
Éva a lu pour vous ..
Chroniques littéraires
La guerre de Troie et l'inconscient grec. Le rôle des femmes
Efi Papavassilopoulou
Editions du Panthéon
21 février 2020
64 pages
Essai Philosophie
Chronique
15 juin 2021

Je vous préviens tout de suite : je n'ai aucune formation ni intérêt particulier pour la Psychiatrie, la Psychanalyse, et suis une bûche en Philosophie. Donc, c'était plutôt gonflé et risqué de la part de Efi Papavassilopoulou de me demander de lire et donner mon avis sur cet essai et les trois précédents. Ai-je tout compris ? Je vous l'ai dit, je suis limitée donc, Non ! Mais, en revanche, l'histoire qui m'a été contée, que je croyais connaître, sous ce nouvel éclairage, m'a passionnée, stupéfaite, et a provoqué chez moi de multiples réflexions quant aux sens cachés des légendes, mythes grecs et autres, qui sont les pierres angulaires sur lesquelles se sont construits nos sociétés imparfaites, nos mentalités, notre inconscient commun et dans cet essai, l'inconscient grec.
Je ne sais pas vous, mais Hélène est un personnage que j'ai toujours trouvé ambivalent, pas très cernable ni aimable. Comme quoi mon instinct était en partie bon.
Dès l'introduction, Efi Papavassilopoulou, nous explique que Hélène est symbole de la beauté, et celle-ci est pour les Grecs " une apparition comme aleithia, la vérité, dans son sens initial, qui veut dire dévoilement, la naissance du nouveau. Les Grecs sont à la recherche d'Hélène, perdue, volée ou encore enlevée. Les Troyens croient qu'ils la possèdent." Ils s'arrêtent aux apparences alors que leurs ennemis vont au delà.
Hélène est donc en soi et malgré elle un objet de manque et bien vite une bonne raison pour les Grecs de prendre la mer afin d'aller la récupérer, d'où un voyage, une mise en mouvement de toute une armée dont se détachent certaines figures de héros, humains ou à moitié Dieu, tel Achille.
Hélène est aussi celle qui, en une seule figure, regroupe toutes les femmes ou disons que chaque femme est une partie de cet idéal féminin, sa métonymie et sa métaphore.
Après un rappel du déroulement de ce conflit qui dura dix ans, cette guerre de mâles, Efi Papavassilopoulou nous rappellent que sans les femmes pas de guerriers, pas d'alibi au voyage, pas non plus de résolution du conflit ou de vengeance. Et de nous nommer ces femmes inoubliables, héroïnes involontaires, nos aieules, celles dans lesquelles nous pouvons nous reconnaître : leur destin est le nôtre, leur amour, leur courage, leur haines, leurs actes remarquables ou effroyables préfigurent notre actualité et illustrent déjà ce que nous allons toutes devoir supporter, affronter siècles après siècles, sacrifiées, sans toujours le comprendre vraiment, sur l'autel d'une illusoire supprématie mâle ou dogmatique.
Chez les Grecs nous retrouvons Iphigénie, Clytemnestre, Pénélope et Thétis.
Chez les Troyens, Hécube, Cassandre, Andromaque.
Toutes ces héroïnes ont des liens soit de parenté, soit de ressemblances en terme de traumatismes, d'expériences, de réactions. L'analyse de Efi Papavassilopoulou est brillante et m'a soufflée car évidemment, vu sous cet angle, beaucoup de conceptions universelles et intimes, personnelles, sont chamboulées.
Nous-mêmes, lectrices, comprenons en quoi nous sommes aussi métonymie ( figure de style par laquelle on désigne le tout par la partie, le contenu par le contenant : exemple boire un verre pour signifier boire ce qui est contenu dans le verre - source wikipédia) et métaphore d'Hélène....Et Hélène me direz-vous ? Elle est d'aucun bord, jouant un rôle incompréhensible, collaborant avec les deux bords. Cela remet les évènements en perspective et leurs conséquences pour les vainqueurs et les vaincus... A méditer....