
Éva a lu pour vous ..
Chroniques littéraires
La louve blanche
Theresa Révay
Belfond
6 mars 2008
492 pages
Historique
Chronique
24 juillet 2017

Grande fresque historique de 1917 et la Révolution Bolchévique à avril 1945 et la libération après l'horreur nazie. Nous commençons ce récit de 28 ans de la vie d'une femme extraordinaire de Saint Pétersbourg ou Petrograd le soir de son 17ème anniversaire, pour rejoindre ensuite Berlin puis Paris. Et nous oscillerons entre ces deux capitales, accompagnant Xenia Feodorovna Ossoline, russe blanche, qui va fuir sa ville et l'horreur des massacres des nouveaux maîtres de la Russie, avec sa mère enceinte et malade, sa petite soeur Macha et sa nounou, après le meurtre de son père. Elle va devoir tout affronter comme la guerrière qu'elle est, tout endosser. Grâce à son oncle Sacha elle obtient des billets pour un bateau à destination de Istanbul puis ce sera Paris la ville lumière. Les épreuves vont la transformer et la rendre méfiante, ironique, secrètement persuadée que tous les malheurs la guettent, que l'amour est impossible. Elle est comme anesthésiée. Parallèlement nous suivons également Max Von Passau, berlinois de bonne famille, photographe de talent. Ce roman décrit le monde de la haute couture et de la mode dans les deux villes, la montée de la pensée hitlérienne, l'antisémitisme affolant frappant de plein fouet l'industrie et le commerce du textile et des vêtements développés depuis des siècles par les allemands de confession juive. Comme dans la trilogie "Le siècle" de Ken Follett, ou les trois documentaires sur le Reich qui sont passés sur Paris Première, composés des films privés ou officiels en couleur, réalisés par le peuple lui-même ou la propagande, il nous est narré l'histoire de la résistance de certains allemands à l'avènement du national socialisme, ce qui informe sur la réalité de la pensée et du quotidien des allemands depuis la défaite de 1918 et le traité de Versailles.
Ce livre est aussi une grande histoire d'amour entre la louve blanche Xenia, impitoyable et fragile à la fois, et Max l'artiste engagé témoin par ses clichés de la vérité historique et de la métamorphose de l'esthétisme des années trente quarante. Romanesque, ces presque six cents pages inspirées de passions, d'humanité, m'ont emportée, m'apportant les connaissances et les informations éclairées que je recherche dans ce type de récit, ainsi qu'un grand plaisir de lecture par ces lignes lyriques, dramatiques, brûlantes.
L'horreur de cette première moitié du XXe siècle broyant les êtres et les destins est toujours difficilement acceptable. Il reste toujours cette question fondamentale de comment empêcher le mal de frapper, comment anticiper cette folie, cette déshumanisation ?