Éva a lu pour vous ..
Chroniques littéraires
La part de l'aube
Eric Marchal
Anne Carrière
16 mai 2013
624 pages
Historique
Chronique
20 mai 2017
Vous savez quoi ? Voici quatre romans en un livre.
Au départ, séduite par le thème des origines gauloises de la France qui était annoncé en quatrième de couverture, j'étais très pressée de suivre les aventures de Antoine Fabert, avocat à Lyon en 1777, qui après la découverte par hasard d'un coffre rempli de tablettes et codices gravés vraisemblablement en langue gauloise, se lance pour élucider le mystère qui entoure ces textes, aidé pour la traduction par Antelme De Jussieu, historien paralysé, mais aussi par François Prost de Royer, ténor réel du barreau de Lyon et visionnaire fabuleux, de Camille Delauney, rédacteur de la première gazette locale, et enfin de Michèle Masson, comédienne parisienne venue dans un premier temps pour sauver son frère Paul défendu par Antoine. Le récit commence en 64 après JC à Lugdunum et y finira également d'une fort belle façon.
L'autre point très intéressant est d'apprendre que l'histoire officielle était que les gaulois étaient des barbares, et qu'on préférait dire que les rois et les nobles descendaient des celtes originaires de Troie, pas moins. Ainsi il est clair que les recherches de Antoine tirant de l'obscurité la civilisation gauloise n'a pas l'heur de plaire à la cours et à Louis XVI en particulier.
Donc la police et les autorités vont inquiéter Antoine jusqu'à mettre sa vie en danger sur le fallacieux prétexte de crime de lèse-majesté. Jusque là tout va bien et ces péripéties auraient pu tenir sur 400 à 450 pages.
Mais, Eric Marchal, fort de son érudition et de toutes les connaissances qu'il a accumulées dans les ouvrages très nombreux cités à la fin, court plusieurs lièvres à la fois et j'avoue avoir été essoufflée à le suivre.
C'est donc aussi le portrait d'une cité qui se reflète dans un miroir cassé en plusieurs fragments. Et c'est bien cette fragmentation du récit qui m'a profondément perdue.
On débarque donc dans les tribunaux, théâtre, Ecole de Vétérinaires, Chapitres de la Cathédrale Saint-Jean, champs de tubercules, librairie, à Lyon et ses environs, puis à Versailles, aux Tuileries ; on devient expert en pains faits à base de poires de terre ou rutabaga inventé par Antoine pour vaincre la famine, on apprend tout du monopole des boulangers, de la possible nouvelle industrie de la soie dorée produite par des araignée de Madagascar, on suit le procès pour meurtre du pianiste Paul ( passage inutile pour l'intrigue), etc............ J'arrête je suis à nouveau essoufflée !
On apprend beaucoup comme dans un cours d'histoire ou dans les archives d'une bibliothèque. On rencontre Jean-Baptiste Greuse peintre ( le portrait de la jeune femme au chapeau blanc que j'ai mis a inspiré l'auteur pour Michèle), Voltaire, Mesmer, Marie-Antoinette, Parmentier, etc, etc........
Je suis aussi heureuse d'avoir découvert l'Ile Barbe près de Lyon et certains aspects de cette ville et de son peuple en cette veille de révolution, mais cela aurait pu être fait plus légèrement et ainsi permettre la rédaction pour un autre livre concis et passionnant.
Je vais tenter l'aventure de lire son bestseller « Le soleil sous la soie » de 2011 au succès retentissant, aussi de plus de 620 pages. Mais ce n'est pas le nombre de pages qui est gênant pour moi, au contraire, mais la construction fragmentaire et la multiplicité des thèmes abordés. On va dire que c'est très généreux.