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Éva a lu pour vous ..

Chroniques littéraires

LaRose

Louise Erdrich

Albin Michel

2018

512 pages traduites par Isabelle Reinharez

Roman

Chronique

6 juin 2018

Nouveau roman de cette auteure couronnée par le National Book Critic Circle Award, qui met un terme au cycle comprenant "La malédiction des colombes" et " Dans le silence du vent".


Je dois dire que passé le drame du début qui évidemment retient l'attention, ainsi que la décision incroyable qui sera prise, j'ai ensuite trouvé la mise en place très longue, se perdant un peu dans des détails. Cette lourdeur, ce ralentissement figurant je pense après lecture le poids du deuil, de la perte, de la culpabilité, étaient obligatoires.


Heureusement que j'ai persévéré car tout change à la moitié du roman, flashbacks vers 1870, l'histoire de la première LaRose, jeune indienne déjà rencontrée avant, mais dont on ne comprenait pas forcément la présence en pointillé en parallèle du récit principal. Car en réalité c'est le destin de cette LaRose et de toutes celles après elles, ses 3 descendantes du même nom qui est central dans ce roman. Celui-ci est la Saga de cette lignée de femmes se terminant par notre héros d'aujourd'hui, le petit garçon LaRose détenteur des pouvoirs de son aïeule, comme la projection hors de son corps et la capacité de voir et parler aux morts. Pour lui les époques se confondent à son présent.


C'est donc lui qui sera balloté entre les deux familles, tel un trophée, tel aussi un lien avec le disparu, la rédemption et le pardon.


À travers la description de la vie des deux clans voisins, l'auteure dresse un portrait des indiens d'aujourd'hui, de leurs trajectoires passées, des injustices et malheurs indicibles conséquences de la haine et du racisme des colons blancs, voleurs de leur Terre. Intéressant et plein d'espoir aussi car on sortira de cette victimisation normale, mais invalidante, avec la nouvelle génération. Celle-ci reste connectée au passé, aux ancêtres, présents, ombres protectrices, et se projettent également dans le futur des USA.


La politique internationale est évoquée par tous , nous sommes au début de ce récit en automne 1999, et nous accompagnerons les personnages sur trois ans avec l'attentat du World Trade Center et la traque de Ben Laden.


Donc Dakota du Nord, il commence à faire très froid et le paysage devient lugubre. Les coutumes et croyances chez les Indiens Ojibwe sont respectées. C'est pourquoi pour le passage de saison, à l'entrée de l'automne, on part à la chasse au cerf. Landreaux Iron n'y déroge pas, tout va bien en cette matinée, il se sent sûr de lui et de ses capacités. Il vise, tire et.... Il vient d'abattre le fils de ses voisins Peter et Nola Ravich, Dusty cinq ans. Tout vole en éclats, incompréhensible !


Pour alléger un peu la perte de l'enfant Landreaux et son épouse Emmaline vont choisir de réactualiser une coutume ancestrale : ils vont donner leur dernier né du même âge que Dusty aux parents endeuillés ! Drôle de solution à nos yeux, il nous semble d'un coup que le poids du passé, le respect de l'héritage culturel favorisent l'injustice. Les conséquences pour les deux familles et une partie de la communauté vont être imprévisibles et immenses. Cependant LaRose est un être exceptionnel qui par sa seule présence va permettre à tous de se retrouver, de se racommoder. «


Ce récit puissamment évocateur, d'une subtilité et d'une grâce magistrales » comme dit par les Publishers Weekly, est aussi un formidable roman historique engagé et sérieusement documenté. Beauté du verbe, poésie ou violence, contemplatif ou dans l'action, celui-ci se mérite. Un très rare et beau personnage d'enfant symbole de tout un peuple en devenir.

Quatrième de couverture

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