top of page
IMG20230707173456_edited.jpg

Éva a lu pour vous ..

Chroniques littéraires

La parole est au silence

Thierry Desseux

Bonneton

31 août 2021

200 pages

Roman

Chronique

31 décembre 2022

« Un secret a toujours la forme d'une oreille. » Jean Cocteau

« Une vérité est un mensonge qui a longtemps servi. » Edouard Herriot


« J'ai tout fait pour empêcher ce livre.

J'ai tenu quarante ans. »


J'admire toujours ceux qui brisent le silence, qui trouvent le courage de remettre en sang les cicatrices mal refermées. Qui affrontent à nouveau un passé monstrueux, enfoui dans les brumes d'une enfance qu'ils ont dû taire. Bâillon psychologique et émotionnel qui étouffe tout. Comment construire sa maison sans les fondations d'un passé révélé en pleine lumière ?

Gratitude donc à l'auteur qui ne savait pas en me proposant de lire son texte combien celui-ci serait en résonnance avec ma vie, en cette période particulière suivant le décès de ma mère.


C'est un texte dur, incisif, précis, où chaque mot est choisi avec soin, où chaque respiration est dosée, tant la connaissance du mensonge et de l'apnée forcée est encore sensible.

Enfin dire, enfin reconstituer les faits, rendre justice aussi aux enfants que nous fûmes, aux enfants qui sont aujourd'hui piégés dans l'enfer de la maltraitance gratuite.


Le scénario est rigoureux, implacable, l'analyse des raisons possibles des crimes perpétrés par la mère, mais aussi par tous les silencieux complices, est sans pitié, extraordinaire de lucidité.

Le tandem frère-sœur est bouleversant. La douleur de chacun est immense : il n'est pas plus aisé d'être celui qui est le témoin direct, impuissant de la violence parentale, car si les traces de coups ne sont pas visibles sur lui maltraité en parole, en intention non en coups, les conséquences sur sa psyché, culpabilisé de fait, sont gravissimes. Tout est d'une justesse douloureuse pour la lectrice que je suis, pour la petite fille que je fus.


Le portrait de la mère narcissique, dépressive, aussi belle extérieurement qu'elle est venimeuse intérieurement est terrifiant de vérité ; celui également du père lâche, égoïste, faible, centré sur ce que sa femme représente en terme de réussite sociale pour lui, prêt à sacrifier sa fille sur l'autel de son couple est haïssable. Tout est d'un réalisme brûlant. Le pire étant que malheureusement cela n'est pas rare ni unique.

Le mariage de ces deux êtres déstructurés, fracassés, mènera à l'enfer de deux enfants innocents. L'entourage sait, devine, pressent, s'inquiète au mieux, sans se bouger rapidement. Le silence s'abat comme une pierre tombale sur ces gamins victimes de la lâcheté absolue des adultes.


Le récit est construit autour d'une chronologie linéaire simple, cependant l'impression finale est que l'auteur a ramassé un à un des fragments disséminés d'une mémoire abîmée qui peu à peu se reforme jusqu'à ce qu'une vision complète de cette enfance meurtrie apparaisse dans le miroir du temps.

Intercalant épisodes tragiques, douloureux mais aussi tendres, bouleversants, il réussit l'exploit d'être en même temps analytique et synthétique. Nulle complaisance, nulle facilité, aucun pathos. Écrire un tel livre est déjà suffisamment douloureux !

Je me dis qu'ici au moins la petite fille a un frère aimant, c'est une réelle consolation. Mais combien de fratries ont été détruites, explosées par des parents maltraitants qui pratiquaient en plus le « diviser pour mieux régner ».

Un roman essentiel aux apparences de thriller sociétal sur un sujet insupportable pour briser le silence.

Quatrième de couverture

Un huis clos infernal, une enfance maltraitée, le destin estropié d'une fillette de cinq ans : voici raconté le quotidien d'une orpheline, non seulement haïe par sa belle-mère au sein d'une famille recomposée, mais chaque jour déshumanisée davantage par la dragonne aux « yeux figés », machiavélique et sadique. Un drame qui se déroule sur six années. Ceux qui savent choisissent pourtant de se taire, le père comme les autres... Un récit brut, une écriture dépouillée : le malheur rendu anonyme. Ce conte tragique pourrait être celui de n'importe quel autre innocent, en n'importe quel endroit, à n'importe quelle époque. Alors qu'aucun enfant, par la faute du silence des adultes, ne mérite d'être quiconque. Une histoire presque ordinaire, celle d'un huis clos en enfer.

bottom of page