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Éva a lu pour vous ..

Chroniques littéraires

La propagandiste

Cécile Desprairies

Seuil

Août 2023

224 pages

Historique

Chronique

6 février 2024

Je viens de finir de regarder la série télévisée "Un village français". Extraordinaire fresque historique s'attachant aux habitants ou occupants d'une localité, du début de la Seconde Guerre mondiale à leurs morts. Deux figures de collaboratrices ressortent de cette galerie de personnages : Hortense Larcher, femme du médecin et maîtresse d'un policier collabo puis d'un SS haut gradé. Et Jeannine Schwartz, épouse du propriétaire de la scierie, riche par la naissance, antisémite, opportuniste, détestable, amorale. La première est une collabo de circonstance par masochisme, par auto-destruction, la deuxième l'est par conviction, par soif de pouvoir .  


Cette série met aussi au centre du scénario les enfants, témoins des évènements de 1939 à 1945. Que sont-ils devenus ? Comment ont-ils pu construire leur existence avec un tel héritage ? 


Lucie fut une collabo par conviction et par amour. Alors que la guerre est terminée depuis quelques années, sa fille devenue historienne, s'interroge sur la personnalité réelle de sa mère, cherchant des indices dans sa mémoire, essayant en vain de comprendre l'impensable. 


Lucie, veuve à vie de son beau Heinrich alsacien, parfait spécimen arien, vouant un culte à Adolf Hitler, épousant sa doctrine et entraînant à sa suite cette très jeune femme.  Consentante, nièce d'un journaliste antisémite notoire, persuadée de la hiérarchie entre les races, n'ayant aucune limite, aucune notion de bien et de mal, elle s'écroule au décès de son jeune époux .


Cependant, elle se remarie avec Charles, plus fade que son bel Heinrich. Il est le père de ses enfants, acceptant par faiblesse et peut-être par amour de cette femme charismatique et terrible, de faire ménage à trois avec un fantôme. 


La progéniture du couple assiste à cette tragi -comédie ; la narratrice regarde, écoute, enregistre, évalue et juge ce dont elle est témoin. Le portrait qu'elle brosse de sa génitrice est sans pitié mais n'est pas non plus à charge. Elle tente de comprendre l'origine du mal et à déterminer les conséquences que son enfance particulière a eu sur ses choix de vie. 


On frissonne et on reste sidéré par cette Lucie... Elle incarne le pire, la noirceur, qu'elle continue à propager jusqu'à son décès. 

Choquant et d'une justesse chirurgicale.

Quatrième de couverture

Dans le Paris des Trente Glorieuses, une enfant assiste aux réunions des femmes de la famille organisées au domicile de sa mère, Lucie, dans un immeuble haussmannien. On parle chiffons et on s’échange les potins du jour. L’ambiance est joyeuse. Plus agitée, aussi, quand il s’agit d’évoquer, à mots voilés, le passé de Lucie, ce grand amour qu’elle aurait connu, pendant la Seconde Guerre mondiale, avant de se remarier.

Qui est Lucie ? Qu’a-t-elle fait précisément, avant ?

De fil en aiguille, perçant les mensonges et les non-dits de cette mère énigmatique, l’enfant, devenue adulte et historienne de profession, met à nu la part d’ombre de Lucie et de toute une partie de sa famille. Les masques tombent, et l’histoire de cette femme, collaboratrice zélée, en France, sous l’Occupation, se révèle en plein, à l’image d’un passé collectif dont on n’a, aujourd’hui encore, pas fini de faire l’inventaire. La Propagandiste jette un regard sans concession sur la France de la collaboration et son empreinte sur notre mémoire collective.

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