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Éva a lu pour vous ..

Chroniques littéraires

L'Anglaise d'Azur

Gabrielle De Lassus Saint-Geniès

Erick Bonnier

Août 2018

299 pages

Biographie

Chronique

19 octobre 2020

« Most of her personal records have regrettably been lost. »

« La plupart de ses archives ont malheureusement été perdues. »

Larry Schaaaf, au sujet d'Anna Atkins


La remarquable vie romancée d'Anna Atkins, première femme photographe de l'histoire et botaniste.

« Je suis née à la fin d'un siècle qui présageait des ombres et des lumières, au crépuscule des royaumes et à l'aube des empires. Tandis que l'Angleterre allait voir s'agrandir ses territoires outre-mer, j'ai bâti mon univers, ma nation intérieure.

Tandis que le tumulte des guerres agitait les esprits, ignorée de tous je cueillais en silence mes fleurs et hantais les plages désertes pour y ramasser des algues. J'observais les splendeurs du vivant dans mon microscope et regardais le firmament dans mon télescope, contemplant l'effroi du macrocosme. »


Splendeur !


Un très beau roman biographique qui dès les premières lignes vous capte et vous enchante tant sa musique intime est harmonieuse, tant l'écriture est magnifique, remarquable. Évidemment on pense à Jane Austen... Je n'ai recopié qu'une de ces phrases qui m'ont suspendue, soudain... Et en lisant la biographie de l'auteure je comprends pourquoi. La poésie est entrée ainsi chez moi et la passion de Anna Atkins et de sa biographe pour la Vie, la Botanique m'a emportée.


Deux hommes sont au centre du parcours de cette éternelle contemplatrice et curieuse du monde, de sa faune et sa flore : son père John George Children et son mari John Pelly Atkins. Des êtres d'exception tant dans leur vie professionnelle que dans leur engagement "féministe", leur amour total, et leur présence désintéressée afin de permettre à cette femme de passer de l'état de chrysalide prometteuse à celui de papillon magnifique, pour reprendre La si belle formule paternelle, mais aussi pour qu'elle puisse vivre en son Art selon les désirs de son époux. Derrière tout grand homme il y a une femme dit-on, et cette fois-ci l'inverse est réel.


Magnifique histoire de tendresse, de passation de témoin, de générosité, d'amour entre ces trois êtres alors même que la vie ne les épargne pas. La mort, la maladie frappent inéluctablement, sans pitié, et on en arrive à trembler pour eux, attendant les faire-parts de décès à leur courrier, terrifiés qu'une grossesse ne s'annonce alors même que tant de femmes meurent en couche ou des suites d'une naissance, telle la mère de l'héroïne. Et pourtant cette dernière est désespérée de son infertilité. Mais peut-être celle-ci lui a-t-elle permise de réaliser son grand oeuvre, en y mettant toutes ses forces, toute l'attention qu'elle ne pouvait donner à un enfant.


Héroïne : ce mot est des plus justes car il en a fallu du courage pour mener cette existence malgré tout, pour poursuivre un travail gigantesque de recherche, d'essais scientifiques et chimiques multiples, d'élaboration d'un catalogue d'espèces animales et végétales sans précédent grâce à ses dessins et à ses tirages, ses cyanotypes. Elle aurait pu se laisser vivre comme tant de bourgeoises de l'époque, mais non !


La technique particulière de cyanotype est parfaitement décrite en page 243, car en plus d'être beau, poétique, ce roman est également extrêmement précis quant aux domaines scientifiques et les découvertes extraordinaires de l'époque. Une période d'avancées spectaculaires, de progrès, qui touchent la vie quotidienne de tous : du premier timbre postal à la première ligne de chemin de fer, à la photographie, à la médecine......


On meurt beaucoup, on peut être atteint de Spleen, se laisser dépérir, mais on peut aussi voyager par monts et par vaux, traverser les océans ou imaginer l'impensable dans son laboratoire ou son atelier ; que de milliers de kilomètres ses êtres de ce début du XIXe siècle parcourent, c'est incroyable.... ! Bouger est le maître mot tant au réel qu'en esprit....

La poésie et les belles lettres sont très présentes et nécessaires pour supporter les malheurs et les incessantes guerres ; j'ai vraiment été amusée du regard de cette anglaise royaliste sur la France qui ne cesse de changer de régime politique, toujours insatisfaite et en révolte !


Enfin les questions essentielles des conditions de travail des femmes et des enfants, de la présence de toutes les classes sociales au parlement et pour finir, stupéfaction, de la liberté de culte des catholiques interdite depuis Henri VIII puis sa fille Elisabeth 1ère ( !!!! ) sont toutes traitées.


Donc un roman biographique magnifique tant par sa forme que pour ce qu'il réussit à nous dépeindre. Vous aurez une vision complète de cette époque et de cette société anglaise grâce à ces lignes écrites avec talent, élégance, délicatesse et passion sincère

Quatrième de couverture

Artiste, botaniste, dessinatrice, première femme ayant publié un ouvrage avec des illustrations photographiques, Anna Atkins (1799-1871), fille du grand chimiste John George Children fait partie des pionnières de la photographie à l'instar de Constance Fox Talbot, Clémentine Hawarden et Julia Margaret Cameron. Fille unique et chérie d'un grand savant trois fois veuf qui habite avec elle au British Museum, elle reçoit une éducation scientifique hors du commun, aussi bien en chimie, en botanique qu'en zoologie. À l'âge de 25 ans elle produit deux-cent cinquante dessins pour illustrer la version anglaise du classement des coquillages de Lamarck, traduite par son père. Contemporaine de John Keats, de Lord Byron et de Jane Austen, elle vit au cœur du cercle des amis et collègues scientifiques de son père, en ayant accès aux travaux des pionniers de la photographie comme John Herschel qui lui enseigne la technique du cyanotype. Son époux John Pelly Atkins Henry est ami de William Fox Talbot qui brevète le calotype à la même période. De quarante à cinquante ans, Anna Atkins effectue plus de quatre-cent cyanotypes, afin de reproduire sous forme de dessins photogéniques à fond bleu les familles des algues, des fougères et des fleurs essentiellement britanniques. À la mort de son père, elle rédige une émouvante biographie sur la vie de ce dernier. Moderne par sa liberté de créer, volontaire par sa puissance de travail et exemplaire par son inlassable curiosité scientifique, Anna Atkins a laissé des œuvres d'art inoubliables dont les bleus
azuréens éblouissent encore aujourd'hui ceux qui les contemplent.
Cette fiction inspirée de faits réels raconte le destin d'Anna Atkins, « l'Anglaise d'Azur « , une femme d'apparence ordinaire qui va rendre sa vie quotidienne extraordinaire grâce à l'art et à la science dans une Angleterre victorienne emportée parla révolution industrielle et la tourmente romantique. Héroïne inconnue qui traverse son siècle avec passion, Anna Atkins a été remise à l'honneur par Google sur son moteur de recherche le 16 mars 2015 pour commémorer le 216e anniversaire de sa naissance.

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