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Éva a lu pour vous ..

Chroniques littéraires

L'aile des vierges

Laurence Peyrin

Calmann-Lévy

2018

466 pages

Historique

Chronique

26 juin 2019

Le livre idéal à emporter en vacances, romanesque à souhait, grande histoire d'amour, « un extraordinaire portrait de femme libre » du Kent à New York et plus loin encore, situé au début après la seconde guerre mondiale, qui pourtant aborde des sujets qui sont totalement d'actualité même si la lutte pour la cause féministe a remporté de belles victoires depuis.


Les interrogations existentielles de l'héroïne sont aussi les miennes, les vôtres mesdames, car il est toujours difficile de conjuguer nos désirs d'indépendance, nos ambitions professionnelles, à notre genre et tout ce qui y est lié, comme les douleurs mensuelles, notre capacité à enfanter, l'image et le rôle dans lesquels cette société patriarcale nous enferme. Pour beaucoup de militante, à qui nous devons tant, tomber amoureuse équivaut à perdre son indépendance, et certainement cela a été vrai lorsque le compagnon choisi n'était pas le bon.


En prologue, à New York le 5 avril 2010, Talia se rend à une exposition d'une grande importance où même Michelle Obama sera présente. Mais si c'est un évènement pour la bonne société, c'est surtout un moment particulièrement émouvant, un hommage organisé pour ses grands parents.Le récit peut maintenant se dérouler en une longue fresque historique, sociétale, emplie de passion, de tendresse, d'humour incisif... Une analyse fine et une description passionnante de la pensée et la vie de ces femmes qui nous ont précédé, qui ont pour certaines ouvert le chemin.


Alors voilà Maggie Fuller en 1946, dans le comté du Kent, enfermée par elle- même dans une forme de prison psychologique, bâtie par sa grand mère et sa mère féministes extrêmes en des temps où cela signifiait être criminelle, pétrie de l'idée que l'amour est dangereux, qu'il faut garder le contrôle de ses sentiments. Elle est veuve d'un homme à qui elle a sacrifié de nombreuses années ; étant handicapé, elle fut son infirmière et son souffre douleur. Elle aurait voulu être médecin, elle fut garde malade et ouvrière pour faire subvenir le couple. La mort de Will la sauve, mais sans formation ni argent il faut vite trouver un travail.


Elle est donc aidée par son médecin, figure paternelle bienveillante, et grâce à sa lettre de recommandation, entre au service de la famille Lyon-Thorpe comme domestique... La situation n'est pas si dramatique même si sa conscience politique, son désir d'égalité sociale sont mis à rude épreuve dans ce manoir dont le fonctionnement et l'organisation sont identiques depuis des siècles. Elle se rassure en pensant ne pas rester là longtemps, juste assez pour économiser le prix d'un billet aller simple pour les États Unis où elle pense avoir de la famille.


L'auteur nous peint alors avec beaucoup de talent, un tableau de tout ce joli monde dans ce lieu hors du temps, de la cave, en passant par les étages des maîtres jusqu'à l'étage du personnel et l'aile des vierges ou domestiques femmes. Évidemment, même si elle souhaiterait passer inaperçue, Maggie est plus que visible par son comportement transgressif, son regard ironique sur ce qui l'entoure, sa beauté, son intelligence... particulièrement aux yeux d'un homme, le propriétaire de Shepherd House, John Lyon-Thorpe, beau, richissime, marié et père. Danger donc pour notre amie, celui-ci est magnifique et réveille en elle des désirs repoussés jusqu'alors. Le destin est en marche ... Pas de mièvrerie pour ce grand roman d'amour, j'ai beaucoup aimé.

Quatrième de couverture

Angleterre, avril 1946, la jeune femme qui remonte l'allée de Shepherd House, majestueux manoir du Kent, a le cœur lourd. Car aujourd'hui, Maggie Fuller, jeune veuve au fort caractère, petite fille d'une des premières suffragettes, fille d'une sage- femme féministe, entre au service des très riches Lyon-Thorpe.
Elle qui rêvait de partir en Amérique et de devenir médecin va s'installer dans une chambre de bonne.
Intégrer la petite armée de domestiques semblant vivre encore au siècle précédent n'est pas chose aisée pour cette jeune femme cultivée et émancipée. Mais Maggie va bientôt découvrir qu'elle n'est pas la seule à se sentir prise au piège à Shepherd House et que, contre toute attente, son douloureux échec sera le début d'un long chemin passionnel vers la liberté.

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