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Éva a lu pour vous ..

Chroniques littéraires

La Part des flammes

Gaëlle Nohant

Héloïse d'Ormesson

2015

368 pages

Historique

Chronique

5 décembre 2020

Un brasier détruit tout au Bazar de la Charité, installé en ce joli mois de mai 1897 dans un hangar, où des décors de carton pâte de rues parisiennes au Moyen-Âge devaient apporter du pittoresque à cet événement mondain où toutes les femmes de la bonne société se pressaient, qui pour tenir un stand, qui pour acheter une babiole et se donner bonne conscience.Le stand le plus prestigieux était sans conteste celui de la duchesse d'Alençon.

Mais une mauvaise organisation de l'espace, en particulier pour le cinématographe, et des produits inflammables placés trop près de sources de chaleur, causent la tragédie.


Tout s'embrase en emportant principalement des bourgeoises et des aristocrates. Comme échappées de cet enfer, des flammes vont également mettre le feu à toute cette société corsetée, patriarcale et injuste de cette fin du XIXe siècle. Pour certaines des rescapées, il ne sera pas possible de continuer à vivre ensuite selon des principes d'un autre temps absurdes, inégalitaires.

Pour d'autres, les limites entre les castes, les couches sociales vont disparaître de fait. Pour quelques jeunes filles, considérées comme des biens que l'on se dispute, que l'on veut s'arracher, propriétés de leurs pères, de leurs maris, de leurs tuteurs ou de l'Eglise, les cris qu'elles ont retenus en elle depuis toujours, leur échappent enfin, gonflent, conquièrent l'espace. De mutiques et décoratives elles deviennent dangereuses : vite posons le diagnostic d'hystérie, vite enfermons- les avant que d'autres jeunes femmes ne se réveillent...


Evidemment il faut trouver un coupable à cette catastrophe, on lance des rumeurs par vengeance, par malveillance, par aigreur... Certaines anciennes beautés de cette élite perdent tout en perdant leurs physiques de déesses des salons, leurs

chevelures ; elles deviennent inutiles, invisibles, pire risibles. Car nul compassion, nulle empathie ne sont à espérer de ce beau monde ...


Oui, on va pleurer la disparition de la Duchesse Sophie d'Alençon, soeur de l'impératrice Sissi, femme courageuse et bienveillante ayant supervisé cette grande manifestation de charité.... Son refus de sortir du brasier cache-t-il un secret, est-il le symptôme d'un mal être l'ayant peut-être poussée au suicide ?


Violaine de Raezal, rescapée de justesse, veuve inconsolable de son cher Gabriel, timide respectant les codes de son milieu, va être révélée à elle-même par cette catastrophe.Elle va reprendre le flambeau laissé par la duchesse d'Alençon et se mettre enfin en mouvement, de sa propre initiative, à la recherche d'une jeune fille, Constance d'Estingel, survivante mais disparue soudain entre les griffes de la science avec la complicité de sa propre mère.


En parallèle, Laszlo son fiancé devra répondre de fausses allégations ignobles portées contre lui....tout ce monde va être ébranlé, va devoir revoir ses priorités.... Le peut-il ? Les grands événements du début du XXe siècle ne lui laisseront pas le choix... Des voix s'élèveront bientôt exigeant plus d'égalité et de liberté pour les femmes, toutes origines sociales confondues...


Un roman éblouissant, se souciant de vérité historique, profitant de l'occasion offerte par ce drame particulier pour dresser un portrait général, au vitriol, de toute cette société française patriarcale. Plus de cent ans après, encore aujourd'hui, les raisons de continuer à lutter sont presque identiques à celles de leurs aïeules pour toutes les citoyennes de ce pays.

Nous faut-il un nouveau brasier, une nouvelle tragédie pour comprendre ?

Quatrième de couverture

4 mai 1897. Autour de l'épisode méconnu du tragique incendie du Bazar de la Charité, La Part des flammes mêle les destins de trois figures féminines rebelles de la fin du XIXe siècle : Sophie d'Alençon, duchesse charismatique qui officie dans les hôpitaux dédiés aux tuberculeux, Violaine de Raezal, comtesse devenue veuve trop tôt dans un monde d'une politesse exquise qui vous assassine sur l'autel des convenances, et Constance d'Estingel, jeune femme tourmentée, prête à se sacrifier au nom de la foi.

Qu'ils soient fictifs ou historiques (la duchesse d'Alençon, née duchesse de Bavière, est la sœur de Sissi), Gaëlle Nohant donne vie et chair à ses personnages dans une histoire follement romanesque, qui allie avec subtilité émotion et gravité. Tout à la fois porté par un souffle puissant, littéraire et généreux, La Part des flammes, nous entraîne de rebondissements en révélations à la manière d'un roman feuilleton.

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