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Éva a lu pour vous ..

Chroniques littéraires

La forme de l'eau

Guillermo Del Toro et Daniel Kraus

Bragelonne

2018

376 pages traduites par Isabelle Troin

SF

Chronique

11 juillet 2018

Titre original " The shape of water".


Illustrations intérieures et couverture de James Jean.


Déjà le livre lui-même en tant qu'objet est beau, les dessins, les papiers à motifs à l'intérieur des couvertures, les feuilles épaisses.... Nous sommes face à un conte de science fiction se situant en 1960 en Amazonie puis en 1962 à Baltimore.


À l'origine, ce projet d'écriture à quatre mains, par un cinéaste et un écrivain est imaginé pour donner naissance à un ovni qui est bien une œuvre littéraire destinée à être filmée. C'est évident. Cependant nous n'avons pas l'impression de lire un scénario mais un roman très visuel. Cela convient d'autant mieux que l'héroïne Elisa Esposito est sourde et muette donc la vue est le premier de ses sens en éveil.


Trouble période que ces années 60 aux USA, une autre guerre plus insidieuse a débuté alors que la précédente n'était pas encore terminée. Cette guerre froide entre occidentaux et Russes, entre ultralibéralisme qui explose littéralement et le communisme qui terrorise, chaque belligérant veux dépasser l'autre pour l'écraser, et ceci dans tous les domaines, scientifiques, armements, etc...


Ainsi l'impitoyable Richard Strickland, militaire est missionné en Amazonie par un mystérieux Mr Hoyt, qui manifestement le terrorise, pour capturer une créature hybride homme poisson, considérée par les populations autochtones comme un Dieu, le dernier de son espèce, Deus Branquia. Cette mission top secret va s'éterniser 17 mois pendant lesquels peu peu les participants vont changer, beaucoup meurent, beaucoup sont éliminés par Strickland, mais enfin la bête est prise au terme d'une rencontre épique entre le militaire devenu sauvage et la créature impuissante à se défendre. Et les cris et hurlements des singes qui perdurent et rendent tout le monde fou, et qui accompagnent l'Américain sur le chemin du retour cette fois vers Baltimore et le Centre OCCAM de Recherche Aérospatiale.

Il est devenu une bête, rempli de cauchemars et des visages de tous ceux qu'il a assassinés.


Dans sa nouvelle maison, Lainie, archétype même de l'épouse à la coiffure choucroute parfaite, hôtesse de maison idéale, caricature de cette femme dépendante du mari, infantilisée, mère d'un garçon et d'une fille est là au milieu des cartons, avec son nouveau fer à repasser. Elle l'attend inquiète. Elle sur joue un rôle qu'elle a bien dû abandonner pendant les 17 mois d'absence de Richard, pour se débrouiller seule, s'affranchir. Comment redevenir une Potiche maintenant ?


À OCCAM, travaillent des femmes de ménage de nuit, des invisibles, et parmi elles, Elisa, née muette, abandonnée de sa famille, qui sans le soutien de Zelda afro-américaine sur place, n'aurait pas tenu ces 20 dernières années dans ce lieu où on écrase les minorités quelles qu'elle soient. Il y a aussi son voisin, Giles, vieil homosexuel artiste peintre, si attendrissant et élégant malgré son postiche, qui toujours est à ses côtés. Elisa a deux passions : prendre de très longs bains et porter de très belles chaussures improbables à haut talon, même au travail, par esprit de rébellion.


Branle bas de combat au Centre, un paquet énorme est livré comme un grand sarcophage avec une vitre au-dessus. Également une sorte de piscine a été construite et un nouveau responsable de la sécurité est là et terrorise tout le monde avec sa badine électrique, Richard Strickland. Mais la curiosité de Elisa est la plus forte, une attirance inexplicable qui l'entraîne un soir vers le bassin. La rencontre du troisième type a enfin lieu, celle que chacun attendait autour d'un œuf, symbole du tout.


Grand roman d'amour, traitant également d'une période de l'histoire bien spécifique où des expériences scientifiques inacceptables furent commises alors, et le sont toujours, où l'idée erronée de fausse supériorité de l'homme sur le règne animal perdure, de la notion même de sauvagerie ou de civilisation s'écrasant sur la réalité de croyances millénaires. Le Deus Branquia va être le révélateur pour chacun de sa nature profonde, impossible d'échapper à ce que l'on est ou à son destin.


Il vit trente minutes dans notre atmosphère, à l'infini sous l'eau, cette eau qui soudain va se mettre à tomber transformant Baltimore en immense aquarium, l'eau nettoyant les êtres de leur saleté ou de leur peur, l'eau élément de renaissance, de voyage et de sécurité. Certains passages sont tellement libérés de tout carcan que disparaissent les ponctuations : plongeons, nageons, redevenons l'être amphibien que nous étions, revenons à nos sources, suivons dans ce roman violent et onirique, d'animalité et d'humanité, ce couple formé par Elisa et Deus Branquia..... Allons à notre propre rencontre.

Quatrième de couverture

Nous sommes en 1963, et Elisa Esposito survit tant bien que mal. Née muette, abandonnée par sa famille, elle travaille de nuit comme femme de ménage au Centre Occam de recherche aérospatiale.
Un soir, elle surprend quelque chose qu’elle n’était pas censée voir : un homme amphibie prisonnier d’une cuve, qui doit être étudié par les scientifiques pour faire avancer la course à l’espace de la Guerre Froide. La créature est terrifiante, mais aussi magnifique – elle fascine Elisa. Utilisant la langue des signes, celle-ci établit une communication. Bientôt, la créature devient sa seule raison de vivre.
Pendant ce temps, Richard Strickland, le militaire brutal qui a capturé la créature en Amazonie, envisage de la disséquer avant que les Russes ne tentent de s’en emparer.
Elisa doit tout risquer pour sauver la créature. Avec l’aide d’une collègue qui souffre du racisme ambiant et d’un voisin malchanceux qui n’a plus rien à perdre, elle met au point un plan d’évasion. Mais Strickland ne l’entend pas de cette oreille. Et les Russes sont bel et bien sur l’affaire…
Le fantastique, la romance et l’horreur s’entremêlent dans une histoire d’amour obsédante et tragique, qui a remporté le Lion d’or du meilleur film à la Mostra de Venise en 2017.

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