top of page
IMG20230707173456_edited.jpg

Éva a lu pour vous ..

Chroniques littéraires

L'ivresse du vent

Véronique Chauvy

De Borée

10 mars 2022

368 pages

Historique

Chronique

24 mars 2022

« Mus par la passion de la course automobile, personnages fictifs et réels se côtoient dans un récit à découvrir à toute vitesse. »


Véronique Chauvy continue, avec grâce et talent, à nous faire voyager et dans le temps, en 1905, et géographiquement, dans une région qui lui tient particulièrement à cœur, l'Auvergne.

Pour information, les fameuses brigades de police motorisées seront créés deux ans après ce récit par la volonté de Georges Clémenceau. L'automobile fait de plus en plus d'adeptes privés ou professionnels, forcément fortunés ou sponsorisés. Elle représente pour tous la liberté, la modernité, symbole éclatant d'une certaine industrie, d'une réussite sociale, d'un savoir faire artisanal doublé d'une révolution technologique. Tout n'est pas facile entre multiples pannes et crevaisons, sans parler de la poussière, mais que ne ferait-on pour l'ivresse de la vitesse !?


Les grands noms de l'industrie automobile d'hier nous laissent encore, à leur simple évocation, une sensation de luxe et de charme. Certains ont aujourd'hui disparu de la scène mais d'autres émergent après l'événement qui nous est raconté ici, la course Gordon Bennett de 1905 qui sera la dernière. Pour finir en beauté, autant choisir un circuit difficile et réputé dangereux, " le circuit de la mort" en Auvergne à Clermont Ferrand. Voilà l'occasion de nous offrir une escapade délicieuse et réjouissante dans cette région pittoresque, entre vaudeville, comédie sociale ou romantique, chronique provinciale, promenade champêtre, tour gastronomique...


J'ai pensé à "Un dimanche à la campagne" pour le charme et la beauté des descriptions, à une pièce de Feydeau où les portes claquent, sans oublier pour le suspense aux Brigades du Tigre ou Arsène Lupin à l'humour caustique apparu également en 1905.

Clermont-Ferrand et ses alentours deviennent pour quelques mois le lieu où il faut être et se faire voir, où les grands de ce monde et des célébrités internationales se croisent, se saluent, se côtoient, se jalousent, se concurrencent. L'organisation est énorme, c'est une chance inouïe pour la région sur le plan économique. Cependant, certains drames seront à déplorer, bien vite occultés, afin que l'ambiance ne soient pas gâchée.


Véronique Chauvy nous fait suivre les quelques mois de préparation, puis les éliminatoires et enfin la course elle-même, par les yeux principalement de plusieurs femmes représentatives de cette société en mutation où la gent féminine compte bien prendre une place plus importante dans ce monde patriarcal et inégalitaire. Quelque soit leur statut, leurs origines modestes ou aisées, toutes ont à cœur de ne pas être mises de côté qui par un mari, qui par un amant, qui par un fiancé, qui par un père... Grâce à l'automobile, certaines entrevoient l'occasion de se libérer d'un carcan insupportable, de repousser les limites du possible tant personnellement que professionnellement, grâce à cette nouvelle facilité à bouger, à se déplacer. Une femme moderne, préfigurant celle qui oeuvrera pour la victoire de 1918 en tant qu'ambulancière, taxiste, infirmière, cheffe d'entreprise....ouvre les portes pour nous, leurs héritières, en usant de courage, d'inventivité, de charme, d'intelligence, sachant se jouer des codes et des hommes.


En parallèle de cette course officielle, un événement charmant est organisé, la course des enfants apportant une note de tendresse à ce récit qui déjà ne manque pas de qualités.


En cet entre deux guerres, dans un monde à cheval entre le XIXe siècle et une ère nouvelle de progrès multiples et incroyables, les français goûtent encore à une certaine paix bien que la défiance face aux Allemands soit toujours grande. Le monde n'a pas encore basculé, on n'entend que faiblement le sifflet de la cocotte minute que deviendra l'Europe dans les dix ans. Quelques premiers événements inquiétants en Russie résonnent au loin, très loin des routes auvergnates, des auberges et relais gastronomiques, des palaces ou chambres chez l'habitant. Un roman entre ruralité et vie citadine de province, où les protagonistes ont bien à faire déjà pour se dépêtrer de leurs difficultés personnelles, pour mener à bien leurs plans menant à une réussite éclatante, pour ne pas s'inquiéter de demain. Donc profitons bien de cette pause enchantée !


J'ai beaucoup aimé ce récit passionnant, parfaitement documenté, extrêmement bien écrit aux personnages attachants et pittoresques.

Quatrième de couverture

1905 : la sixième édition de la coupe Gordon Bennett, du nom du célèbre homme de presse américain, se prépare. L'Automobile Club de France a choisi pour cadre Clermont-Ferrand et son «circuit de la mort». Début juillet, dix-huit pilotes, de six nationalités différentes, s'affronteront le long des 549 km du circuit. Alors que se dévoile en filigrane une rivalité franco-allemande à travers coureurs (Léon Théry vs Camille Jenatzy ) et constructeurs (Richard-Brasier vs Mercedes), l'enthousiasme et la curiosité suscités par l'événement prévalent. Ainsi, hommes, femmes et enfants se pressent pour assister à la course et admirer les bolides. Il faut dire qu'à l'époque, rares sont les privilégiés à posséder une automobile. Gabrielle, jeune femme audacieuse et émancipée, a cette chance et compte bien faire sa place parmi les hommes. Autour d'elle, d'autres femmes de tous âges et d'horizons divers, sont bien décidées à s'affirmer elles aussi, en
cette période de progrès et d'évolution.

bottom of page