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Éva a lu pour vous ..

Chroniques littéraires

L'enfer du Commissaire Ricciardi

Maurizio De Giovanni

Payot & Rivages

2019

476 pages traduites par Odile Rousseau

Polar

Chronique

4 avril 2020

Titre original : In fondo Al tuo cuore. Inferno per il commissario Ricciardi.

Septième tome de la série policière consacrée au commissaire Ricciardi.


Les titres précédents sont :

L'Hiver du commissaire Ricciardi

Le Printemps du commissaire Ricciardi

L'Eté du commissaire Ricciardi

L'Automne du commissaire Ricciardi

Le Noël du commissaire Ricciardi

Les Pâques du commissaire Ricciardi.


« Le commissaire Ricciardi, avec ses yeux verts d'ange ou de démon, contraint à voir ce que les autres - les vivants - peuvent éviter, se meut sur les marges d'une frontière. Nous avons le privilège ou la malchance de partager ses visions. » Donato Carrisi


Un saut dans le vide ouvre ce nouvel opus : on ne sait si celui qui vole un court instant avant de s'écraser, est un ange ou un démon. On sait en revanche, comme dans tous les épisodes de cette série policière historique que nous sommes à Naples, dans les années trente, en un été étouffant tant par la température que par l'ambiance anxiogène créée par Mussolini et ses sbires.


Dans cette Italie du Sud où la vie est si difficile, Napoli représente la porte d'accès à une autre existence emplie d'espoir, une issue vers l'Amérique fantasmée où déjà bien des italiens, se sont installés. Les jeunes rêvent d'y aller, de prendre un billet de la liberté loin de la dictature et de l'enfer qui se prépare. Bientôt les élections en Allemagne vont avoir lieu, ouvrant sur des années de cauchemar et de barbarie. Certains le pressentent, certains le savent.


Cette ville saturée de lumière, de soleil, de chaleur, de cris, de bruits, de parfums, de saveurs, de liesse et de profonde tristesse est aussi le théâtre d'une tragédie intemporelle, universelle, celle de l'amour. Où plutôt de la passion insensée menant inéluctablement au drame. Les âmes des trépassés ont beau murmurer à l'oreille du commissaire Ricciardi, doté de la capacité de voir et entendre les morts, cela ne suffit pas à sauver ceux qui ne peuvent l'être. Et évidemment, le pauvre commissaire, qui voit son don comme une malédiction, ne veut imposer sa présence à personne. Il est seul, d'autant plus que Rosa, la femme qui l'accompagne depuis sa naissance se meurt. La jeune fille qu'il aime, Enrica, est partie faute de témoignage de sa part d'un quelconque attachement. Bien sûr, la belle Livia est là qui l'attend et l'espère. Mais rien n'y fait : l'Italie et le monde entier franchissent les limites menant aux ténèbres, aux enfers.

C'est le crépuscule de l'humanité qui s'annonce.


Maurizio de Giovanni nous ramène ainsi en 1932 dans cette cité qu'il aime tant, à une époque tragique. En pénétrant dans le décor, en parcourant les ruelles, les piazze, les différents quartiers de la ville, votre silhouette traverse un clair obscur répétitif, vertigineux, à l'image des sentiments opposés qui animent les deux enquêteurs, le commissaire Ricciardi et le brigadier Maione. Ils sont tous les deux perdus, sentimentalement, ce qui ne les rend pas très efficaces sur le terrain. Plus la température monte, plus leur sang se glace, plus ils ont peur. Ils sont terrifiés à l'idée de perdre, qui une amante, qui une épouse, qui une mère de substitution. Tétanisés par leur propre tristesse, ils sont incapables de lire immédiatement la scène de crime qui se dévoile à eux en ce matin, où ils découvrent le corps brisé d'un éminent gynécologue obstétricien, défenestré. Suicide ou crime ?

L'homme avait manifestement des secrets inavouables et des ennemis...


L'auteur réussit encore une fois à créer une atmosphère très particulière dans ce roman policier teinté de surnaturel, ressuscitant la vie des napolitains, leurs traditions, coutumes, nous abreuvant de détails savoureux sur les spécialités culinaires, drolissime quant aux manies des uns et des autres. Le commissaire est une figure dramatique tandis que le brigadier, personnage haut en couleur, nous fait rire. La comedia dell'arte n'est jamais loin, comme la tragédie est proche quelquefois de la comédie. Opera buffa où chacun essaye d'interpréter la partition parfaitement mais n'y parvient pas. Les changements de scènes sont très rapides, sur un tempo vivace.

Les coeurs sont incertains en cette veille de fête de la Madonna del Carmine. L'enfer est pavé de bonnes intentions, nos deux policiers vont le découvrir à leur tour.


Un grand plaisir pour la fan de cet écrivain que je suis, aimant cette nostalgie, cette tendresse, cet humour et ce sens du drame.

Quatrième de couverture

Au beau milieu d'une canicule estivale, alors que Naples se prépare à célébrer la Madonna del Carmine, un célèbre chirurgien est défenestré depuis son bureau. Pour le commissaire Ricciardi et le brigadier Maione, c'est le début d'une enquête qui les confrontera aux passions les plus torrides. Au fil des témoignages et des aveux, l'infidélité et l'amour se confondent au point de semer le doute dans l'âme des deux policiers, compromettant leurs propres tentatives sentimentales. Angéliques, infernales et passionnées, les notes d'une chanson napolitaine planent sur les destins de chacun, alors que tous risquent de basculer dans l'abîme. Car la chaleur, la vraie chaleur, vient de l'enfer.

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