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Éva a lu pour vous ..

Chroniques littéraires

La Musique en bandoulière

Daniel Cario

Les Presses de la Cité

Le 6 juillet 2023

656 pages

roman historique

Chronique

13 mai 2024

Dans la collection Terres de France.

Une première édition de ce roman a paru en 2004 aux Éditions Coop Breizh. 


Daniel Cario est vraiment un magicien et un conteur hors pair lorsqu'il s'agit de faire renaître sous nos yeux émerveillés le passé, les traditions, le patrimoine, les us et coutumes de Bretagne dans les terres ou sur mer. 


Il est particulièrement attaché depuis 1998, en passionné absolu et chercheur consciencieux, à nous permettre de voir littéralement s'animer soudain devant nous les images anciennes des Fest Noz et autres bals et fêtes organisées par nos aïeux ; ce film s'accompagne toujours d'une bande son puisant dans un répertoire varié et extrêmement riche. 


En prenant comme héros de ce magnifique roman de terroir historique, Yves Lharidon, accordéoniste, un des meilleurs manieurs de soufflet ayant sillonné tout le pays breton, l'auteur nous offre l'occasion inégalable d'assister aux changements sociaux et mutations culturelles qui ont jalonné le XXe siècle en Bretagne. Avec leur musique en bandoulière, cette génération de musiciens ayant été formé par leurs pères et prédécesseurs dans l'art de jouer en tandem du biniou et de la bombarde, souhaitera s'éloigner de la tradition et renouveler ou enrichir le répertoire grâce en particulier à l'arrivée d'accordéons diatoniques puis chromatiques. 


Ceci ne fut pas sans heurts et même violences et actes criminels de certains défenseurs extrémistes de la vieille garde réactionnaire face à cette jeunesse apparaissant, peut-être à tort, bien peu respectueuse. Certains membres du clergé ne furent pas en reste pour jeter de l'huile sur le feu dans une région où la religion était très présente. 

Yves Lharidon est la victime, malgré elle, de cette guerre, en premier lieu au sein même de sa famille puisque son père Fañch, bombarder célèbre absent bien longtemps de la vie de son fils, tente par tous les moyens de transmettre son savoir avec, certainement trop d'obstination, à son rejeton, qui lui souhaite seulement passer du temps avec cette figure paternelle fantasmée. 


L'incapacité à se dire l'essentiel, à communiquer, sépare les deux hommes au moment où la Première Guerre mondiale éclate. Yves à ses dix huit ans se retrouve dans les tranchées. Miraculeusement, il en réchappe alors qu'un jeune poilu tout juste arrivé avec une bien mystérieuse caisse en bandoulière meurt dès sa première sortie face aux Allemands. 

Sans le vouloir, Yves devient l'héritier de ce garçon et de l'accordéon contenu dans la boîte. 

Son destin se scelle ainsi sur les champs de bataille.


Comment Yves parviendra-t-il à devenir un musicien reconnu, à vivre de son art, à renouveler son répertoire, à construire sa carrière tout en ayant une vie de famille, alors qu'il n'a aucune nouvelle de son père, et que la concurrence est féroce dans le petit monde des musiciens bretons ? 


Avec un talent incroyable, Daniel Cario recrée avec un réalisme stupéfiant et on le sent beaucoup d'amour, le quotidien de ces hommes qui firent danser des générations de mariés, de noceurs, de Bretons... Également il nous soumet une fine analyse de la métamorphose idéologique, sociale, économique et culturelle de la Bretagne par le biais de cet accordéoniste un temps en rupture avec la tradition puis en recherche de ses racines à l'instar de ses contemporains. Un regain d'intérêt pour le patrimoine breton authentique est à noter après la Seconde Guerre mondiale. À ce sujet, l'auteur ne tait pas les comportements inexcusables de certains défenseurs des valeurs bretonnes vite enclins à collaborer avec les nazis. 


Une dernière précision, Daniel Cario évoque les cercles celtiques des années 1950, qui tâtonnaient beaucoup et ont quelques fois exagéré, mais ont eu le mérite de collecter, préserver et diffuser la culture bretonne dans toute sa richesse et multiplicité. Que les cercles actuels n'en prennent pas ombrage. 


La "Boîte du diable" ou accordéon symbolise à lui seul la révolution qui bouleversa le paysage musical breton en changeant les pratiques des instrumentistes et donc de ce fait en remettant en cause des pratiques vernaculaires. 


Le père et le fils vont-ils malgré tout réussir à se retrouver ? 

Yves trouvera-t-il la paix de l'âme ? 

Encore un magnifique roman de cet auteur prolifique et généreux. 



Quatrième de couverture

Après La Complainte de la grive et Le Sonneur des halles. Fin de la superbe trilogie retraçant toute une page de la culture bretonne entre le XIXe et le XXe siècle, merveilleusement racontée par Daniel Cario à travers deux générations de musiciens, père et fils.

Fañch Lharidon a dédié sa vie à la musique traditionnelle bretonne, au son de sa bombarde, accompagnée de l'indispensable biniou. Il a eu

un fils, que sa condition misérable ne lui a pas permis d'élever. Si Yves veut également devenir musicien, il va pourtant renier le legs que son père s'évertue à lui transmettre. Yves a choisi la " boîte du diable ", l'accordéon, dont le soufflet diffuse les danses à la mode, en totale rupture avec les pratiques anciennes.

Comme ceux de sa génération, au retour des tranchées de 1914, le jeune homme a soif de modernité. Les Années folles lui permettront de décrocher les contrats que proposent les dancings de Lorient et les villes ouvrières émergentes.

Partout où les nouvelles mentalités s'émancipent des rigueurs villageoises.

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