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Éva a lu pour vous ..

Chroniques littéraires

La Nuit du premier jour

Theresa Révay

Albin Michel

30 septembre 2020

496 pages

Historique

Chronique

31 octobre 2020

Splendeur ! Somptueux cadeau que nous fait Theresa Révay avec ce grand, très grand roman d'aventures, d'amour, sur un fond historique tragique, méconnu, qu'il était nécessaire de mettre en lumière en cette période crépusculaire où les échos de ce passé se font à nouveau entendre. Un livre qui tient particulièrement au cœur de l'écrivaine :

« À ma grand-mère Liline, qui savait l'exil des cœurs. Et à l'aînée de ses filles, ma mère.In memoriam. »

Theresa Révay détient un talent inouï, pour entremêler les fils des destins glorieux, célèbres, à ceux des inconnus, de nos ancêtres, réussissant à tisser une toile tour à tour chatoyante, mate, veloutée, rongée par endroits, reprisée souvent... dont la trame se répare sous nos yeux de lecteurs, à l'instar de nos souvenirs familiaux, à l'instar d'un de nos albums photos oublié depuis trop longtemps.


« Transporte ton cœur en amour là où il te plaît.L'amour, le meilleur, est pour l'amant premier. » Abu-Tammam, poète abbasside, IX ème siècle.


Un grand amour, le premier, celui qui brise toute les chaînes, toutes les frontières, qui transporte l'âme, le corps au bout du monde, au bout des forces, parce qu'il n'y a d'autres choix.... Un regard échangé et le destin est scellé : le souffle de vie et l'esprit de liberté vous prennent, vous êtes comme ensorcelé, vous brisez toutes les amarres, vous reprenez votre véritable place, vous respectez à nouveau votre véritable nature... Vous accomplissez votre destin.

Blanche et Salim vont être pris dans ce tourbillon, ils vont s'aimer, s'adorer, se voir dans les yeux de l'autre sans possibilité de détourner le regard.... Les fils sont tressés, la trame est indestructible... Et ni les évènements, ni la situation maritale et familiale de notre héroïne, ne vont empêcher cette femme de se donner entièrement à cet homme quitte à traverser le feu de la culpabilité dû à l'abandon de ses enfants, quitte à traverser les mers, les champs de bataille pour enfin être dans les bras de l'être aimé et s'y fondre.


Une femme qui brise des liens sacrés pour être enfin libre.Elle symbolise à elle seule toutes les Femmes en quête de renouveau sous domination patriarcale. Elle incarne aussi tous ces peuples sous domination de l'Empire Ottoman, de toutes origines, confessions, qui aspirent à se libérer enfin de ce joug pour créer une union Arabe. Nous sommes en cette fin de dix neuvième siècle.... Les vingt prochaines années vont voir surgir les prétentions sionistes, tout se met inexorablement en place pour favoriser la situation géopolitique que nous connaissons aujourd'hui.


Avant- propos :

« À l'aube de la Première Guerre mondiale, l'Empire Ottoman se compose de différents territoires, dont les provinces arabes du Bilad al-Cham qui constituent la « Grande Syrie » et supportent de plus en plus mal le joug des Turcs. Ces provinces correspondent aujourd'hui à la Syrie, au Liban, à la Palestine et à la Jordanie.


Le Levant désigne traditionnellement les pays du Proche-Orient qui bordent la côte orientale de la Méditerranée, où le soleil se lève, notamment en Palestine, le Liban et la Syrie. »


Je pleure sur ces peuples magnifiques, ces pays fabuleux, ses cités détruites, ces civilisations majestueuses qui vont disparaitre, être anéantis par la seule volonté des Turcs, des pays en guerre, puis la paix signée, de la France et de l'Angleterre, colonialistes méprisants, pleins de morgue ne désirant que s'enrichir sur les « barbares », les « indigènes »....


En lisant ces lignes qui font renaître ce monde disparu, à Lyon, au Proche-Orient, on éprouve une immense colère, une réelle tristesse et aussi de la gratitude pour l'auteure, car tant que les noms sont prononcés, tant que les destins sont racontés, nulle mort n'est définitive.


Ce roman, oeuvre littéraire incontournable, est aussi le témoignage de ce qui fut et ne peut disparaître ; les âmes anciennes sont en nous parmi nous : Blanche, Salim, Armand, Maxence, Aurélien, et évidemment Oriane...Tous les invisibles reprennent leur place, enfin...

Quatrième de couverture

Lyon, 1896. Blanche est l'épouse modèle d'un soyeux de renom. En dépit de son amour pour ses enfants, elle étouffe parmi ces bourgeois corsetés. Jusqu'à ce que son regard croise celui de Salim, un négociant fortuné de Damas. Elle abandonne tout pour la promesse inespérée du bonheur. Les routes de la soie deviennent celles de la passion et de l'exil. Tandis que sa fille grandit en la croyant morte, Blanche s'invente une nouvelle vie au Levant.
Quand la France entre en guerre, l'Empire ottoman réprime dans le sang la révolte arabe. Prises dans la tourmente, mère et fille choisissent chacune la liberté au prix fort. Resteront-elles à jamais séparées ? Ou seront-elles enfin, un jour, face-à- face aux confins du désert ?
De l'aube du XXe siècle à l'été 1920, des soieries lyonnaises aux ruines de Palmyre, Theresa Révay, l'auteure de L'Autre rive du Bosphore, nous emporte dans un grand roman de passion et d'histoire, sublime portrait d'une femme trop libre pour son temps.

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