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Éva a lu pour vous ..

Chroniques littéraires

Légende d'un dormeur éveillé

Gaëlle Nohant

Héloïse d'Ormesson

17 août 2017

544 pages

Historique

Chronique

25 janvier 2021

Une merveille comme toujours avec cette écrivaine exigente, passionnée, au talent évident de narratrice dont chaque mot et chaque image sont emprunts d'une réelle poésie. « La part des flammes » traitant de l'incendie du Bazar de la Charité chroniqué sur ma page Eva Impressions littéraires m'avait transportée et bluffée par sa précision historique et tout simplement sa beauté formelle.


Avec cette Légende consacrée au dormeur éveillé Robert Desnos, Gaëlle Nohant se surpasse. Son admiration et son amour pour ce poète font de chaque page un bijou. J'aime aujourd'hui l'homme au-delà du personnage célèbre. Une grande envie de l'envelopper dans mes bras et de le rassurer m'ont prise.Son oeuvre, son engagement jusqu'au-boutiste, son intelligence, sa prescience, sa bravoure, sa capacité à aimer et à donner en temps de paix puis de guerre, en font une figure attachante et incontournable de la première moitié du XXe siècle.


On garde de lui le regard doux et pétillant, cette myopie qui lui permettait sans doute de profiter du flou artistique ainsi créé pour réinventer, embellir ce monde.


« De lui se dégageait une grande puissance de refus et d'attaque, en dissonance frappante - il était très brun - avec le regard étrangement lointain, l'œil d'un bleu clair voilé de « dormeur éveillé » s'il en fut. » André Breton

C'est aussi l'histoire d'amour, exceptionnelle, vécu avec Youki, qui se révélera héroïque et digne de son amant magnifique après son arrestation ; c'est également le récit de la France de ces années de transition, entre le XIXe siècle, s'attardant au delà de 1900 jusqu'à la fin de la première guerre mondiale : alors s'opère la bascule vers une société ayant soif de liberté, de révolution tant politique et sociale qu'artistique avec le mouvement des surréalistes. Nous les croisons tous, nous mettons des visages, des traits de caractère sur tous ces hommes et femmes qui ont jalonné nos années de lycée et collège. Pour celles et ceux, comme moi, dont les parents sont nés dans les années 20, c'est l'opportunité extraordinaire de plonger dans le quotidien de nos aïeux, de les accompagner tout au long du chemin tour à tour joyeux, lumineux, étincelant de créativité et d'imagination débridée, menant cependant au fond des abîmes nés de la seconde guerre mondiale, du fascisme, de l'occupation, de la collaboration de certains avec le Mal absolu.


Robert Desnos n'est pas de ceux-là, il reste lui-même, se magnifie, se révèle aux yeux de tous comme l'Homme de bien, le Juste qu'il a toujours été.... Plus les ténèbres s'étendent sur le monde, plus la peur tord son ventre, plus il prend de risques,

plus il crie la vérité, plus il crée de beauté, plus il nous apparaît lumineux, épanoui.....


Un être d'exception qui comme poète, journaliste, critique, dessinateur, écrivain, amant, ami, a changé par son oeuvre et sa résistance au nazisme la trajectoire des siens... et la nôtre par ricochet.


« J'ai rêvé tellement fort de toi,

J'ai tellement marché, tellement parlé,

Tellement aimé ton ombre,

Qu'il ne me reste plus rien de toi.

Il me reste d'être l'ombre parmi les ombres

D'être cent fois plus ombre que l'ombre

D'être l'ombre qui viendra et reviendra dans ta vie ensoleillée. »

Quatrième de couverture

En romancière funambule, Gaëlle Nohant a relevé le défi lancé par Queneau : « Il n'y aura pas de connaissance véritable de Desnos tant qu'on n'en aura pas établi la légende. » Fabuleuse investigation littéraire, Légende d'un dormeur éveillé ressuscite quinze ans d'histoire du poète, des années folles à l'Occupation.
Une traversée du xxe siècle, vivante et tumultueuse, sur les traces d'un héros dont on ne peut que tomber amoureux. C'est par la fiction qu Gaëlle Nohant choisit d'explorer la vie aussi héroïque qu'engagée de Robert Desnos. Au plus proche de l'artiste, elle épouse ses pas, des Halles à Montparnasse, non sans quelques détours par Cuba ou Belle-Île ; visite son atelier de la rue Blomet ; écoute sa « Clef des Songes « ; suit les séances animées du Café Cyrano en compagnie d'Antonin Artaud, de Prévert et d'Aragon ; danse des nuits entières aux côtés de Kiki et de Man Ray.

Pour ce voyage avec Desnos, elle puise dans son œuvre, sonde les âmes en medium et, comme lui, « parle surréaliste ». S'identifiant à Youki, le grand amour de Robert, elle l'accompagne jusqu'au bout de la route, au camp de Terezín, en juin 1945.

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