Éva a lu pour vous ..
Chroniques littéraires
La cabane des pendus
Gordon Ferris
Sixtrid
2018
10 heures 12 minutes, lu par Bernard Malaka
Thriller
Chronique
17 février 2019
La première version « The hanging Shed » de 2011 a été traduite par Jacques Martinache pour les Éditions Presse de la Cité en 2012 .
Comme d'habitude je n'ai pas lu la quatrième de couverture avant l'audition.
Premier d'une série de quatre enquêtes de Douglas Brodie comprenant « Sang d'encre » en 2012, « Le justicier de Glasgow » en 2016 et les « Adieux de Brodie » en 2018 tous parus chez Seuil.
Douglas Brodie est un très bon personnage pour un romancier, ancien flic à Glasgow, il s'est engagé dans l'armée pendant la seconde guerre mondiale ; vétéran de la campagne d'Afrique, il décide de s'installer à Londres pour tenter de devenir journaliste. Il reste touché par son enfance dans une petite cité ouvrière de la banlieue de Glasgow, marqué par son ancien métier de policier, et traumatisé par ce qu'il a vu ou fait pendant le conflit mondial. C'est un homme intelligent, sensible, ironique parfois, mais sa bienveillance et son désir de justice supplantent cela.
L'intérêt de ce roman, qui par ailleurs est un polar assez classique, réside dans ce héros empathique et imparfait, et la description exceptionnelle du Glasgow d'après-guerre, de la classe ouvrière écossaise courageuse et farouche, des taudis où la vie est d'une extrême rigueur, envenimée par des divisions concernant les questions religieuses. Ajoutez à cela une police et une justice corrompues et la présence de bandes de truands irlandais flirtant avec l'IRA, et le tableau est complet.
Un jour, un copain d'enfance de Brodie, Hugh Donovan lui téléphone de Glasgow afin qu'il vienne l'aider sur place. Il y est incarcéré attendant d'être exécuté, accusé et jugé coupable du viol et du meurtre du jeune garçon de sa petite amie. Cet appel étonne énormément Brodie, car ils ne se sont pas quittés en bon terme, la femme en question ayant été son premier grand amour que Donovan lui a volé. Le chagrin a laissé des cicatrices encore mal refermées.
Cependant c'est une bonne histoire pour un journaliste d'investigation. Donc il revient dans sa ville natale.
Dès le début, que ce soit lors de sa confrontation avec le prisonnier, lors de son entretien avec l'avocate de la défense, lors de l'enquête dans les quartiers concernés par cette tragédie, et encore plus en reparlant à la mère du petit, il tique sérieusement sur la culpabilité de son ami, le dossier d'accusation est bien trop parfait et une photo va lui confirmer ses doutes. Certains éléments lui permettent d'espérer un appel de la décision rapidement. Le temps presse, il s'installe chez l'avocate qui ne le laisse pas indifférent ; il fouille, est menacé lorsqu'il approche trop de certains truands irlandais, même la police lui met des bâtons dans les roues. Quatre autres enfants disparaissent, cela devient une affaire beaucoup plus importante de tueur et violeur en série... Visite de Glasgow, des pubs, de la campagne environnante, jusqu'en Irlande avec un petit passage de presque noyade dans les eaux glacées écossaises. Mais rien y fait, il continue sa quête de justice, la voix des enfants murmurant à son oreille, suppliantes. Le voilà de retour dans un monde de violence ou le Bien et le Mal s'affrontent toujours.
J'ai apprécié l'interprétation en finesse et en élégance de Bernard Malaka, sa voix un peu aiguë est parfaite pour jouer également les femmes, sa diction est impeccable. Je n'ai pas eu un moment de lassitude ou de décrochage. Donc un très bon enregistrement. J'ai aussi été soulagé par l'absence de jingle, c'est reposant et favorise la continuité, la fluidité du texte.
Donc à première vue un polar classique qui ne l'est pas tant, grâce au talent de l'auteur écossais Gordon Ferris, un ancien du ministère de la défense, de la nature de son personnage principal qui se révèle être plus en clair-obscur et secret, et ici de l'interprétation de Bernard Malaka. À découvrir !