« Aussi longtemps qu'ils marchaient, ils discouraient.

Quand ils furent arrivés, tout discours cessa.

Il n'y eut plus ni guide ni voyageurs.

Le chemin même cessa d'exister . » Attar

En 2011 apparaissait dans « L'Enfant de la neige » le personnage de Alexis. Nous le retrouvons donc dix ans après, moinillon au service du vieux Vitalis, érudit tout « rogneux ». Celui-ci lui donne pour mission de porter à son ami enlumineur, le moine Luc, au couvent des Hospitaliers à Toulouse, des livres par lui recopiés. Puis il lui précise qu'il pourra loger là-bas chez un autre ami, alchimiste celui-ci, nommé Baruhel.

Voici notre héros parti sur les routes pleines de dangers, de surprises, de rencontres bonnes ou mauvaises en ces temps violents où sévit l'Inquisition.

En chemin, il fait la connaissance d'un voleur au grand coeur caché sous une défroque de religieux, un certain Arnaud de Verniolle : la particule est utilisée par le malin « frère » pour se voir ouvrir certaines portes, quant à Verniolle, c'est le village où il est né. Ce sera le premier compagnon haut en couleurs, paillard, à la verve colorée, jamais à court de bons tours et de solutions inespérées dans les situations les plus périlleuses, de ce qui sera « La confrérie des innocents ».

Le destin semble protéger Alexis, et il en aura bien besoin. Sitôt sa mission accomplie auprès du désagréable frère Luc, il se rend avec Verniolle chez Baruhel. l'Inquisition frappe durement à Toulouse dès le moindre soupçon d'hérésie. L'ambiance est délétère.

Le vieil homme sait qu'il vit sa dernière nuit, qu'un bûcher l'attend dès le lendemain matin. Un certain Raimon Falgar profite de son poste auprès de l'Inquisition pour traquer Baruhel qu'il hait, persuadé à tort que celui-ci est le rédacteur d'un texte sulfureux intitulé le "traité des Trois Imposteurs".

L'alchimiste sait qu'il n'a plus de temps à perdre, il remet donc à Alexis un manuscrit en revanche extrêmement important, dont il était le gardien jusque là, qui ne doit absolument pas tomber entre les mains du fou extrémiste Falgar.

Et donc, pour l'accompagner sur le chemin du retour jusque chez Vitalis son maître, nouveau gardien du livre mystérieux, le vieil homme lui adjoint Adam de Miraval, un de ses élèves, Jeanne, sa fille unique et enfin Soudan, son valet et garde du corps. Alexis et Verniolle ont à peine quitté la demeure de Baruhel que celui-ci est arrêté comme il l'avait prévu et jeté au feu. La confrérie des innocents est prête à affronter les périls qui jalonneront leur parcours d'obstacles autant qu'initiatique. Les troupes de l'immonde Falgar les prennent en chasse....

L'auteur nous plonge dans une course poursuite effrénée en pays toulousain en ce XIIIe siècle où superstitions et terreurs régissent l'existence des pauvres malheureux souvent analphabètes, sous influence de certains êtres peu scrupuleux qui voient dans l'Inquisition le moyen d'exprimer toute leur démence. Mais heureusement, certaines communautés au fond des forêts résistent, certaines sociétés secrètes de malandrins et voleurs font perdurer un réel sens de l'honneur. Ce roman est certes un thriller historique et d'action, il est aussi un récit gouleyant, délicieux, drôle, ensoleillé. La langue en est magnifique, réconfortante, savoureuse, rocailleuse ou harmonieuse comme les paysages de cette région. On en sort ragaillardi, heureux de ces belles heures de lecture. Cela fait du bien tout en étant une reconstitution formidable. Mais je vous laisse vite rejoindre Alexis et ses amis. De sacrées surprises vous attendent.