J'ai été tout de suite frappée par la qualité de l'écriture, la façon qu'a l'auteur de croquer en quelques traits précis ses personnages, de dresser avec justesse leurs profils psychologiques ; le suspense est savamment dosé et le scénario parfaitement orchestré, sans aucune fausse note ou contretemps.

« C'est un beau roman, c'est une belle histoire », qui nous replonge avec une tendre nostalgie dans notre jeunesse, dans ces années 1970-80 où tout semblait possible, où nombre d'archaïsmes sociétaux devaient être combattus, où des diktats et des normes ridicules devaient être effacés.

Sur une playlist fabuleuse à fredonner toute la journée le sourire aux lèvres, Julien Rampin danse autour de nous une chorégraphie longuement étudiée et répétée avec pour décor un village paumé au bord du canal du Midi, quelques commerces, des quarantenaires adulescents, des habitants bloqués depuis un soir fatidique de 1978 et le drame d'un incendie.

Le temps s'est arrêté pour tout le monde, ils ont tous joué leur partition pour se convaincre que la vie continuait ; mais la bande-son a ralenti inexorablement jusqu'à se mettre sur pause. Partir à la capitale comme Simon, devenu infirmier et revenu avec sa douce Joséphine soudain disparue, n'a pas été la solution. Monter sa propre affaire comme Barnabé le cafetier ou Juliette la coiffeuse, non plus. Que dire des fameuses jumelles, Claudine et Claude, rebaptisées les Clodettes, plantées telles deux personnages des Deschiens sur leur bout de trottoir à commenter perfidement ce qu'elles voient, ce qu'elles croient savoir ?

D'un récit truculent et savoureux, tendre et pertinent, l'on bascule peu à peu dans l'inquiétude, dans l'angoisse. Les vieilles douleurs se réveillent et l'arrivée de la mystérieuse Gloria, magnifique, élégante, talentueuse chanteuse de bal populaire, ne calme pas les esprits, bien au contraire. Sa seule présence provoque l'étincelle qui enflammera la petite bourgade et consumera les dernières certitudes. Intolérance, discrimination, violence...

Cette « putain de vie » peut-être pourtant si belle si on la traverse honnêtement, sans mensonge et secret. Mais nos amis en sont-ils capables ? Pourront-ils survivre ... ?

« Oh no, not I, I will survive

Oh, as long as I know how to love, I know I'll stay alive

I've got all my life to live

And I've got all my love to give and I'll survive

I will survive » I will survive, Gloria Gaynor