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Éva a lu pour vous ..

Chroniques littéraires

La Gestapo Sadorski

Romain Slocombe

Robert Laffont

1er octobre 2020

592 pages

Thriller Historique

Chronique

30 novembre 2020

Cet ouvrage est le premier épisode d'une nouvelle Trilogie de la guerre civile. Elle suit la Trilogie des collabos comprenant « L'affaire Léon Sadorski », « L'Étoile jaune de l'inspecteur Sadorski » et « Sadorski et l'ange du péché ».


« Le plaisir de nuire à autrui est distinct de la cruauté, celle-ci consiste à trouver une jouissance dans la compassion, elle atteint son point culminant quand la compassion est à son comble ( quand nous aimons celui que nous torturons). Si un autre faisait le même mal à celui que nous aimons, nous serions saisis de fureur, la compassion nous serait toute douloureuse. Mais c'est nous qui l'aimons, et c'est nous qui lui faisons mal. La compassion y gagne un attrait infini ; c'est la contradiction de deux instincts forts et opposés qui agit ici comme l'attrait suprême. « Friedrich Nietzsche, La volonté de puissance


« Ivresse et extase sont les mots clés du fascisme, l'avers de sa médaille, terreur et mort son envers [...]. Subitement, on était quelqu'un. » Horst Krüger, Un bon Allemand.


Et un bon français ? Qu'est-ce que cela signifie pour Léon Sadorski ? Comment définit-il le mot patriotisme ? Par son allégeance à Pétain, par sa haine du juif, du franc-maçon, du communiste ? Et par conséquent, cet inspecteur zélé, excellent même, méthodique, ne voit pas de problème à collaborer avec les SS, la gestapo, même s'il éprouve de plus en plus de mépris pour eux, tout en les craignant. Les Allemands vont même lui donner du galon en le chargeant d'une mission très particulière d'espionnage.


Ainsi aveux, trahisons et filatures patientes récoltés, provoquées et mises en place par la Brigade spéciale n°2, vont mener à un sacré coup de filet : l'arrestation de 68 militants communistes membres de la résistance armée juive-étrangère en région parisienne de la mi-novembre 1943, mois de la "grande chute", jusqu'à l'insurrection de l'été 1944.


Léon Sadorski est un personnage difficilement qualifiable, la liste des injures qui me viennent à l'esprit n'est pas suffisante. Le comprendre est impossible, en revanche on constate avec joie que ses points faibles, comme son obsession sexuelle pour toutes les femmes en plus de la sienne, Yvette, et de Julie, la jeune fille juive cachée chez lui et grosse de ses œuvres, va le mener à prendre enfin des risques inconsidérés. Il va aussi s'intéresser de très près au groupe des femmes du Travail allemand : celles-ci, jolies et téméraires, parlant parfaitement allemand, sont chargées de sympathiser et même séduire les ennemis afin de les faire changer de camp, quitter l'armée, trahir. Leur tâche difficile de déstabilisation, de sape du moral des troupes d'occupation est facilitée par la menace d'un prochain débarquement sur les côtes normandes et la débâcle des Allemands sur le front Est contre les Russes.


En suivant Sadorski dans ses déplacements, en assistant à ses crimes, méfaits, aux réunions organisées à la gestapo, ou lors de séances d'interrogatoires ignobles, Romain Slocombe nous décrit les rouages de l'organisation allemande et des brigades francaises collaborant avec elle, mais également nous expose les mécanismes et règles strictes qui font la spécificité et l'efficacité des groupes de résistants étrangers juifs et communistes en France.

En suivant ce criminel de guerre, ce représentant des ténèbres, ce personnage principal haïssable, l'auteur réussit en réalité le tour de force de :

- rendre un vibrant hommage aux Justes,

- mettre dans la lumière tous ces résistants, ces héros de l'ombre, et particulièrement ces femmes admirables, qui ont bravé tous les interdits, tous les dangers pour permettre la victoire des alliées.


Des femmes exceptionnelles souvent plus courageuses, endurantes que les hommes face à l'ennemi, dans les camps ou lors de séances de torture.


La première Trilogie et ce nouvel opus ne sont pas à mes yeux des thrillers sur la Seconde Guerre Mondiale mais des ouvrages où la vérité historique est rétablie par le biais de l'écriture romanesque, afin de faciliter le passage de témoin de générations en générations, de redonner voix aux disparus ou de recueillir le témoignages des justes, aujourd'hui très âgés, avant qu'ils ne nous quittent.


C'est une mission titanesque que mène avec un immense talent, une sincérité indiscutable et un engagement total, Romain Slocombe.

J'avais écrit, je crois, pour le deuxième tome de la Trilogie précédente, qu'il m'était impossible de dire que j'avais aimé son livre, mais que j'éprouvais une immense reconnaissance et admiration envers l'auteur pour son travail d'historien, de

romancier, de dépositaire et de passeur de vérité. C'est toujours le cas, Ô combien, mais j'ajoute que j'ai pris du plaisir à lire ce quatrième épisode de la Série Sadorski.


Inquiétant me direz-vous ! Je crois surtout que sachant la proximité de la victoire alliée, il m'a été plus facile de lire ces pages non dénuées d'un humour sarcastique et d'ironie....On voit Léon Sadorski se piéger lui-même, on voit tous ces collabos frétiller de peur à l'idée d'une défaite allemande et des comptes qu'ils vont devoir rendre.


Mélange de sourire narquois et de nausée... j'ai hâte de découvrir la suite...


Pour rappel, le personnage de Léon Sadorski est inspiré de l'inspecteur principal adjoint Louis Sadosky de la 3 ème section de la direction générale des Renseignements généraux et des Jeux, qui dirigeait le Rayon juif au sein de ce service. Ne faites pas l'impasse sur les notes de l'auteur, la bibliographie, les remerciements, qui sont essentiels à la compréhension de l'œuvre majeure qui vous est offerte.


Pour ma part, il y a vraiment un avant et un après la Série Sadorski... Nous n'en sortons pas indemnes et en même temps, les connaissances acquises ainsi nous rendent plus forts au moment où certains irresponsables et nostalgiques font que la peste brune peut toujours se répandre.Sont prévus en 2021 « L'inspecteur Sadorski libère Paris » et en 2023 « J'étais le collabo Léon Sadorski ». Tout un programme....

Quatrième de couverture

Le pire des salauds, le meilleur des enquêteurs.
Paris, octobre 1943. Un important dignitaire nazi, le colonel SS Julius Ritter, a été assassiné en sortant de chez lui, près du Trocadéro. La Gestapo est sur les dents. Elle convoque l'inspecteur principal adjoint Sadorski pour lui confier la direction d'une petite unité de policiers français gestapistes chargée de traquer les " terroristes " juifs FTP-MOI. Sadorski caresse l'espoir de gagner de l'avancement en effectuant un brillant coup de filet.
Joignant l'utile à l'agréable, il cache dans son appartement la jeune Juive Julie Odwak, qu'il a mise enceinte. La situation est des plus scabreuses : sa femme Yvette, qui ignore la véritable identité du père, doit simuler pour elle-même une grossesse afin d'éviter la curiosité des voisins lorsque l'enfant naîtra...
Les choses ne se passeront pas exactement comme Sadorski l'avait prévu. Ce sera bien pire.

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