top of page
IMG20230707173456_edited.jpg

Éva a lu pour vous ..

Chroniques littéraires

La disparue de Saint-Maur

Jean-Christophe Portes

City Editions

2017

517 pages

Polar Historique Reportage Autobiographie

Chronique

31 octobre 2018

Troisième enquête de Victor Dauterive dans la France révolutionnaire après « L'affaire des corps sans tête » et « L'affaire de l'homme à l'escarpin » .

Nous sommes en ce début d'hiver 1791, rien ne vas plus, bien que les apparences pourraient laisser penser le contraire. Louis XVI a perdu toute crédibilité depuis l'épisode grotesque de sa fuite en famille et son arrestation à Varennes, ramené à la capitale sous la garde d'un certain Pétion. Le massacre de civils aux Champs de Mars en juillet dernier a précipité la retraite dans sa campagne de La Fayette.

La Constitution est certes adoptée et un certain ordre bourgeois règne grâce aux hommes de la Maréchaussée rebaptisée depuis février 1791 Gendarmerie nationale.


Aux frontières, des nobles forcés à l'exil rêvent du retour à l'ancien régime et fomentent des complots avec les royautés voisines, on s'arme, on attend le coup d'envoi. Le clergé a tout perdu, mis sous pouvoir de l'état, les monastères et autres biens de l'Eglise sont vendus aux plus offrants. La justice doit aujourd'hui condamner selon le code civil et non l'origine sociale du coupable, selon les principes de l'égalité entre les hommes.


Évidemment, malgré sa déclaration des droits de la femme et de la citoyenne dédicacée à Marie-Antoinette, rien a changé aux yeux de l'amie de notre héros, Olympe de Gouges.L'ancien monde disparaît avec les privilèges de certains, sans pour autant apporter une vie plus facile pour les plus pauvres et les femmes.


C'est cette troisième aventure qui va définitivement changer Victor, l'endurcir pour en faire un homme, ancien noble devenu gendarme pour échapper, mineur, aux exactions de son père : touché par une affaire dont il va vouloir se charger jusqu'au bout, réveillé dans sa conscience et son désir de justice par la fougueuse Olympe, remis face à ces responsabilités quant à son commis avec lequel il n'est pas tendre, garçonnet boiteux soudain disparu, perdant également ses illusions et une partie de son admiration pour La Fayette, son mentor, son presque père, qui brusquement se montre sous le jour d'un manipulateur égocentrique.


Ainsi le mardi 29 novembre 1791, Dauterive se rend à Saint-Maur non loin de Paris, car une jeune femme de trente ans issue de l'aristocratie ruinée mais toujours méprisante, a disparu depuis une semaine. Avec le froid de gueux de ces derniers jours, on craint pour sa vie. Les réponses floues, le comportement inhabituel des parents et de la sœur aînée de Anne- Louise Ferrières, par ailleurs belle, instruite, libertaire et talentueuse, font tiquer sérieusement Victor. Suicide, accident, rapt, meurtre ? Rien n'est impossible. L'enquête faite par les autorités sur place est insuffisante. La volonté des parents de se débarrasser de Victor au plus vite les rend suspects.


Il en touche deux mots à Olympe de Gouges qui en féministe des premières heures est vite interpellée par ce mystère. Elle tient à y mettre son grain de sel malgré le refus de Victor.


Au même moment, le retour intempestif de La Fayette à Paris va à nouveau bouleverser toute la vie et les plans de Victor, avec tout le mépris et la hauteur dont est capable le grand homme. Aujourd'hui il veut devenir maire de la ville de Paris, afin de se rapprocher de la famille royale et la protéger, alors que celle-ci l'a en aversion. Un certain Pétion est aussi sur les rangs, il envoie donc notre gendarme enquêter sur ce dernier jusqu'en Angleterre. La Fayette lui adjoint alors son pire ennemi Antoine-Louis Charpier, maintenant député et membre du Comité de surveillance de l'Assemblée nationale, et bilingue.

Tout ceci commence franchement à échauffer notre lieutenant, d'autant plus que Joseph son commis est introuvable à la veille de son départ pour l'outre Manche.


Un froid polaire s'étend sur les cœurs, les hommes, avant le grand chaos des prochaines semaines. Jean-Christophe Portes signe là un opus des plus réussis, moins film d'action, plus dans la réflexion et l'analyse. Tout est plus ralenti, introspectif et donc touchant. Les questions de la condition féminine abordées ici sont poignantes, les heures d'attente nous mettent dans un climat anxiogène terrible, on continue de découvrir Paris et ses environs, le mode de vie des riches et indigents avec grand intérêt, teinté de tristesse sachant les évènements à venir. Ce troisième roman est celui qui m'a le plus touchée, je sens la fureur et la mort approcher connaissant l'Histoire, et j'en suis déjà bouleversée.

Quatrième de couverture

En cet hiver 1791, la France est au bord du chaos. Depuis sa fuite à Varennes, Louis XVI est totalement discrédité. Royalistes et nouveaux députés se menacent, armes à la main et la tension est extrême. C'est dans ce contexte explosif qu'Anne-Louise Ferrières disparaît. La belle et mystérieuse fille d'aristocrates désargentés, encore célibataire à trente ans, n’a pas été vue depuis une semaine. Et une semaine, avec ce froid polaire... Plus personne ne s'attend à la retrouver en vie. Enlèvement ? Suicide ? Fuite ? Étrangement, la question semble laisser sa famille de glace. Loin de dissuader le gendarme Victor Dauterive, cette indifférence hostile excite sa curiosité. Et il flaire chez les Ferrières des manigances qui débordent largement le cadre familial...

bottom of page