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Éva a lu pour vous ..

Chroniques littéraires

La nuit des orateurs

Hédi Kaddour

Gallimard

14 janvier 2021

368 pages

Historique

Chronique

25 juillet 2021

Lire ce « thriller historique » en ce moment de troubles fut une expérience exceptionnelle et flippante à la fois car ce que l'on pourrait croire une époque révolue semble ressurgir brutalement. La peur d'une dictature avec son cortège de complots, de paranoïa, d'incertitudes, de vies brisées, de corps torturés, détruits, déchiquetés ; la mort partout planant non avec une faux mais un lacet, un glaive, un poignard, une fourche, tout objet propre à faire souffrir longuement, sadiquement, est l'alliée semble-t-il du grand homme égal d'un Dieu, Domitien.


Il fut charmant, cultivé, il fut l'ami d'enfance de Lucretia, la femme de Publius Cornelius dit Tacite. Une épouse border line, d'une intelligence redoutable, rompue aux jeux de dupes de la Cour, érudite, une guerrière de tous les instants formée à survivre grâce à une enfance à la suite de son général de père Agricola, être aimé, admiré, dont elle sait que la disparition n'avait rien de naturelle. Mise à l'abri par celui-ci, alors qu'elle n'avait que douze ans, grâce à un mariage avec un homme de quinze ans son aîné, elle a grandi vite, dans l'urgence. Son instinct de survie la pousse à décider de se rendre auprès de Domitien afin de connaître ses attentions quant à l'exécution de son compagnon ou sa possible grâce. Tacite a apporté son aide à deux avocats relisant leur plaidoirie. L'affaire consistait à défendre les intérêts d'une province romaine contre les agissements illégaux d'un certain Massa, ami de César. Les trois compères gagnent, ils devraient s'en tenir là. Mais c'est compter sans l'indiscrétion, la forfanterie et les revendications politiques d'un des membres du trio, allant jusqu'à appeler au retour de la République.


Rien ne va plus. Domitien hait les complots, les séditieux, il est sans pitié, cruel, aveuglé par de soudaines crises de fureur. L'exercice du pouvoir l'a changé en monstre qui se repaît de la souffrance des autres. C'est un psychopathe illustrant une décadence de la civilisation romaine.


Hédi Kaddour écrit admirablement, la beauté de ses mots aide à lire ce texte effroyable sur le fond, à affronter l'indicible, à se plonger dans un monde fou, dans une ambiance anxiogène et délétère. Une société en putréfaction où survivre est un exploit.

Nous sommes très éloignés des péplums hollywoodiens, enfermés dans une réalité atroce où l'intelligence et la faculté de rester en permanence sur le qui-vive sont indispensables.


Un roman qui pour moi est un véritable thriller historique sur le totalitarisme. Édifiant !

Quatrième de couverture

Que peut-on dire, que peut-on faire sous la tyrannie ? Il est sénateur et avocat, il s'appelle Publius Cornelius, il a pour surnom Tacite. Autour de lui les gens tombent. Il n'est pas encore écrivain mais seule la littérature pourrait être à la hauteur des événements qu'il traverse. Sa femme, Lucretia, décide de se rendre au palais impérial pour plaider la clémence auprès d'un souverain qui tue comme on éternue. La scène est à Rome, au premier siècle, sous le règne de Domitien.

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