top of page
IMG20230707173456_edited.jpg

Éva a lu pour vous ..

Chroniques littéraires

La mémoire du thé

Lisa See

Pygmalion Dépt de Flammarion

2018

384 pages traduites par Samuel Sfez

Roman

Chronique

9 décembre 2018

" La sagesse de tout l'univers se trouve dans une tasse de thé." Proverbe chinois


" Quand naît un fils,

qu'il dorme dans un lit.

Donne-lui de bons vêtements et du jade pour jouet (...)

Quand naît une fille,

qu'elle dorme par terre.

Emmaillote-la dans une toile ordinaire

et donne-lui des tuiles brisées pour jouet (...)"

Le Livre des poèmes (1000-700 avant J.C)


Je ne m'attendais pas du tout à faire un tel voyage, évidemment sur le plan géographique, mais aussi sur le plan émotionnel, féminin, historique, sociétal. Une découverte fabuleuse du Monde du thé et particulièrement le Pu'er, thé noir récolté dans les montagnes du Yunnan. Un roman prenant, touchant, incroyable, que je ne peux que conseiller, si vous aimez apprendre, réfléchir sur vos propres conceptions peut-être à réviser, être dépaysé au possible, si vous aspirez à lire un texte bien écrit, traduit, et traitant d'une façon complète de tous les aspects que soulève le postulat de l'auteur. Du coup, nous avons ainsi une pluralité de points de vue sur les thèmes évoqués ici.


Lorsque tout débute, je pensais que l'action se situait au moyen-âge ou en tout cas en des temps anciens, avant le XXe siècle, dans un village de montagnards très retiré. C'est l'isolement de ce lieu qui m'a induite en erreur ainsi que le mode de vie décrit, les superstitions, croyances du peuple akha, minorité ethnique originaire du Tibet.


Et non, en ce début de périple qui nous mènera bien loin, nous sommes en 1988, et les feuilles de thé que récolte les membres de cette communauté se vendent 4 yuans le kilo soit 50 cents américains actuels. Le revenu moyen du village est donc de 25 $/mois.

Tout va changer, mais la préservation des coutumes et de l'art de vivre akha sera remis en question sauf si une anticipation des problèmes induits par la modernisation est sérieusement menée.


Voici le contexte général, mais ce roman grâce au personnage de Li-Yan, va vous porter bien plus loin, aborder la tragédie de milliers de femmes qui ont dû abandonner leur progéniture, quand on ne la leur volait pas, aux temps glorieux de l'enfant unique. Certains de ces bébés sont adoptés aux USA, un véritable phénomène, qui bien sûr pose énormément de questions existentielles aux parents américains et surtout à leurs filles. Et oui, les filles encore et toujours, mises à l'index.


Or, l'histoire des Akha est matriarcale en grande partie, et cette confrontation entre la jeune fille issue de ce lignage et la Chine moderne vous réserve des moments inoubliables.

Trois générations de femmes : la a-ma (mère) de l'héroïne, guérisseuse, détentrice du savoir akha, sage-femme, Li-Yan évidemment, et la fille qu'elle sera obligée d'abandonner dans une mission. Le lien entre elle sera le Pu'er.

Quatrième de couverture

Sud-ouest de la Chine, années 1990.
À la Source de Printemps, sur le mont Nannuo, la culture du thé rythme la vie des habitants depuis toujours. Loin de connaître les progrès sans précédent qui se propagent au reste du pays, les Akha perpétuent des méthodes de récolte archaïques et des principes religieux très strictes. Li-yan, première personne de sa famille à savoir lire et écrire, rejette les traditions qui ont jusqu’alors façonné son existence. Sur le point de débuter la formation qui fera d’elle la prochaine sage-femme de la vallée, elle décide de poursuivre ses études malgré les réticences de la communauté. Malheureusement, lorsqu’elle doit faire face à une grossesse non désirée, la loi akha tombe, et Li-yan n’a d’autre choix que tout abandonner – jusqu’à son enfant, qu’elle dépose sur les marches d’un orphelinat, accompagnée d’une galette de thé. Les années
passant, le souvenir de cette tragédie la hante, tandis qu’à des milliers de kilomètres, une jeune femme se lance à la recherche de ses racines…

bottom of page