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Éva a lu pour vous ..

Chroniques littéraires

Je t'aime

Barbara Abel

Belfond

2018

459 pages

Divers

Chronique

16 juin 2018

" L'amour et la haine font souffrir. Mais l'amour est préférable : il passe plus vite." Quelle déclaration ! D'une cruelle et ironique vérité. Je me sens après cette lecture aussi effarée et vide qu'à la fin de "Je sais pas", mais également encore et toujours très admirative de cette auteure caméléon, qui quelque soit le style de livre qu'elle imagine, comédie, thrillers... y excelle. L'écriture est directe, sans fioriture à l'image de cette fiction, le couperet tombe tout le long du récit, l'implacable destin est comme une voiture sans frein, on attend le choc initial et ses effets rebonds. Le style donc toujours au service de la dramaturgie, la construction millimétrée qui renforce l'inéluctabilité, et nous, comme les personnages, piégés, la boule au ventre, la gorge serrée, incapables d'arrêter la lecture comme les protagonistes de s'enfuir. Barbara Abel assène les coups, impitoyable, efficace, KO, nous sommes KO. Car le pire de tout c'est que ce thriller psychologique s'inspire de faits d'une rare banalité, le quotidien devient cauchemar, l'amour devient haine, personne ne communique correctement, tout le monde ment, les parents veulent protéger les enfants, ceux-ci sont dans leur monde vu à l'aune de leur jeunesse. Les erreurs de jugement s'accumulent, on voudrait leur crier dessus pour les avertir du danger, on s'époumone, on finit aphone, sans force. Terrible et d'une rare utilité aussi. Il y a quelques mois une émission débat recevait des parents et leurs enfants qui furent des drogués, des adeptes de la fumette, certains simples consommateurs, souvent devenus dealers. Une fois sortis de l'enfer, pas un seul de ces gamins n'avaient évoqué leurs remords quant aux conséquences sur ceux à qui ils vendaient le produit. Pas un seul ! J'étais sonnée : présentés comme des victimes, ils n'avaient pas conscience de leurs responsabilités pénales, en dehors de la question du simple trafic, sur le destin des clients drogués. Que sont devenus ces derniers, certains en sont-ils morts ? Silence abrutissant, omerta !!! Aucune évocation de cette question pendant tout le programme. A-t-on même mis ces jeunes adultes devant la réalité, soit lors de leur incarcération, soit au sein de la famille ? Aujourd'hui où la libéralisation du cannabis est évoquée, des informations réelles sur les effets gravissimes sur le cerveau des mineurs sont clairement données ! Alors un livre comme celui-ci, sans polémiquer inutilement, grâce à un scénario crédible et terrifiant, aborde le sujet simplement, directement, enfin ! Quatre femmes : Maude, Alice sa belle fille, Solange mère d'un petit garçon, et Nicole mère du petit ami d'Alice. Maude, artiste peintre, divorcée de Bertrand avec lequel elle a eu deux enfants, Arthur 15 ans et Suzie 11 ans, a refait sa vie avec Simon, chirurgien, venu habiter dans la maison familiale de sa nouvelle compagne avec Alice, un peu plus de dixhuit ans. Jeanne sa mère est morte d'un cancer. Elle accepte très difficilement sa belle mère, celle-ci fait tout pour améliorer la situation par amour pour Simon et pour la sérénité de la petite famille recomposée. Suzie n'est pas en reste, en multipliant les injures et insultes à la maison et au lycée, Arthur est dans son monde de sportif de haut niveau, future star de la natation. Alice a ses copines et surtout son amoureux Bruno. Ils s'aiment, font l'amour, fument des joints. Ce n'est pas du tout au goût de Nicole mère du jeune homme, greffière rigide, célibataire et possessive. Elle hait Alice. Le destin se met en marche six mois avant la tragédie, l'accident fatal, lorsque Maude surprend Alice dans sa chambre du grenier, stone, fumant un joint. L'irréparable erreur de jugement : y voyant une ouverture pour négocier une paix entre elles, Maude accepte de ne pas prévenir Simon de l'addiction de sa fille. Ce mensonge par omission aura des répercussions terrifiantes, l'amour pur, deviendra raison de vengeance, de violence, d'indicibles actes impardonnables. La haine, cette bête immonde va se nourrir, grossir en raison de l'incapacité de chacun d'être parfaitement honnête, d'avoir le courage de la vérité. Roman anxiogène, un gouffre à l'image des entrailles de cette maison recelant un terrible secret, une analyse psychiatrique toute en finesse, une nervosité qui se transforme en panique, nous suffoquant, une alerte enfin sous forme de fiction, quant au danger de ces drogues dites douces et des silences qui empoisonnent l'amour entre les êtres. Surtout dites "Je t'aime" avant qu'il ne soit trop tard.

Quatrième de couverture

À dix-huit ans, Alice est à l'âge des premiers « Je t'aime ». Pendant que Simon, son père, prend un nouveau départ : il vient de rencontrer Maude. Entre cette dernière et Alice, les relations sont distantes, un statu quo de famille recomposée. Aussi lorsque Maude surprend l'adolescente à fumer du cannabis dans sa chambre, accepte-t-elle , devant ses supplications, de ne rien dire à Simon. Une innocente cachotterie qui provoquera six mois plus tard, une immense tragédie... Il n'y a pas de petit mensonge. Et rien n'est plus proche de l'amour que la haine...

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