« A l'intérieur du cerveau extraordinaire d'un savant autiste » est le sous titre. C'est surtout la biographie à moins de trente ans d'un homme formidable qui sait simplement s'adresser aux autres, raconter son histoire pour changer le regard sur l'autisme celui d'Asperger, l'autisme du savant.

De toute ces années d'apprentissage de tout, absolument tout ce qui pour nous est naturel, allant de soi, soutenu, aimé par ses parents Jennifer et Kevin, sa fratrie de huit autres enfants, dont Steven également autiste Asperger, de son compagnon Neil, de certains enseignants, et de tous ceux rencontrés lors de ses voyages dans le monde entier pour communiquer son expérience de l'autisme, de l'épilepsie.

Il oeuvre dans les sociétés nationales anglaises concernant ces deux pathologies, se soumet à des tests, des études de son cerveau pour faire avancer les connaissances et aider tous ceux concernés. Ce n'est pas un singe savant qui accepte de réciter pendant cinq heures les 22514 décimales de π. Non, c'est un homme qui prouve que même ancien épileptique, son cerveau est intact, c'est un ambassadeur exemplaire pour les malades.

Ce livre est poignant, hallucinant lorsqu'on fait l'effort de se mettre à sa place, ce que lui fait en permanence pour palier au manque d'empathie ou de compréhension des émotions des gens dits normaux dû à l'Asperger ; enthousiasmant également car le mot impossible est rayé du vocabulaire, enfin !

A son retour de Reykjavik, et du défit relevé d'apprendre l'islandais en une semaine, il écrit :

« ...j'eus l'occasion de prendre un peu de recul et de considérer tout le chemin parcouru. Quelques années plus tôt, tout cela aurait paru impossible. Comment aurais-je pu vivre une vie aussi indépendante ? Prendre l'avion, voyager dans un

pays aussi grand que les États-Unis, rencontrer tant de gens différents et visiter tant d'endroits, et être assez sûr de moi pour partager ce que j'avais de plus intime avec le monde entier ? .... Voilà la chose la plus étrange : c'étaient les mêmes aptitudes qui m'avaient tenu à l'écart de mes pairs lorsque j'étais enfant et adolescent, qui m'aidaient désormais à communiquer avec d'autres personnes, à l'âge adulte, et à me faire de nouveaux amis. »

Un des moments les plus émouvants de ce livre est sa rencontre avec celui qui a inspiré le film « Rainman » avec Dustin Hoffman, Kim Peek, plus dépendant avec une autre forme d'autisme du Savant... Il écrit : « j'avais été ému par l'enthousiasme avec lequel son père et lui m'avaient accueilli, par la façon dont Ils s'étaient ouverts à moi, avaient partagé candidement leur histoire. Le don de Kim ne réside pas que dans son cerveau, mais dans son cœur, son humanité, sa capacité à toucher la vie des autres d'une manière vraiment unique. Rencontrer Kim Peek fut l'un des moments les plus heureux de ma vie. »

Lire ce deuxième livre de Daniel Tammet est un des plus passionnants et bouleversants Instants de ma vie de lectrice et d'être humain. Je ne peux que vous conseiller de lire aussi son dernier livre, " Chaque mot est un oiseau à qui l'on apprend à chanter", chroniqué sur ma page le 26/02/18, plus spécifiquement sur le langage et reprenant d'autres aspects des épisodes biographiques décrits ici. Donc n'ayez pas peur de répétition éventuelle. Ce n'est pas le cas.

Enfin Daniel Tammet a écrit en 2009 un état des lieux de ce que l'on sait et comprend du cerveau, que je vais découvrir maintenant« Embrasser le Ciel immense ».

« Tous les cerveaux ont dû génie, dit-il. Les surdoués comme les gens ordinaires. A chacun d'apprendre à s'en servir, pour améliorer sa mémoire, son potentiel intellectuel et sa créativité. »Homme incroyable qui repousse tout le temps ses limites.... et les nôtres.