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Éva a lu pour vous ..

Chroniques littéraires

La maison des Turner

Angela Flournoy

Les Escales

2017

433 pages traduites par Anne-Laure Tissut

Historique

Chronique

20 décembre 2017

Premier roman d'une grande maturité, de délicatesse et d'intelligence de cette auteure talentueuse nous rappelant la grande époque des romans de Philip Roth, sauf que cette pastorale est cette fois afro-américaine.


Detroit, 2008, Charles Turner, dit Cha Cha, aîné d'une fratrie de treize enfants, doit battre le rappel. En effet, la crise des subprimes a ruiné nombre d'américains, les propriétés ne valent plus rien. Ainsi sa mère Viola doit encore 40000$ à la banque alors que la maison familiale ne serait vendue que 3000$ au mieux.


" Cha Cha savait que sa famille n'était pas différente des autres. La maison de Yarrow Street, c'était leur mascotte sédentaire et ses façades délabrées, les armoiries des Turner.... Mais elle se désintégrait d'heure en heure".


Donc une réunion avec six des treize enfants est organisée chez Cha Cha et son épouse Tina. Le fils aîné est devenu le patriarche à la mort de son père Francis, et surtout depuis l'aggravation de l'état de santé de Viola. Cependant, Charles est perturbé par des voix du passé et plus précisément d'un fantôme qui semble le poursuivre depuis son enfance. Il perd pied, l'équilibre des forces est remis en question par des frères plus jeunes.


Subtilement, Angela Flournoy va nous faire basculer entre 1944, où Francis est parti à Detroit en laissant derrière lui sa femme et son premier né, et 2008 où une décision cruciale doit être prise ensemble pour l'avenir de la famille. Bien entendu, l'auteure dresse un portrait sans concession des afro-américains des années quarante à aujourd'hui, mais heureusement pas uniquement.

Elle analyse aussi les rapports au sein d'une fratrie quelle qu'elle soit, entre les fils, et les sœurs séparément. Elle complète son propos en nous donnant peu à peu les raisons pour lesquelles le couple Viola/Francis s'est comporté d'une certaine façon dans leur éducation et leur rapports émotionnels à leur descendance. La séparation du tout jeune couple en 1944/45 a eu des conséquences imprévisibles sur tous, ce qui est magistralement et toujours avec beaucoup d'humanité et d'humour démontré au fil des pages.

Également le triple portrait de Viola, sa fille Lelah la plus jeune de la fratrie, et sa petite fille déjà mère, tout en filigrane et pertinence, est tout simplement remarquable.

Une dernière chose est notable dans ce récit : la persistance des addictions ou obsessions de tous, qui à la religion, qui à l'alcool, qui à la drogue, qui au jeu, qui aux esprits, qui à l'autorité, qui à l'amour malsain.... Tous sont en manque de qui, de quoi ? Là est la question centrale. Ainsi cette étape de vie délicate où les plus âgés nous quittent, oblige chacun à enfin se déterminer individuellement dans le respect des autres. La scène finale est superbe et fabuleuse. Mais que deviendra la Maison Turner ? Qui est le fantôme ?

Quatrième de couverture

Cela fait plus de cinquante ans que la famille Turner habite Yarrow Street, rue paisible d'un quartier pauvre de Detroit. La maison a vu la naissance des treize enfants et d'une foule de petits-enfants, mais aussi la déchéance de la ville et la mort du père.
Quand Viola, la matriarche, tombe malade, les enfants Turner reviennent pour décider du sort de la maison qui n'a désormais plus aucune valeur, la crise des subprimes étant passée par là.
Garder la maison pour ne pas oublier le passé ou la vendre et aller de l'avant ? Face à ce choix, tous les Turner, de ChaCha, le grand frère et désormais chef de famille, à Lelah, la petite dernière, se réunissent. Et s'il fallait chercher dans les secrets et la mythologie familiale pour trouver la clef de l'avenir des Turner et de leur maison ?

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