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Éva a lu pour vous ..

Chroniques littéraires

Je ne te verrai pas mourir

Antonio Muñoz Molina

Seuil

Le 22 août 2025

240 pages traduites par Isabelle Gugnon

roman

Chronique

23 octobre 2025

Titre original : No te veré morir. 

" Un roman éblouissant sur l’amour et ses mirages, par le prix Médicis étranger 2020. "


Prodigieuse première partie sur le plan formel, texte incroyable sans autre ponctuation que des virgules, à lire en apnée comme l'est Gabriel quand il sait qu'il va revoir Adriana après cinquante ans de silence. Tout remonte en vrac, le cœur explose, impossible de garder son calme, le moment du bilan d'une vie est venu : a-t-il pris les bonnes décisions, en avait-il même le pouvoir dans cette Espagne franquiste, lui le tout jeune homme portant sur ses frêles épaules la lourde responsabilité de réussir sa vie, pour son père, principalement, cet être doux, artiste, qui connut Pau Casals, Stravinsky, Alban Berg et tant d'autres, lui arrêté, torturé, avili, à la chevelure soudain blanchie ? Quand les malheurs des parents rejaillissent sur l'existence de leurs enfants pris au piège inconsciemment ! Alors oui, lui fou amoureux de l'indomptable Adriana depuis leur adolescence, ayant des aspirations à devenir violoncelliste, oui, lui va se plier aux désidératas paternels et devenir banquier et juriste. Il va partir pour la Californie, baisser la tête et rentrer dans le rang après une dernière après midi d'amour avec cette femme, mariée, malheureuse, exigeant qu'il la choisisse, qu'il se détermine, enfin ! 


Dès la deuxième partie entre en scène un Espagnol fraîchement divorcé, exilé forcé dans cette Amérique où il ne trouve pas réellement sa place. Dépressif de par sa séparation avec sa fille de sept ans, il est soutenu par Gabriel, sommité et autorité reconnue, dans sa carrière universitaire de spécialiste d'une certaine peinture hispanique, un peu mortifère. Par ses yeux, nous découvrons qui est Gabriel, nous rencontrons sa femme, prenons connaissance de ce que fut sa trajectoire pendant ce demi siècle loin de l'Espagne. 

Et puis... Et puis le destin s'en mêle, utilisant cet émigré fallot comme déclencheur de la mise en présence que nous attendons tous, impatiemment : celle des anciens amants. Qu'est devenu l'éclatante Adriana ? Gabriel sera-t-il à la hauteur de l'événement ? 


L'exil, les racines, la destinée, l'héritage des générations passées, les regrets ou remords, le poids de l'Histoire, tous ces sujets et bien d'autres sont abordés avec lucidité, causticité parfois, tout en finesse, dans ce roman prodigieux. À ne pas rater comme tous les évènements importants dans nos parcours de lecteurs passionnés. 


Ne pas perdre de temps, oser, résister, et aimer, devraient être les seuls maîtres mots de nos vies si courtes.

Quatrième de couverture

La passion de Gabriel et Adriana semblait devoir durer toujours. Mais dans les années 1960, les stigmates de la guerre civile pèsent encore sur le destin des jeunes gens. Après cinquante ans sans un mot échangé, elle dans l'Espagne de la dictature, lui connaissant une carrière brillante aux États-Unis, ils se retrouvent au soir de leur vie pour une ultime rencontre.

Avec délicatesse, Antonio Muñoz Molina interroge les choix et les motivations profondes qui déterminent une vie entière et une identité. Comment, porté par le temps qui passe, par certaines lâchetés et complaisances, il est facile de s’égarer loin de celui qu’on pensait devenir. Pourtant, si une seconde chance nous était donnée, aurions-nous le courage de l’embrasser ?

Une prose magnifique, sensuelle, une musicalité qui transcrit avec justesse la puissance de la nostalgie et ses dangers. Les sentiments les plus intimes d'un homme et la dignité d’une femme. Certaines des plus belles pages jamais écrites par ce fin conteur de l’âme humaine.

« Un pur roman d’amour. » El Cultural
« Un tourbillon d'émotions qui se révèlent inoubliables. » El Periódico
« Un acte de foi en la littérature, gardienne de la mémoire. » El País

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