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Éva a lu pour vous ..

Chroniques littéraires

La Mécanique de l'Ange

Philippe Hugon

De Borée Vents d'Histoire

12 août 2021

224 pages

Polar historique

Chronique

13 août 2021

« Alors que la guillotine moissonne les citoyens sans pitié, un jeune homme à la tête d'ange devient aide-bourreau et ne tarde pas à franchir les limites de ses prérogatives. »

J'avais aimé « Le Pacte des Gueux » et ce nouvel opus de Philippe Hugon ne fait que confirmer mon avis d'hier.


Voici un formidable thriller historique au cœur même de la machine de mort mise en place au nom de la justice en ces heures édifiantes et bientôt terrifiantes de 1793. Le célèbre bourreau Sanson remplit sa mission avec honnêteté et humanité, une tradition familiale qui perdure depuis des générations. Cependant, son fils Henri ne souhaite pas reprendre le flambeau. Il préfère s'engager comme militaire. Lorsque l'exécuteur rencontre dans un troquet François Dambrun, jeune homme blond au physique angélique au contraire de son âme déjà bien ténébreuse, un peu grisé par les verres de clairet partagés, il lui fait une proposition comme une boutade : S'engager comme aide-bourreau. Sanson pense ainsi fermer le clapet à ce prétentieux, lui donner une leçon d'humilité.


Mais, ce petit employé dans une étude de notaire, enfant gâté d'une mère célibataire, rêvant de gloire, de reconnaissance, d'écraser les riches, les nantis, en mal aussi d'une figure paternelle, soudainement entiché d'une jeune fille issue de l'aristocratie dont le père est élu à la Convention, au gré des circonstances, en vient à accepter la proposition, à la prendre au sérieux. Sanson ne le sait pas mais il fait entrer le diable en personne dans son équipe, un digne serviteur du Mal qui dans ces mois de Terreur, va pouvoir s'épanouir.


Ce thriller est une incroyable étude psychiatrique d'un psychopathe, d'un être sans morale, sans empathie, parfait sbire de la dictature, d'une fausse justice. Il trouve toutes les excuses à ces dépravations, il entend servir au mieux son père de substitution en l'aidant à parfaire la mécanique de la guillotine... Plus Sanson s'effondre à la vue des torrents de sang inondant la place où se dresse l'infernale machine, plus il s'enfonce dans la dépression, plus François se donne pour mission de rendre possible la solution finale, les exécutions à grande échelle.


Cela évidemment préfigure bien d'autres crimes commis sous ordres iniques des autorités au cours des années à venir. La question évidemment de la peine de mort comme outil de justice se pose. La limite entre acte criminel barbare et exécution d'une peine rendue par un tribunal devient de plus en plus floue en ces temps de révolution furieuse. Le problème épineux et toujours d'actualité de la désobéissance civile ou morale à des directives liberticides nous vient aussi à l'esprit.


L'originalité du propos, en nous postant au côté des bourreaux, est déjà un gage de réussite, doublée ici par la beauté du style littéraire de l'auteur. Le fond est monstrueux, la forme somptueuse et l'on se retrouve à tourner très rapidement les pages de ce texte d'une grande noirceur avec passion et empressement ; connaître le sort de chaque protagoniste de ce récit devient urgent.

Quatrième de couverture

Paris, avril 1793. Après un dépit amoureux, François Dambrun, jeune homme aussi beau que sans fortune, entre au service du bourreau du Tribunal révolutionnaire, Charles-Henri Sanson. Très vite, une étrange relation se noue entre les deux hommes. Fasciné par la grâce et l'innocence de son élève, Sanson trouve un réconfort dans sa présence, d'autant que l'impitoyable exécuteur souffre secrètement d'exercer un métier qui lui fait horreur.

Mais un jour, Sanson découvre amèrement les sadiques projets que complote son jeune apprenti. Une lutte s'engage alors, sur fond des événements de la Terreur.

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