Préface de Erik Orsenna, très jolies illustrations de Camille Penchinat, mise en pages de Sandrine Escobar.

« À vendre »

« Un petit panneau était accroché dans la devanture de la librairie qui se trouve à l'angle de la place aux Herbes.

Je regardai fixement les lettres bleues sur le Kraft beige...

Pourquoi pas moi ?

J'aime les livres.

J'aime tous les livres !

Les tous petits écrits d'un seul geste, comme les très grands qui sont l'œuvre de toute une vie ; les vieux avec leur reliure en lambeaux, mais aussi ceux qui, tout juste sortis de chez l'éditeur, fanfaronnent avec leur belle bande rouge...... J'aime le papier. Comment parler du papier au singulier. J'aime les papiers des pages qui se tournent, et dont parfois on se détourne. S'il est bien choisi, un papier consomme avec les mots, et les pages défilent avec gourmandise. Quand il dissone, il peut provoquer l'abandon du lecteur, irrité par un faux accord.

Un papier trop blanc ne convient pas à une histoire d'amour car l'amour n'est jamais tout blanc ; il jaunit légèrement avec le temps, prend les traces des heurts et des caresses comme les draps d'un lit après l'étreinte. »

Ce livre est une vraie merveille, le cadeau rêvé toute l'année. J'ai eu un réel bonheur à le lire tant il est délicat, poétique, intelligent, pertinent, humaniste. Aucune fausse note ici, de la couverture ravissante nous faisant penser à un livre de recettes de cuisine qui serait plutôt des recettes de vie et un guide de lecture, la tranche en tissus jaune lumineux, le grammage des pages parfait, les illustrations oniriques, la police idéale. Tout a été choisi avec soin et cela décuple le plaisir de découvrir ce texte.

L'écriture et le propos qu'elle sert sont beaux, tout simplement. Cette librairie est une arche où se retrouvent des personnages très différents, étonnants, lunaires, philosophes, bienveillants, désespérés, en quête de réponse, d'émerveillement, de signe. Les thèmes abordés ainsi concernent la passion de lire et la littérature évidemment, le rôle que celle-ci peut jouer dans nos existences, des sujets sociétaux, écologiques, politiques, de la problématique d'oser dans son parcours prendre des risques en écoutant ses propres désirs, de la transmission des traditions, des difficultés à communiquer entre membres d'une même famille, de la consolation, de la rédemption, de l'amour. Roman érudit sans forfanterie, généreux, vous trouverez la liste des titres cités pour chaque client de la boutique en fin de livre.

J'ai ADORÉ ce roman, il m'a fait du bien, j'ai coché plusieurs pages et citations. Je suis tout à fait en accord avec le sous titre : effectivement on peut connaître une personne en regardant attentivement sa bibliothèque. Le fonctionnement d'une librairie est bien expliqué ; j'ai aussi découvert le système " Postbook" mis en place par La Poste en partenariat avec le syndicat des libraires depuis trois ans pour contrecarrer Amazon.