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Éva a lu pour vous ..

Chroniques littéraires

Jacaranda

Gaël Faye

Grasset

Le 14 août 2024

282 pages.

roman

Chronique

29 septembre 2025

Prix Renaudot 2024.


Gratitude, Gaël Faye, pour ce texte d'une absolue nécessité en ces temps où l'horreur continue, où la barbarie frappe encore qui nous laissent horrifiés, sidérés, impuissants. 


Voici quelques mois, j'ai rencontré à Malakoff un homme et ses deux enfants. Nous parlons, il est rwandais revenu en France après un séjour professionnel à Singapour. Ils sont magnifiques, portant en eux toute la beauté du brassage des peuples, finesse des traits, peau dorée, regard direct. Et puis il a une phrase qui me laisse en suspens : "le Rwanda aujourd'hui est la Suisse de l'Afrique !"


Et je me rends compte que j'ai dû manquer des épisodes depuis 1994, que c'est inacceptable d'être aussi ignorante alors que je suis la première à partager les posts des ami(e)s actuellement dans la tourmente en RDC ou en Argentine, la première à dénoncer les génocides où qu'ils soient perpétrés. 


Ce roman oblige tout le monde à s'interroger sur son positionnement face à l'innommable : 

Les occidentaux évidemment dont les pays sont bien souvent partis pris dans ces horreurs, les rescapés Tutsis exilés dans les pays voisins ou en Europe souffrant de syndromes post traumas ou du survivant, les enfants et petits enfants de ces derniers qui portent en eux cette histoire dans leurs corps, leurs âmes, sans savoir souvent ce qui s'est réellement passé. Et qu'en est-il des génocidaires Hutus et de leur descendance ? Comment survivre à l'impensable ? Technique de l'évitement, on n'en parle pas, ou au contraire on transmet, conscient du devoir de mémoire. 


Sans pathos, simplement, Gaël Faye fait ce travail, ravive les souvenirs d'une violence insupportable pour ceux qui n'ont plus de mot, plus de force. Les mots sont d'une terrifiante beauté. 

Son personnage principal, Milan, franco-rwandais versaillais ne réussit pas à établir le contact avec sa mère, lovée sur sa douleur. Lorsqu'en 1994, peu après le génocide, arrive Claude, un garçon de son âge en état de choc portant sur son crâne les stigmates de l'horreur, il croit avoir trouvé un frère, un ami pour la vie qu'il va protéger, consoler. Mais les adultes en décident autrement et ils sont séparés. Cependant, Milan ne sera plus jamais le même. Une longue quête commence pour lui en recherche de vérité, de compréhension, de lui-même. Il veut savoir, il veut forcer les barrages, il ne sait pas s'y prendre.

 

Et puis enfin, le voici parti pour la terre de sa mère, direction Kigali : tout son univers, ses repères sont bousculés. 

Dans un pays où tout est à reconstruire, à inventer, où la parole est encore bloquée, auto censurée, l'attendent Claude, devenu un jeune adulte en colère, fracturé et bouleversant, et un arbre magnifique, un jacaranda, dans lequel murmurent les voix des disparus suppliciés. 

Un livre sur le pardon, sur la haine, sur la culpabilité sur la vengeance, sur la transmission entre générations, mais avant tout sur l'Amour.


Un livre puissant et atemporel à transmettre comme un témoin, de main en main, pour résister au Mal, aux monstres, afin de ne pas en devenir un à son tour, et ne surtout plus être seul face à sa douleur.


Quatrième de couverture

Quels secrets cache l’ombre du jacaranda, l’arbre fétiche de Stella ? Il faudra à son ami Milan des années pour le découvrir. Des années pour percer les silences du Rwanda, dévasté après le génocide des Tutsi. En rendant leur parole aux disparus, les jeunes gens échapperont à la solitude, et trouveront la paix près des rivages magnifiques du lac Kivu. Sur quatre générations, Gaël Faye raconte l’histoire terrible d’un pays qui s’essaie malgré tout au dialogue et au pardon. Comme un arbre se dresse entre ténèbres et lumière, Jacaranda célèbre l’humanité, paradoxale, aimante, vivante.

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