale sur le net lancée par le tueur lui même.

L'équipe en charge du dossier s'enlise, seul le regard particulier et l'instinct de Milo peuvent relancer les dès. Son radar intérieur lèvera une nouvelle piste. Pour cela Susana trouve le moyen de faire réintégrer momentanément son ami sous certaines conditions : un suivi psy et une partenaire qui ne le quittera pas d'une semelle, Rebeca Mercader au verbe haut et aux méthodes venues d'outre Atlantique avec ces T-shirt à la gloire des CIA, FBI.....


Les dialogues et certaines situations sont drolissimes et cocasses en apportant des pauses salvatrices dans un récit de plus en plus violent et sombre.

La confusion nous envahit peu à peu : plus la vérité se dévoile, plus notre compréhension des motivations du coupable nous trouble, plus nous sommes incertains quant à la nature réelle des bourreaux qui sévissent à Barcelone.


Ne serait-ce pas plutôt les politiques, gros financiers, banquiers, spéculateurs, fichant la vie des habitants en l'air d'un simple trait de crayon ?


Milo Malart et Rebeca Mercader sont révoltés, mettent toutes leurs forces à faire éclater l'affaire. Mais attention, ils vont gêner certaines huiles, certains politiciens, jusqu'à certains de leurs collègues. Les voilà pris en étaux entre l'élite criminelle barcelonaise et celui ou celle que l'on appelle déjà le "Bourreau de Gaudí".


Bientôt un autre corps est retrouvé toujours sur un monument gaudien. Qu'est-ce que le célèbre architecte vient faire là dedans ? Une obsession du tueur, un symbole, une clef menant à la solution, une pièce du vaste puzzle débuté en 1991... ?


Au milieu de ce capharnaüm, de cette multitude de sons, de bruits, générés par les vociférations de la foule, des médias, des familles endeuillées, des menaces multiples, Milo n'entend que les murmures de son neveu défunt et ceux des victimes d'hier réclamant la vérité et la justice.


Un roman habité, somptueux, magistral, totalement envoûtant, courageux dans ses engagements, clairement écrit en hommage aux plus faibles, à tous ceux écrasés par le rouleau compresseur d'un soit disant progrès, sacrifiés aux apparences.

Superbe !

Quatrième de couverture

Un corps en flammes est retrouvé pendu au balcon d’un des monuments les plus emblématiques de Barcelone, La Pedrera, d’Antonio Gaudí. Bien mauvaise publicité pour la ville à quelques semaines de la consécration par le pape de la Sagrada Familia. Les services policiers sont aux abois et réintègrent l’électron libre Milo Malart, révoqué par mesure disciplinaire. Tandis qu’il enquête en binôme avec une jeune sous-inspectrice, qui semble tout droit sortie d’une série américaine à succès, les meurtres s’enchaînent selon un rituel immuable : toujours des membres de l’oligarchie barcelonaise, férocement mutilés au sein des édifices du célèbre architecte qui fait la gloire de la ville. Barcelone a vendu son âme au diable ; elle doit payer le prix de sa magnificence.

La chasse à l’homme est ouverte, mais qui cherche-t-on ? Un prédateur sadique assoiffé de vengeance ou la victime d’un système politique arrogant et corrompu, qui sacrifie les plus fragiles au faste tapageur de la ville et à sa manne touristique ? Pour répondre, il faut d’abord décrypter le symbolisme ésotérique des œuvres de Gaudí, aux formes proprement hallucinantes.

Dans une intrigue magistralement tenue jusqu’à la dernière page, orchestrant pressions politiques, énigmes maçonniques, mœurs dissolues et presse à sensation, «Le Bourreau de Gaudí» plante l’envers du décor d’une cité unanimement saluée pour sa beauté et sa prouesse architecturale. Une “Ville des prodiges” terriblement moderne et effroyablement archaïque.

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