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Éva a lu pour vous ..

Chroniques littéraires

La Cité de feu

Kate Mosse

Sonatine

23 janvier 2020

608 pages traduites par Caroline Nicolas

Historique

Chronique

10 mars 2021

Un temps pour tout (Ecclésiaste 3.1-15) en ouverture :

« Il y a un moment pour tout et un temps pour toute activité sous les cieux :

Un temps pour naître, et un temps pour mourir,

Un temps pour planter, et un temps pour arracher ce qui a été planté,

Un temps pour tuer, et un temps pour guérir,

Un temps pour démolir, et un temps pour construire,

Un temps pour pleurer, et un temps pour rire,

Un temps pour se lamenter, et un temps pour danser,

Un temps pour lancer des pierres, et un temps pour ramasser des pierres,

Un temps pour embrasser, et un temps pour s'éloigner des embrassements,

Un temps pour chercher, et un temps pour perdre,

Un temps pour garder, et un temps pour jeter,

Un temps pour déchirer, et un temps pour coudre,

Un temps pour se taire, et un temps pour parler,

Un temps pour aimer, et un temps pour haïr,

Un temps pour la guerre, et un temps pour la paix. »


318 ans après le massacre des Cathares, c'est au tour des Protestants d'être poursuivis et assassinés par l'Inquisition et les partisans de François, Duc de Guise et de Lorraine, chef de la faction catholique, dans cette région du Sud où se sont réfugiés nombre de persécutés.


L'action de ce premier Tome, suivi d'un second opus « La Cité des Larmes », débute en 1562, dix ans avant la terrible et ignoble nuit de la Saint Barthélémy. Il est bon de rappeler que cet événement fut précédé de maints épisodes plus terribles les uns que les autres un peu partout en France et notamment dans le Midi, à Carcassonne et Toulouse....


Kate Mosse mêle habilement deux courses poursuites dans ce thriller historique également saga familiale, se finissant en Afrique du Sud au XIXe siècle :

- La première victime est Marguerite, catholique, sœur aînée d'une fratrie de trois enfants ( Aimeric 13 ans et Alis 7 ans) dont le père Bernard Joubert est libraire à Carcassonne. Elle reçoit un message d'avertissement, mystérieux et incompréhensible... La menace va très vite se préciser.... Nous découvrons l'obsession de sa persécutrice, Blanche de Bruyères, dans des chapitres en italique : toute sa folie s'y exprime nous glaçant peu à peu. Un testament serait à l'origine de cette haine....

- La deuxième cible est Piet Reydon, franco-hollandais converti au protestantisme, dans le collimateur d'un de ses amis de jeunesse, Vidal, noble devenu un prêtre ambitieux... Le vol d'une célèbre relique a eu lieu quelques années auparavant... Le religieux voudrait remettre la main dessus. Il est persuadé que Piet peut le mener à ce trésor. Ainsi son avancement dans la hiérarchie catholique serait assuré...


Pour corser le scénario Marguerite et Piet tombent éperdument amoureux dès le premier regard et ... Vidal, au mépris de son vœu de chasteté, et Blanche sont des amants maudits, criminels et psychopathes.


Nous comprenons dès le prologue que les descendants de ses deux couples vont se poursuivre, se combattre et se détester jusqu'en 1862.


Autant Marguerite et Piet symbolisent la tolérance religieuse, autant Blanche et Vidal figurent des extrémistes de la pire espèce : elle, par croyance religieuse proche d'une pathologie obsessionnelle ; lui par opportunisme insupportable et soif maladive de pouvoir.


Grâce à ces deux personnages, nous touchons à une vérité historique quant à l'Eglise de l'époque et ses dérives avérées au XVIe siècle, dont la main armée est l'Inquisition, Église forte de la croyance non éclairée et presque superstitieuse des fidèles....

De plus, une grande majorité de la population du pays ne sait pas lire et écrire et ne peut comprendre le latin. Une traduction en français de la Bible est donc extrêmement dangereuse, qu'elle soit lue ou entendue, capable de faire trembler les fondations du catholicisme omnipotent.


J'ai trouvé ce texte particulièrement savoureux par l'emploi de vocabulaire occitan. Nous sommes en Languedoc, ce qui signifie évidemment pays de la langue d'oc parlée au Moyen-Âge dans le Midi, de la Provence à l'Aquitaine, en opposition avec la langue d'oïl du Nord.

L'Occitan était considéré alors comme un patois et un signe d'inculture. Donc l'auteure décide, pour donner la parole aux autochtones et aux nouveaux habitants installés dans la région, d'employer l'occitan et le français pour le même mot...

Exemple : monsieur et sénher.


Enfin, un dernier point précisé dans les notes finales est très intéressant : le Midi non seulement revendique son indépendance linguistique mais aussi son indépendance d'esprit, ( je reprends les mots de Kate Mosse). L'origine de cette dernière remonterait à l'époque de l'invasion du Sud par le Nord en 1209-1244. Ainsi, beaucoup de communautés protestantes, dans le collimateur du pouvoir central, ont trouvé refuge plus facilement dans le Midi où elles purent résister et se défendre plus durablement.


Contexte historique donc très particulier, personnages touchants ou terrifiants, suspense parfaitement alimenté jusqu'aux dernières lignes.... Déjà les nuages s'accumulent à nouveau à l'horizon, le vent, préfigurant les prochaines tempêtes historiques se lève... tous les protagonistes de ce roman au scénario rigoureux seront emportés dans un enfer sur Terre. Je lirai bientôt le deuxième Tome ...

Quatrième de couverture

Une course haletante au cœur des guerres de Religion : le grand retour de la reine du roman historique.
France, 1562. Les tensions entre catholiques et protestants s'exacerbent, le royaume se déchire. Le prince de Condé et le duc de Guise se livrent un combat sans merci. Les huguenots sont persécutés, les massacres se succèdent. À Carcassonne, Marguerite Joubert, la fille d'un libraire catholique, fait la connaissance de Piet, un protestant converti dont la vie est en danger. Alors que la violence commence à se déchaîner dans la région, le couple se retrouve bientôt au centre d'un vaste complot lié à une sainte relique. Leur quête va les mener vers une ancienne forteresse, où sommeille un secret enterré depuis des décennies.

Après Labyrinthe, vendu à plusieurs millions d'exemplaires, Kate Mosse nous propose une nouvelle fresque érudite et captivante. Elle y donne la parole à ces figures féminines trop souvent oubliées par l'histoire officielle. D'une efficacité redoutable, La Cité de feu confirme l'inimitable maestria narrative de son auteur.

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