Éva a lu pour vous ..
Chroniques littéraires
La Veuve
Fiona Barton
Fleuve Noir
12 janvier 2017
410 pages traduites par Séverine Quelet
Thriller
Chronique
22 octobre 2017
Vous connaissez cette odeur des Lys, à jamais pour moi écoeurante, entêtante, macabre comme de la viande faisandée. Un bouquet posé sur le cercueil d'une personne aimée m'a à jamais rendu ces fleurs insupportables et empoisonnées. Comme celles-ci, ce policier est venimeux et exhale des relents de pourriture et de malsain. En fait ce livre est parfaitement réussi, il se joue avec brio à nous mettre mal à l'aise et à nous perdre. Une petite fille Bella Elliott est enlevée devant sa maison de Winchester alors que sa mère Dawn n'est pas aussi attentive qu'elle le devrait, en 2006. L'enquête commencée alors par le policier Bob Sparkes et son équipe mène à Glen Taylor, qui aurait fait une livraison dans le coin avec sa camionnette bleue vue par des témoins. La presse également, en particulier la journaliste Kate Waters du Dayly Post, poursuit ses propres investigations pour retrouver la petite vivante ou morte. Juin 2010, Glen est passé sous les roues d'un camion alors qui faisait les courses avec sa femme Jane. Dés le 9 juin 2010, qui marque le début du récit, tout le monde veut connaître la vérité de la bouche de la veuve. Est-elle une victime collatérale d'une terrible erreur de la justice, ou une épouse naïve et obéissante, ou une femme déterminée et manipulatrice, est-elle complice de son époux, ou sont-ils tous les deux blancs comme neige depuis le départ ? La construction du texte nous faisant osciller entre chaque acteurs de ce drame ainsi que revenir sur les évènements passés de 2006 à 2010, est parfaitement maîtrisée. L'ambivalence de nos sentiments face à Jane est maintenue et favorisée jusqu'à la fin magistralement. Aucune fausse note. Tout et son contraire sont envisageable, donc que croire ? Thriller psychologique, premier roman de cette ancienne journaliste, fascinant car trouble, jouant des zones de gris et de la culpabilité et imperfection de chaque intervenant. Une remarquable analyse du métier de journaliste ou d'enquêteur dans un sens plus large est à souligner au passage. Il y a les apparences, les mensonges qu'on s'inventent pour soi-même jusqu'à la bascule dans une certaine folie, le déni, et la manipulation pure et simple de l'entourage. Un tableau complet qui fait froid dans le dos et laisse l'odeur de la mort persister même après le livre fermé.