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Éva a lu pour vous ..

Chroniques littéraires

La Bouboulina

Michel de Grèce

Plon

Le 1er avril 1993

355 pages

Historique

Chronique

29 avril 2024

Prédestination? Je ne sais pourquoi je suis toujours ramenée vers ... ou interpellée par ....la Grèce et ses habitants. 

Le premier poème que j'ai choisi d'appendre à 10 ans à la demande de la professeur de français fut : 

L'Enfant

" Les turcs ont passé là. Tout est ruine et deuil.

Chio, l'île des vins, n'est plus qu'un sombre écueil,

Chio, qu'ombrageaient les charmilles,

Chio, qui dans les flots reflétait ses grands bois,

Ses coteaux, ses palais, et le soir quelquefois

Un chœur dansant de jeunes filles.

Tout est désert. Mais non ; seul près des murs noircis,

Un enfant aux yeux bleus, un enfant grec, assis,

Courbait sa tête humiliée ;

Il avait pour asile, il avait pour appui

Une blanche aubépine, une fleur, comme lui

Dans le grand ravage oubliée.

Ah ! pauvre enfant, pieds nus sur les rocs anguleux !

Hélas ! pour essuyer les pleurs de tes yeux bleus

Comme le ciel et comme l'onde,

Pour que dans leur azur, de larmes orageux,

Passe le vif éclair de la joie et des jeux,

Pour relever ta tête blonde,

Que veux-tu ? Bel enfant, que te faut-il donner

Pour rattacher gaîment et gaîment ramener

En boucles sur ta blanche épaule

Ces cheveux, qui du fer n'ont pas subi l'affront,

Et qui pleurent épars autour de ton beau front,

Comme les feuilles sur le saule ?

Qui pourrait dissiper tes chagrins nébuleux ?

Est-ce d'avoir ce lys, bleu comme tes yeux bleus,

Qui d'Iran borde le puits sombre ?

Ou le fruit du tuba, de cet arbre si grand,

Qu'un cheval au galop met, toujours en courant,

Cent ans à sortir de son ombre ?

Veux-tu, pour me sourire, un bel oiseau des bois,

Qui chante avec un chant plus doux que le hautbois,

Plus éclatant que les cymbales ?

Que veux-tu ? fleur, beau fruit, ou l'oiseau merveilleux ?

- Ami, dit l'enfant grec, dit l'enfant aux yeux bleus,

Je veux de la poudre et des balles."

8-10 juillet 1828, Victor Hugo, Les Orientales


Curieux tout de même de la part d'une gamine d'aller choisir ainsi seule ce texte superbe et effrayant à la fois, où toute l'horreur de la guerre explose à notre face comme une bombe, à l'instar de ce dernier vers ; et s'exprime ainsi la détermination jusqu'au-boutiste des Grecs.

Dès sa naissance, l'extraordinaire marque l'héroïne de son sceau. Pensez donc : venue au monde dans la geôle où gît son père décédé après avoir été torturé par les Turcs, bénie et baptisée du prénom de Laskarina par le compagnon de prison de l'infortuné mort, lui aussi contre le pouvoir en place, j'ai nommé Bourzinos, futur héros de la révolution grecque et donc parrain de notre nouvelle amie, elle a de plus pour mère une femme au franc parler et au courage sans faille. 

Bon sang ne saurait mentir même si à l'origine elle est albanaise, la Bouboulina a de qui tenir et mènera sa vie comme un homme, tambour battant, au grand dam des religieux et jaloux de sa famille, mais pour la plus grande joie de ses amants et maris successifs. L'ambiance est délétère sous domination turque : comme toujours il y a les résistants et les collabos, les vrais amis et les traîtres, les complots ourdis par les clans rivaux et au sein même du cercle familial. 

On se dirait en Corse ou en Sicile. On tue vite et facilement, on condamne, on dénonce pour voler l'argent, le pouvoir de ceux qui brillent trop, comme notre héroïne. 

Très grand roman d'aventures d'une exactitude historique remarquable, seul ouvrage actuellement à avoir traité de la guerre d'indépendance grecque, non du côté turc, pour une fois. 

Que ce peuple a donc supporté de la part de tous ces conquérants successifs !  

Fin douce amère et mort stupide pour la révolutionnaire célèbre. Michel de Grèce décrit avec force détails la course aux prestiges minable et les coups bas entre ceux-mêmes qui auraient dû resserrer les rangs. Les politiciens s'en mêlent ainsi que tous les profiteurs et oiseaux nécrophages de mauvaise augure. On croise la route de quelques célébrités étrangères mais peu, car l'auteur préfère se focaliser sur cette figure de femme, mère, guerrière, hors du commun. 

Très beau roman où les voiles claquent, sentant la poudre, le sang, la crasse, mais où s'exprime aussi la passion dévorante pour un pays, pour la vie.

Quatrième de couverture

En 1771, tandis que son mari, torturé à mort, agonise dans une cellule voisine, une jeune Grecque met au monde un enfant dans une prison turque d'Istanbul. Née sous le signe de la résistance à l'oppresseur séculaire, la "Bouboulina" deviendra une héroïne nationale et le symbole de la renaissance de son pays.

Sitôt quitté l'île de Spetsai, elle épouse à seize ans, le richissime armateur Bouboulis. À ses côtés, elle écume la Méditerranée à la recherche de fabuleux butins. Femme d'affaires, elle bâtit une immense fortune. Séductrice, elle tourne les têtes et enflamme les coeurs. Aventurière de la liberté, c'est à sa patrie, sa seule passion, qu'elle consacre son courage et son génie.

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