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Éva a lu pour vous ..

Chroniques littéraires

Jeanne La brodeuse au fil d'or

Gérard Georges

De Borée

Mai 2023

392 pages

Historique

Chronique

9 juin 2023

"Le tracé d'une vie humaine est aussi complexe que l'image d'une galaxie." Marguerite Yourcenar, Quoi ? L'Eternité


"Ainsi c'est vrai qu'il fut un temps où quelque part tu gambadais dans la lumière avec de longs cheveux épars, comme sur ces photographies !" Paul Géraldy, Toi et Moi


"Bientôt nous plongerons dans les froides ténèbres."

Charles Baudelaire, Les Fleurs du Mal ("Chant d'automne")


"Salut donc, Ô monde nouveau à mes yeux."

Paul Claudel, Cinq Grandes Odes


On ressent la profonde admiration que l'auteur éprouve pour celles qui furent des grenadières, métier méconnu aujourd'hui presque totalement disparu, difficile et mal rémunéré. Ces brodeuses talentueuses, de décorations et ornements militaires (épaulettes, cols, képis, etc...), et parfois sacerdotaux, étaient de véritables artisanes d'art pratiquant à domicile sur commande et ne gagnant pas des revenus bien élevés, plutôt un appoint toujours bon à prendre afin de compléter les gains du mari paysan, par exemple. Une profession, spécifique au canton de Noirétable, destinée à disparaître après la Seconde Guerre mondiale et l'ouverture d'usines où tout sera mécanisé.


Jeanne, née deux ans avant le crash boursier, dans une famille modeste, connaît le prix de la vie, la valeur du travail, l'exigence de toujours vouloir bien faire. Regardant sa mère broder, son père s'échiner à la tâche comme maçon, connaissant le parcours de ses grands-parents, elle ne ménage pas ses efforts à la maison comme à l'école. Son intelligence, sa vivacité, peuvent lui laisser espérer devenir institutrice et pourquoi pas aussi grenardière comme sa môma. Mais le destin lui en laissera-t-il la possibilité ? Le grand vent de l'Histoire va à nouveau se lever et tout emporter...


Ce beau roman historique fait revivre sous nos yeux attendris, étonnés et attentifs, tout un pan de la vie quotidienne dans le Forez, dans un petit village où tous se connaissent, où les querelles entre communistes et catholiques mettent de l'ambiance, où les grands drames et chagrins sont acceptés avec fatalité, questionnant pourtant sur la nécessité de souffrir autant tout au long d'une existence. Celle-ci est de nature difficile, âpre pour les plus modestes, cependant elle devient insupportable lorsque de beaux messieurs à Paris ou ailleurs prennent certaines décisions désastreuses menant à plus de pauvreté et à la guerre. La France rurale est encore, en cette première moitié du XXème siècle, traditionnaliste, appliquant des règles et des préceptes du siècle dernier. L'on se surprend à devoir se rappeler que l'action se déroule entre 1927 et 1947. Le conflit mondial marquera le tournant réel de nos provinces vers la modernisation, accentué par l'industrialisation et la désertification des campagnes.


Le scénario se découpe en trois parties :

Les années d'enfance, jusqu'à la déclaration de la guerre

Les années noires, jusqu'à la Libération

Un monde à refaire, mission de l'après guerre


Ce sont les différents âges de la vie d'une femme qui sera notre guide. Combien de courage et d'obstination a-t-il fallu à nos prédécesseurs pour construire leur existence, pour garder courage, pour ne pas désespérer face aux multiples malheurs.

On s'y croirait, les descriptions et les dialogues étant très vivants et authentiques. Oui, l'amour de l'auteur pour le monde rural, pour ses personnages, transpire à chaque ligne. L'on finit avec un sourire de tendresse et un gros soupir de nostalgie quant à une époque difficile où cependant certaines valeurs humanistes et de bon sens "paysan" étaient de mise. Je regarde les photographies de mes ancêtres sur le pas de la porte de leurs maisons très modestes, en robes de drap solide, le regard fière et bienveillant, et je me dis qu'il ne faut jamais oublier ce que nous devons à ces aïeules ; nous ne devons jamais trahir leur mémoire en nous laissant entrainer à obéir à des préceptes qui ne sont ni naturels ni bénéfiques.


Merci aux Editions De Borée pour leur confiance renouvelée.

Quatrième de couverture

Entre 1930 et 1950, dans le Forez, l’hommage émouvant, sous forme de chronique familiale, aux couturières grenadières à travers le parcours de l’une des dernières ouvrières, Jeanne Vallat.

Jeanne, fille d’une grenadière et d’un maçon, est une enfant vive, éveillée, intelligente, qui aimerait devenir institutrice. Mais la guerre en décide autrement. Jeanne reste auprès de ses parents et se penche à son tour sur les grenades pour aider sa mère. Arrive au village Félix, beau charpentier-menuisier, qui revient de captivité d’Allemagne. En juin 1948, les deux jeunes gens scellent leur union et mettent au monde un petit garçon. Mais c’est aussi l’époque du déclin du métier de grenadière étouffé par la fabrication industrielle, et donc meilleur marché, des passementeries d’uniformes.

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