"J'écris des vérités, et on croira que je raconte des fables ; je le croirais moi-même, si je n'avais la certitude des faits que j'avance."

Abbé Georgel, Mémoires pour servir à l'histoire des évènements de la fin du dix-huitième siècle depuis 1760 jusqu'en 1806-1810 par un contemporain impartial, tome Il, Paris, 1820.

"Figaro : Tu feras dire à Monseigneur que tu te rendras sur la brune au jardin."

Beaumarchais, Le Mariage de Figaro, acte Il, scène 2. 

Tous les faits rapportés avec brio dans cet ouvrage sont rigoureusement exacts. Les dialogues eux-mêmes proviennent des  "mémoires du temps, des dépositions, des témoignages, des interrogatoires ou encore de très nombreux rapports de police."

En résumé, l'auteur a mis tout son talent de romancier au service de la vérité historique, offrant ainsi une nouvelle version de l'affaire du collier, essentielle à la compréhension des évènements tragiques et extraordinaires qui ont suivi. J'avais à l'esprit que c'était surtout la fuite du couple royal à Varennes qui l'avait condamné impitoyablement aux yeux du peuple. Je gardais une vision un peu rocambolesque et ridicule de ce scandale du collier attribué à tort à Marie-Antoinette, gardant en mémoire le film de 1946 avec Viviane Romance... Et voici ce texte !

Brillant, enlevé, acerbe, cynique, méchamment drôle, d'une beauté stylistique indéniable, ce livre en accentuant le côté grotesque de certains personnages, en soulignant tout l'improbabilité de cette farce inouïe, explique comment celle-ci apporta  pourtant sa pierre à l'édifice de la future Révolution et permit que la Terreur s'installe pour de longues années. 

Ce sont la soif de pouvoir, d'argent, de reconnaissance, de vengeance et l'envie de briller ou d'être respecté, qui animant les acteurs de cette pièce tragi-comique vont les perdre, les mettre face à eux-mêmes. 

Que l'on soit Reine, grand de ce monde ou roturier, on n'est pas à l'abri du ridicule et de l'erreur de jugement fatal. 

En un siècle où tout n'est qu'apparence et jeu de dupes, que caprices d'irresponsables gâtés d'un côté, alors que de l'autre, le peuple ne peut plus nourrir ses enfants, la moindre étincelle pouvait mener à un brasier détruisant ce vieux monde agonisant. Le collier fut le prétexte rêvé, l'Autrichienne déjà ridiculisée dans les pamphlets fut alors détestée, les grandes familles de la noblesse pas avares de coups bas et de traîtrises ont largement attisé les flammes, resserrant les rangs autour du Cardinal de Rohan, l'amant stupide de Jeanne de La Motte-Valois. Qu'un tel homme ait pu se laisser berné par une telle aventurière, qu'il ait cru aux fables qu'elle lui servait, tout cela pour revenir dans les bonnes grâces de la Reine... !!!!

Ô vanités ! 

Le destin d'un pays ne tient pas à grand chose finalement, le diable se cache dans les détails de l'Histoire et s'amuse à détruire les destins de ces pauvres et misérables humains. 

À lire absolument pour la beauté cruelle, pour la vérité, pour plus de sagesse.