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Éva a lu pour vous ..

Chroniques littéraires

L'horloge sans aiguilles

Carson McCullers

Stock La Cosmopolite

17 mai 2017

313 pages traduites par Colette M. Huet

Classique

Chronique

1 avril 2020

Paru à l'origine en 1961, cette nouvelle parution est préfacée par Nelly Kaprièlan.

Le temps s'arrête dans ce roman testament de Carson McCullers, l'horloge qui égrène les secondes de l'existence perd ses aiguilles, la mort frôle chaque personnage de ce récit qui, aujourd'hui, entre dans la catégorie roman historique.


Dernier roman de Carson McCullers, après des années de silence, intéressant par son caractère « témoignage », prenant pour décor une petite ville géorgienne avant que la Cour suprême ne décide de l'intégration scolaire. Pour certains habitants sudistes réactionnaires et nostalgiques de l'esclavagisme et de la suprématie blanche, jusqu'à avoir été membres du Ku Klux Klan, c'est insupportable. Pour d'autres, enfin la Géorgie va s'inscrire dans un avenir juste et moderne.


L'auteure choisit de traiter de ce sujet en mettant en scène deux tandems :

L'un des anciens, formé d'un juge, vieil homme raciste, figure d'importance dans cette petite ville, rêvant de mener une nouvelle campagne politique afin de rendre au Sud son lustre d'antan, et son ami le pharmacien, venant d'apprendre qu'il ne lui reste que peu de temps, atteint d'une leucémie.

L'autre duo des jeunes, composé du petit fils du juge et d'un métis empli de rage et de peur. Tous les deux orphelins ont bien des raisons pour se reconnaître dès la première rencontre. Un secret terrible les lie qui précipitera ce récit dans le drame.


Ce texte de 1961 est d'une grande modernité car l'auteure décide d'aborder des thèmes à l'époque tabou telles que l'homosexualité, ou encore la pédophilie, et ceci frontalement sans circonvolution de vocabulaire. Également elle traite de l'intégration sociale des afro-américains décidée enfin après une bataille titanesque qu'il est difficile d'envisager dans sa totalité aujourd'hui.


On sent l'angoisse monter peu à peu, cela ne peut pas bien se finir, fatalement, inéluctablement. Le pharmacien est celui qui évoluera le plus étonnamment, remettant ses valeurs en question, certainement en raison de sa fin proche. Le juge est un personnage ambivalent, détestable, insupportable de suffisance et de racisme pur, et en même temps, curieusement, on le plaint. Il est incapable d'assumer ses erreurs vis-à-vis de son fils disparu ou d'entrevoir le changement de la société.

Certaines de ses déclarations sont à peine croyables.


Concernant les garçons, l'écrivaine ne les ménage pas non plus, elle ne les rend pas sympathiques et les décrit dans leurs imperfections les plus basses. Tous les deux souffrent énormément, sont en pleine transformation psychologique propre à l'adolescence mais pas seulement. Réussiront ils à trouver leur place ?


Cependant, c'est aussi un texte qui a vieilli, surtout dans la forme, et particulièrement concernant les dialogues qui sonnent « vintage » pour trouver un qualificatif pas trop négatif. Si je me remets à l'époque, je mesure à quel point ce roman est précurseur, il faut donc faire l'effort de bien le remettre en perspective pour en apprécier les qualités. Carson McCullers reste, quoique je dise, un des plus grands écrivains américains du XXe siècle.

Quatrième de couverture

Dans une petite ville de Géorgie, au fin fond des États-Unis, deux hommes se meurent : l’un est rongé par une maladie incurable, l’autre est tenaillé par le souvenir du vieux Sud.
À leurs solitudes respectives correspondent celles de deux adolescents qu’une affection mutuelle mais dangereusement ambivalente rapproche.
Dans son roman testament, publié en 1961 après des années de silence, Carson McCullers explore le cœur des hommes avec une compréhension et une compassion inouïes, et réussit à atteindre ce divin équilibre entre cruauté et tendresse.

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