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Éva a lu pour vous ..

Chroniques littéraires

L'écho du temps

Kevin Powers

Delcourt

9 oct. 2019

264 pages traduites par Carole d'Yvoire

Historique

Chronique

23 juillet 2020

Titre original est « A Shout in the Ruins », Grand Prix de Littérature Américaine 2019 .

« Nous naissons en oubliant, et bientôt notre naissance et notre enfance deviennent des rêves dont nous ne pouvons plus nous souvenir. C'est une grâce que la nature nous accorde, l'un de ses rares cadeaux, parce qu'elle nous laisse croire que nous ne sommes pas faits d'un bloc, que nous aurons notre mot à dire, quand, en réalité, notre fin est écrite longtemps avant notre début. »


Vous voilà projetés soudain en Virginie perdus dans un brouillard qui recouvre une Terre où reposent les corps des suppliciés, des guerriers, des esclaves et de leurs bourreaux, une Terre où s'élevait jadis la Plantation Beauvais juste avant la Guerre civile ou de sécession, une Terre où un vieil homme, George Seldom près de cent ans après, se dresse afin de se souvenir et comprendre qui il est ....


Une atmosphère crépusculaire, poudrée nous enveloppe tout au long de ce drame terrible et splendide ; l'odeur de poudre, de sang, de mort perdure comme en écho de ce temps où la folie, la cruauté, l'impensable pouvaient s'abattre sur des innocents, persuadés que les évènements ne pourraient qu'empirer jour après jour. Une ère de désolation où le malheur est inéluctable pour ceux qui ne sont pas blancs, mais aussi pour les petits propriétaires de plantations qui seront, après la défaite, déshonorés, condamnés, expulsés de chez eux ; les cartes ont été rebattues, un nouvel équilibre des forces s'établit dans la violence et la douleur... Cet instant d'après guerre est idéal pour la vengeance et les exécutions sommaires. L'Histoire s'emmêle avec le destin d'inconnus qui voient d'un coup une opportunité pour se libérer, fuir et enfin espérer... Qu'ils soient esclaves, petits propriétaires ou épouse de planteur c'est l'instant T qu'ils ne peuvent rater. Et au milieu de cette tourmente, des enfants innocents....


Comment ceux-ci vont ils réussir à survivre ensuite ? Quelle mémoire consciente ou imprimée insidieusement dans chaque fibre de leurs corps va se manifester pendant le reste de leur existence et en influencer le cours ?


Un roman dédoublé entre 1863/65 et les années cinquante, charnel, violent, nous plongeant dans la psyché tourmentée de chaque figure majeure de ce drame particulier et si universel... l'écho des voix du passé de l'Amérique nous attire irrémédiablement, nous voulons comprendre ce qui s'est réellement joué sur cette Terre de Virginie, qui a tué le maître de la

plantation Beauvais, ce pervers de Levallois à l'âme si noire, à l'esprit si malsain se repaissant des tortures qu'il inflige à tous.

Est-ce son épouse Emily Reid Levallois la coupable ? Ou le père de cette dernière, Bob, spolié de son bien par son gendre alors qu'il était sur les champs de bataille? Ou enfin Nurse et son époux Rawls, ses esclaves rêvant de liberté ?


« Quelle empreinte laissons-nous sur terre » en effet ?

Reinhold Niebhur dans « Beyond the tragedy » écrit :

"Un des aspects les plus pathétiques de l'histoire de l'humanité réside dans le fait que chaque civilisation s'exprime avec le plus de prétention, renforçant ses valeurs universelles et partielles avec le plus de conviction, réclamant l'immortalité de son existence limitée, au moment précis où le déclin qui mène à la mort a déjà commencé. »


Une immortalité qui est offerte ici par l'auteur à ces ombres renaissantes grâce à son imagination, sa générosité de coeur, son humanisme, son expérience de la guerre, des combats, de l'indicible, et par dessus tout, son talent immense de narrateur et sa plume splendide. Tout est d'une effroyable et immense beauté dans ce roman... Les noms de chaque protagoniste resteront gravés à jamais en moi....

C'est l'oeuvre d'un artisan d'art surdoué, humble, dans la lignée des plus grands auteurs américains, tout en ouvrant la voie à un renouveau.... C'est bouleversant et enthousiasmant à la fois. Texte court qui vous demandera une extrême attention et un cœur bien accroché.

Quatrième de couverture

J’ai grandi à Chesterfield County en Virginie. Au bout de ma rue, je pouvais apercevoir un champ et les ruines solitaires d’une plantation, datant d’avant la Guerre Civile, qui se détachaient au milieu de la banlieue en expansion de Richmond. Une image qui m’habite encore aujourd’hui.
Cette plantation est au centre du second roman de Kevin Powers, dans lequel il tente d’approcher la vérité de ceux qui y ont vécu. Nul n’a jamais su par exemple ce qu’il était advenu d’Emily Levallois. A-t-elle péri en 1865 dans l’incendie criminel de la plantation, dont elle est la coupable désignée, et qui a causé la mort de son esclavagiste de mari ? Ou bien a-t-elle réinventé sa vie ailleurs, comme le suppose la rumeur. L’Histoire ne le dit pas, laissant au romancier le soin d’en décider.
L’Histoire ne dit pas plus ce que sont devenus Rawls et Nurse, ce couple d’esclaves affranchis dont le destin est intimement lié à la plantation.
Des années plus tard (dans les années 1950), à Richmond, un vieil homme cherche lui aussi à retracer sa propre histoire. De ses origines il ne sait rien, sinon qu’il a été recueilli par Miss Dolores à l’âge de trois ans, après qu’elle l’ait trouvé devant sa porte, avec ce mot : « Suffolk, Virginie 1866. Je m’appelle Georges. J’ai presque trois ans. Prenez soin de moi. »

A travers les destins croisés de ces personnages à la dérive, Kevin Powers replonge dans l’histoire violente et déchirée du Sud et explore la question du sens de la vie. Quelle empreinte sur la terre laissons-nous derrière nous ?

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